Ralentir notre déclin physiologique

Ralentir notre déclin physiologique

Richard Chevalier

La Presse

Collaboration spéciale
Commençons par la mauvaise nouvelle. Le déclin de notre capacité physique est inexorable. Il est clair qu'à 80 ans, nous n'avons pas la même énergie cardiaque, pulmonaire ou musculaire qu'à 20 ans!

Voici maintenant la bonne nouvelle. Si on ne peut changer cette fatalité de la vie, on peut cependant freiner la vitesse à laquelle elle nous tombe dessus. Ce frein, c'est l'exercice. À tout âge, comme la recherche l'a démontré, une personne active physiquement a un rendement physiologique supérieur de 25 %, en moyenne, à celui d'une personne sédentaire pour des fonctions comme la circulation, la respiration et le travail musculaire. En fait, comme on va le voir, décade après décade, la personne physiquement active sort toujours gagnante de sa lutte contre le passage du temps.

LA VINGTAINE...

...chez la personne active physiquement.

Pendant cette décade, le développement du corps atteint son apogée; les muscles, les os, les nerfs et les organes sont au mieux. Résultat: c'est la décade où le corps est le plus rapide, le plus endurant, le plus fort, le plus mince et le plus souple. On comprend alors pourquoi les meilleures performances en course à pied, natation, cyclisme et haltérophilie sont obtenues, la plupart du temps, par des athlètes dans la vingtaine ou au tout début de leur trentaine. La personne active physiquement profite donc pleinement de son potentiel physique. Elle peut même développer une vigueur musculaire et une endurance cardiovasculaire impressionnante. Mieux: être actif pendant la vingtaine renforce les os comme l'ont démontré certaines études (voir texte ci-dessous).

...chez la personne sédentaire.

Elle expérimente déjà un certain déclin de sa capacité physique. La capacité aérobique baisse à un rythme de 0,5 % à 1 % par année; l'essoufflement surgit donc plus tôt. Après 25 ans, la masse musculaire fond de 3 à 5 % par décade. Comme les muscles sont très actifs sur le plan métabolique, le métabolisme ralentit puisqu'il y en a moins. Résultat: il devient plus facile d'engraisser, même si on mange comme avant.

LA TRENTAINE...

...chez la personne active physiquement.

Elle se sent aussi en forme qu'à 20 ans. Son pourcentage de graisse demeure bien en deçà de la moyenne pour ce groupe d'âge. Sa capacité aérobique est toujours impressionnante tandis que la pression artérielle est normale et le taux de bon cholestérol demeure élevé. Le stress et l'anxiété ont aussi peu d'emprise sur elle grâce à l'effet positif de l'exercice sur les neurotransmetteurs et hormones (sérotonine, dopamine, endorphines, noradrénaline...) qui influencent l'humeur.

...chez la personne sédentaire.

Son faible niveau de dépense énergétique hypothèque de plus en plus sa qualité de vie. Les muscles de l'abdomen, des bras et des cuisses, trop peu sollicités, manquent définitivement d'endurance et de force. Insidieusement, le corps s'empâte. L'homme constate la naissance d'un " beigne " autour du ventre et le mauvais cholestérol est à la hausse! La femme constate aussi une augmentation de son excédent de gras. Elle produit par conséquent de plus en plus d'oestrogènes (une partie du tissu adipeux se transforme en oestrogènes), un facteur de risque important associé au cancer du sein.

LA QUARANTAINE ET PLUS...

...chez la personne active physiquement.

Elle conserve un corps étonnamment jeune. Elle regorge d'énergie, ses artères et ses poumons ont conservé leur élasticité et sa capacité aérobique lui permet même de faire la barbe à des personnes beaucoup plus jeunes. Si jamais une maladie grave la frappait, sa grande résistance l'aiderait, à coup sûr, à passer à travers. La performance neuromusculaire caractérisée par le temps de réaction et la vitesse de déplacement commence certes à diminuer... mais à peine. Des abdominaux vigoureux combinés à des muscles des hanches et des cuisses souples réduisent le risque d'apparition de douleurs lombaires chroniques.

La femme active physiquement a un risque de cancer du sein nettement plus faible que celui observé en général chez les femmes de ce groupe d'âge. De plus, ses os restent forts et en santé, ce qui la protège contre l'ostéoporose.

Quant à l'homme physiquement actif, il a un risque de crise cardiaque 20 fois moindre que l'homme sédentaire dans le même groupe d'âge: son sang est riche en bon cholestérol, sa pression artérielle est normale et la force de contraction de son coeur est élevée.

...chez la personne sédentaire

Sa capacité physique a encore diminué: de 10 à 15 % par rapport au début de la trentaine. L'amplitude de ses mouvements rétrécit comme une peau de chagrin et ses réflexes se perdent. Son rythme cardiaque au repos gravite autour de 80-85 battements par minute. Insuffisamment irrigués, ses disques intervertébraux perdent de leur élasticité et sont plus susceptibles de se fissurer lors de certains efforts physiques.

Chez l'homme, le " beigne " devient, bien souvent, un " pneu " et son tour de taille peut atteindre 100 cm et plus! Une grande partie de ce surplus de gras s'agglutine autour des organes et des viscères de l'abdomen ce qui favorise l'apparition de l'athérosclérose, de l'hypertension et du diabète.

Il reste que même une personne sédentaire depuis un bout de temps peut profiter de cette cure de jouvence qu'est l'exercice si elle troque son sofa pour une paire de chaussures de sport! Le corps à une étonnante capacité de régénération pourvu qu'on lui donne l'occasion de le démontrer.

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Source: http://www.cyberpresse.ca/article/20060312/CPACTUEL/603120578/5105/CPACTUEL03