Les Canadiens sont plus gros qu'ils ne le croient
Près du quart sont obèses, selon Statistique Canada

Krol, Ariane

Près du quart des adultes canadiens sont obèses et non 15 % comme on le croyait jusqu'ici. C'est ce qu'a découvert Santé Canada en pesant et en mesurant les répondants au lieu de se fier à leurs estimations comme elle le faisait auparavant.

À la chaire de recherche sur l'obésité de l'Université Laval, on n'est pas surpris de ces résultats. " Habituellement, les adultes sous-évaluent leur poids de cinq livres et se mettent un pouce plus grands. Aux États-Unis, il y a des différence de l'ordre de presque un tiers dans le taux d'obésité entre les valeurs mesurées et autorapportées ", indique le coordonnateur de la formation, Paul Boisvert.

Statistique Canada mesure la prévalence de l'obésité en calculant l'indice de masse corporelle (IMC) des répondants, soit leur poids en kilos divisé par leur taille en mètres carrés. Un IMC de 25 à 29,9 est un signe d'embonpoint et à partir de 30, on parle d'obésité.

En 2004, les enquêteurs de Santé Canada ont pesé et mesuré plus de 12 000 Canadiens et découvert que 23,1 % d'entre eux étaient obèses. Une énorme différence avec le chiffre de 2003 (14,9 %) calculé avec les données fournies par les répondants. Par contre, les taux d'embonpoint sont similaires (33,3 % en 2003 et 36,1 % en 2004).

Mais les recensions antérieures, même imparfaites, laissaient deviner la progression de l'obésité, aujourd'hui qualifiée d'épidémie. " Si on prend les chiffres qu'on avait à partir des points autorapportés, on voit que c'était à la hausse depuis le début des années 90 et même avant ", note le directeur adjoint des enquêtes sur la santé de la population à Statistique Canada, Marc Hamel. En 1978-1979, seulement 14 % des Canadiens étaient obèses.

Chez les 12 à 17 ans, le taux d'obésité atteint 8 % en 2004, contre 3 % en 1978-79, l'enquête la plus récente pour ce groupe d'âge. L'embonpoint touche 18 % des jeunes, contre 12 % il y a 25 ans.

" Le problème devient encore plus évident. J'espère que les politiciens vont en faire une priorité et que de l'argent va être mis à la hauteur de l'urgence ", commente Paul Boisvert.

Le problème de l'obésité est moins marqué ici qu'aux États-Unis, où il touche presque 30 % des adultes et 10 % des jeunes, selon les plus récentes mesures. Mais il constitue un facteur de risque important pour le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, l'hypertension, l'arthrose, ainsi que pour certaines formes de cancers et de maladies de la vésicule biliaire.

Fruits et légumes

Les adultes les plus obèses (IMC de 40 ou plus) courent 5,4 fois plus de risques de souffrir d'hypertension que ceux qui ont un poids normal. À partir d'un IMC de 35, les risques de diabète et de maladies cardiaques sont 5,4 et 2,1 fois plus élevés respectivement.

Par contre, les adultes qui consomment le plus de fruits et légumes et qui sont le plus actifs sont ceux qui sont le moins touchés par l'obésité.

La consommation de fruits et légumes est aussi associée à de plus faibles taux d'obésité chez les jeunes. Et pour certains groupes (les adolescents de 12 à 17 ans et les 6 à 11 ans des deux sexe), la tendance à l'embonpoint et l'obésité augmente avec le temps passé devant la télévision, l'ordinateur et les jeux vidéo.

En septembre, Statistique Canada publiera d'autres données de son Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cette fois sur l'alimentation des répondants. " Pour la première fois, on va pouvoir faire des liens avec ce que les gens consomment, où ils prennent leurs repas, quels types de repas, en quelle quantité ", indique Marc Hamel.

LE POIDS DE LA RÉALITÉ

Le pourcentage d'obésité varie selon la façon dont on le mesure

2003 : Estimations des répondants

Canada 14,9%

Québec 13,9%

2004 : En personne

Canada 23,1 %

Québec 21,8%

Source : Statistique Canada

OBÉSITÉ LES VRAIS CHIFFRES

> 2 à 17 ans : 7 % (Québec), 8 % (Canada)

> 18 ans et plus : 23,1 % (Québec), 21,8 % (Canada)

Source : Statistique Canada, 2004