Comment choisir parmi mille et un REEE?
Girard, Michel
J'aimerais bien cotiser à un REEE pour ma fille Lorie-Ann, née au mois d'avril. Nous sommes sollicités par plusieurs fournisseurs de REEE, mais je me demande bien lequel choisir. Dans nos cours prénataux, on nous a suggéré une personne du groupe Allianz. Je sais aussi qu'il y a la fondation Universitas. Pouvez-vous me mettre sur la bonne voie?
Sylvain
Aujourd'hui, quand on a des enfants, c'est devenu une priorité d'investir dans un régime enregistré d'épargne-études (REEE). Mais je conviens avec vous qu'il n'est pas facile de choisir le véhicule de placement dans lequel on investira les économies destinées au REEE de notre enfant.
Toutes les institutions financières offrent des REEE: les banques, les caisses Desjardins, les compagnies d'assurances, les groupes de fonds communs de placement, les fondations spécialisées dans l'épargne-études...
Ce n'est toutefois pas pour la beauté des yeux de votre enfant et son avenir scolaire que les institutions financières se battent entre elles pour vous convaincre de choisir leur REEE. Cette féroce lutte n'est attribuable qu'à un seul facteur: le REEE représente aujourd'hui un populaire produit financier. Et qui dit populaire dit payant, même très payant pour les institutions financières.
Le marché canadien des REEE a vu ses actifs passer de 2,5 milliards en 1998 à quelque 13 milliards aujourd'hui. En fait, c'est depuis l'introduction en 1998, par l'ex-ministre des Finances Paul Martin, de la subvention aux études postsecondaires que le REEE a tant gagné en popularité.
Pourquoi? Parce que le gouvernement fédéral verse une subvention de 20 % sur chaque dollar investi dans un REEE et ce jusqu'à un maximum de 400 $ par année. Comme on peut investir dans le REEE d'un enfant durant ses 18 premières années, cela laisse présager que l'enfant bénéficiaire peut recevoir du fédéral une subvention totale de 7200 $. Admettons qu'il s'agit ici d'un cadeau appréciable! Notez que la cotisation annuelle dans un REEE ne peut dépasser 4000 $, jusqu'à concurrence de 42 000 $ par enfant pour la durée de vie de son REEE.
En passant, lors de son dernier budget, le gouvernement fédéral a bonifié le taux de la subvention pour les REEE destinés aux familles à faibles et moyens revenus. Le taux de subvention pour la première tranche de 500 $ de cotisation dans un REEE grimpe à 40 % si le revenu familial net ne dépasse pas 35 000 $. Dans le cas des familles gagnant un revenu net qui se situe entre 35 000 $ et 70 000 $, le taux de la subvention du REEE s'élèvera à 30 % de la première tranche de 500 $ de cotisation.
Les régimes traditionnels sont-ils dépassés?
Les fondations d'épargne-études, également appelés régimes fiduciaires, ont été les premières institutions à offrir des REEE. Dans le passé, on leur reprochait cependant d'offrir des REEE peu flexibles, à tel point que les bénéficiaires perdaient les revenus de placement accumulés dans leur régime lorsqu'ils ne poursuivaient pas des études postsecondaires. Concurrence oblige, les fondations offrent aujourd'hui trois types de REEE qui sont, pour la plupart, plus souples qu'auparavant advenant que l'enfant bénéficiaire ne poursuit pas d'études postsecondaires.
Il y a le traditionnel et classique régime collectif, lequel offre des bourses plus élevées en raison du fait que le régime conserve les revenus de placement des enfants qui ne poursuivent pas des études postsecondaires.
Ensuite, les fondations offrent des REEE qui s'apparentent, en matière de flexibilité, aux REEE offerts par les autres institutions financières. En fait, il est permis de verser les fonds accumulés dans le REEE à d'autres enfants de sa famille ou dans le REER... advenant que l'enfant bénéficiaire ne poursuit pas d'études après son secondaire.
La liste des fondations comprend: la Fondation Universitas (www.universitas.ca), le Fonds d'éducation Allianz (www.heritageresp.com), la Fondation fiduciaire canadienne des bourses d'études (www.cst.org), les Fonds d'études pour les enfants (www.educationtrust.ca), Global Educational Trust Corp (www.globalemc.com) et USC (www.resp-usc.com/resp-fr).
Pour connaître les différentes options offertes par chacune des fondations, je vous invite à consulter leur site Internet. Et surtout, je vous incite à prendre connaissance des conditions imposées par les divers régimes offerts.
REER et Bourse
Les banques, les caisses Desjardins, les compagnies d'assurance vie, les maisons de courtage de plein exercice et à escompte, les boîtes de planificateurs financiers et de représentants en épargne collective et la plupart des familles de fonds communs de placement offrent des REEE.
Une caractéristique commune: ces institutions vantent beaucoup les mérites d'investir les épargnes destinées aux études postsecondaires des enfants dans l'achat de parts de fonds communs de placement.
Compte tenu du fait que les sommes investies dans un REEE seront échelonnées sur une longue période (potentiellement 18 ans), les mauvaises années de la Bourse et du marché obligataire ne devraient pas avoir un impact trop négatif sur le rendement global des fonds communs d'actions, d'obligations et de portefeuilles équilibrés.
Par contre, il est évident qu'un investissement dans ces fonds communs est plus risqué qu'un investissement dans un certificat de placement garanti ou un fonds de marché monétaire. Il en est de même pour les REEE autogérés offerts par les maisons de courtage.
Les REEE autogérés et les fonds d'actions, d'obligations, de portefeuilles équilibrés sont certes plus risqués mais... ils sont potentiellement plus performants que les placements très prudents comme les CPG ou les obligations d'épargne de Québec et du Canada.
Le choix du véhicule de placement du REEE devrait carrément dépendre de votre degré de tolérance aux risques... comme pour n'importe quel placement REER ou hors REER.
Mise en garde
Le quotidien The Globe and Mail rapportait récemment que les REEE étaient devenus tellement populaires que la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO) se montrait fort inquiète devant la prolifération des REEE offerts sur le marché. L'industrie des REEE lui apparaît anarchique... au point où il est devenu urgent de forcer les grands distributeurs de REEE à respecter une série de restrictions.
Quelle est la nature du problème? La CVMO a découvert des irrégularités chez des firmes actives dans le marché des REEE. Fait important: on parle ici d'irrégularités qui portent sur les pratiques de vente et non sur la sécurité des économies investies dans les REEE.
La CVMO a constaté plusieurs lacunes de taille: un personnel de vente mal supervisé, des clients mal servis, des frais cachés, des risques de placement mal expliqués, des livres comptables mal tenus, des rapports à la clientèle inadéquats, incomplets et souvent en retard, etc.
L'industrie des REEE mérite d'être mieux encadrée et réglementée par nos commissions de valeurs mobilières.
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