Quand le "93" se mobilise contre sa stigmatisation
LEMONDE.FR | 03.12.05 | 20h11 • Mis à jour le 03.12.05 | 20h11
Trois semaines après la fin des émeutes urbaines qui ont secoué la
Seine-Saint-Denis, élus, militants associatifs et syndicalistes se
sont réunis samedi 3 décembre à Bobigny pour une journée de
mobilisation et de réflexion contre les discriminations et la
stigmatisation du département.
"Les violences urbaines ont mis au jour ce que depuis des années on
passait sous silence, les discriminations et la mise à l'écart de
l'ensemble des classes populaires de ce département", a déclaré en
introduction d'un après-midi de réflexion à la Bourse du travail Guy
Trésallet, secrétaire général de la FSU 93.
"Le but de cette journée est de lancer une dynamique (...) pour dire
non à la stigmatisation de ce département, non aux discriminations",
a-t-il poursuivi.
Environ 200 personnes - représentants du monde associatif, élus de
gauche, travailleurs sociaux, professeurs, syndicalistes, ou simples
citoyens - ont assisté aux débats portant sur les thèmes de
l'emploi, du logement, de l'éducation et de la citoyenneté.
Une cinquantaine d'entre eux ont pris la parole pour faire partager
leurs revendications, leur analyse ou parfois leur révolte.
"La Seine-Saint-Denis ne se plaint pas, elle porte plainte contre
les conséquences des politiques ultralibérales sur notre
département", a déclaré Hervé Bramy, président (PCF) du Conseil
général, pour qui "l'urgence, c'est la réforme de la fiscalité".
D'autres intervenants ont demandé un arrêt des procédures de
licenciement en Seine-Saint-Denis, l'élaboration d'un nouveau droit
du travail donnant davantage de pouvoirs aux salariés, des mesures
d'inégibilité pour les maires ne construisant pas assez de logements
sociaux, la réquisition de locaux vides pour accueillir les sans-
abri.
Le président de la Ligue des droits de l'homme Jean-Pierre Dubois,
animateur des débats, a exprimé le souhait qu'au niveau local soient
organisés des "forums", et que des "cahiers de doléances" soient
rédigés pour porter au niveau politique les revendications des
habitants du département.
Le matin, plusieurs centaines de personnes (400 selon la police,
2.000 selon les organisateurs), avaient défilé de la Bourse du
travail à la Préfecture, derrière une banderole disant : "Ensemble
pour l'espoir et l'égalité", et en criant des slogans : "Un bon
emploi, un bon logement. L'égalité, c'est ce qu'il faut dans le 93.
Non, non, non, aux discriminations".
Les députés de Seine-Saint-Denis Marie-Georges Buffet (PCF) et
Elisabeth Guigou (PS), la sénatrice Dominique Voynet (Verts) se
trouvaient dans les rangs des manifestants, qui comptaient peu de
jeunes et d'habitants des cités.
Avec AFP
Source :
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704172,0.html