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 "Guerre contre le Terrorisme" , par Noam Chomsky 2

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mihou
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mihou


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"Guerre contre le Terrorisme" , par Noam Chomsky 2 Empty
30032006
Message"Guerre contre le Terrorisme" , par Noam Chomsky 2

On aurait pu s’attendre aussi à voir surgir un dilemme lorsque John Negroponte fut nommé à la tête de la lutte anti-terroriste. En tant qu’ambassadeur au Honduras dans les années 80, il dirigeait la plus grande station de la CIA au monde, non pas à cause du rôle tenu par le Honduras dans les affaires internationales, mais parce que le Honduras était devenue la base principale de la guerre terroriste internationale pour laquelle les Etats-Unis furent condamnés par le Cour de Justice Internationale et le Conseil de Sécurité (sans compter le veto). Connu au Honduras comme « le proconsul », Negroponte était chargé de garantir l’efficacité des opérations terroristes internationales qui atteignirent des niveaux incroyables de sauvagerie. Son travail de gestion de la guerre sur le terrain prit une nouvelle tournure en 1983 lorsque le financement officiel de l’opération fut coupé (par le Congrès US - précision du traducteur). Pour poursuivre la politique de la Maison Blanche, il se livra à des pressions et des pots-de-vin en direction des généraux supérieurs honduriens afin d’obtenir leur soutien et d’autres financements pour la guerre terroriste. Plus tard, des fonds furent illégalement transférés grâce à la vente d’armes des Etats-Unis vers l’Iran. Le plus cruel des tueurs et tortionnaires honduriens était le général Alvarez Martinez, à l’époque chef des forces armées honduriennes. Il avait informé les Etats-Unis qu’il « comptait utiliser les méthodes argentines pour éliminer les subversifs. » Negroponte niait régulièrement l’existence de sordides crimes d’état au Honduras afin de garantir le maintien de l’aide militaire au terrorisme international.

Connaissant tout sur Alvarez, l’administration Reagan lui accorda la Médaille du méritedelaLégion pour avoir« encouragé le succès du processus démocratique au Honduras ». L’unité d’élite responsable des pires crimes au Honduras était le bataillon 3-16, organiséetentraînéparWashingtonetsesassociésnéo-nazisargentins. Lesofficiersmilitaireshonduriensqui dirigeaient le bataillon émargeaient à la CIA. Lorsque le gouvernement du Honduras tenta finalement de faire cesser ces crimes et de traîner les coupables devant la justice, l’administration Reagan-Bush refusa que Negroponte témoigne devant la justice, comme demandée par cette dernière.

Il n’y a pratiquement eu aucune réaction à la nomination d’un grand terroriste international à la tête de la lutte anti-terroriste mondiale. Aucune réaction non plus lorsqu’au même moment, la héroïne d’une lutte populaire qui renversa le régime cruel de Somoza au Nicaragua, Dora María Téllez, se vit refuser son visa pour enseigner à Harvard Divinity School, pour motif de terrorisme. Son crime avait été de participer au renversement d’un tyran et d’un tueur en masse soutenu par les Etats-Unis. Orwell ne saurait pas s’il faut en rire ou en pleurer.
Jusqu’à présent je me suis limité aux sujets qui seraient abordés dans toute discussion sérieuse sur la Guerre Contre le Terrorisme, une discussion qui ne serait pas déformée pour obéir aux lois d’airain de la doctrine. Pourtant, ce faisant, je ne fais qu’effleurer le problème. Mais cédons à l’hypocrisie et au cynisme occidental et adoptons la définition courante du « terrorisme ». C’est d’ailleurs la même que la définition officielle mais à laquelle on applique l’exception de Nuremberg : le terrorisme, c’est eux, pas nous.

Même avec une telle définition, le terrorisme pose toujours un problème et représente une menace qu’il faut tenter de contenir ou d’éradiquer. Cela devrait même être une priorité mais ce n’est pas le cas. C’est très facile à démontrer et les conclusions sont difficiles à entendre.

L’invasion de l’Irak est peut-être le plus bel exemple du peu d’intérêt réel que les dirigeants US et Britanniques attachent à combattre la menace terroriste. Les décideurs à Washington avaient été prévenus, par leurs propres services de renseignement, qu’une invasion aurait certainement pour conséquence une aggravation de la menace terroriste. Ce qui est le cas, comme le confirment leurs propres services de sécurité. Le Conseil du Renseignement National [National Intelligence Council] a signalé il y a un an que « l’Irak et d’autres conflits du futur pourraient fournir un terrain de recrutement, d’entraînement, d’enseignement de techniques et de langues pour une nouvelle génération de terroristes « professionnels » pour qui la violence politique deviendrait une fin en soi », qui se répandraient ailleurs pour défendre les terres musulmanes contre toute attaque « d’envahisseurs infidèles » au sein d’un réseau mondialisé de « groupes extrémistes islamiques diffus », l’Irak remplaçant désormais l’Afghanistan comme terrain de formation pour un réseau plus étendu, résultat de l’invasion. Un rapport gouvernemental de haut-niveau sur la « guerre contre le terrorisme » diffusé deux ans après l’invasion examina la manière de traiter le problème posé par une nouvelle génération de terroristes, formés ces dernières années en Irak. Les dirigeants de haut rang sont de plus en plus préoccupés par ce que l’un deux a appelé une « hémorragie » de centaines de milliers de jihadistes entraînés en Irak qui iraient rejoindre d’autres pays du Moyen Orient et d’Europe occidentale. « c’est un nouveau facteur de l’équation à résoudre » a déclaré un ancien haut fonctionnaire de l’administration Bush. « Si vous ne savez pas qui ils sont en Irak, comment ferez-vous pour les repérer à Istanbul ou à Londres ? » (Washington Post).


Au mois de mai dernier la CIA signalait que « l’Irak est devenu un point de ralliement pour les militants islamistes au même titre que l’avait été l’Afghanistan occupé par les soviétiques il y a 20 ans ou la Bosnie dans les année 90, » selon des officiels US cités par le New York Times. La CIA conclut que « l’Irak fournirait pour les extrémistes islamistes un terrain d’entraînement encore plus efficace qu’Al Qaeda en Afghanistan au début, parce qu’il sert de laboratoire à échelle réelle pour le combat urbain. » Peu après les attentats à Londres au mois de Juillet dernier, Catham House publia un rapport qui concluait qu’ « il ne fait aucun doute que l’invasion de l’Irak a donné un coup de pouce au réseau d’Al Qaeda dans les domaines de la propagande, du recrutement et de la récolte de fonds, tout en offrant un terrain d’entraînement idéal pour les terroristes, » et que « la Grande Bretagne est particulièrement menacée parce qu’elle est la plus proche alliée des Etats-Unis » et « un passager » de la politique Américaine en Irak et en Afghanistan. Il y a de nombreux éléments qui montrent - comme prévu - que l’invasion a renforcé la menace terroriste et le risque de prolifération nucléaire. Rien n’indique que les décideurs préfèrent ces conséquences, bien sûr. Mais ils ont des priorités plus importantes qui ne sont obscures que pour ceux qui préfèrent ce que les chercheurs en Droits de l’Homme appellent « l’ignorance volontaire ».

Une fois encore nous trouvons ainsi, très facilement, un moyen de réduire la menace terroriste : arrêter d’agir d’une manière qui, de façon prévisible, renforce le terrorisme. Le renforcement de la menace et de la prolifération par l’invasion avaient bien été prévus, mais parfois d’une manière imprévue. Ainsi, il est courant d’affirmer qu’après de minutieuses recherches aucune Arme de Destruction Massive ne fut découverte en Irak. Ceci n’est pas tout à fait exact. Il y avait des tonnes d’ADM en Irak. Notamment celles produites dans les années 80, grâce aux bons soins de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, entre autres. Ces sites avaient été sécurisés par les inspecteurs de l’ONU, qui étaient en train de détruire ces armes.

Mais les inspecteurs furent congédiés par les envahisseurs et les sites furent laissés à l’abandon. Cependant, les inspecteurs ont poursuivi leur travail grâce aux images satellites. Ils ont ainsi découvert le pillage massif de plus de 100 sites, dont certains fabriquaient des combustibles liquides et solides pour missiles, des bio toxines et autres produits utilisables comme armes chimiques ou biologiques, des équipement de haute-précision pour fabriquer des pièces d’armes nucléaires ou chimiques et des missiles. Un journaliste Jordanien fut informé par des fonctionnaires chargés de surveiller la frontière irako-jordanienne qu’après la prise de contrôle anglo-américain, des matériaux radioactifs étaient détectés dans un camion sur huit qui traversaient la frontière jordanienne, pour une destination inconnue.

L’ironie de la situation est pratiquement impossible à décrire. La justification officielle de l’invasion anglo-américaine fut d’empêcher l’utilisation d’armes de destruction massive qui n’existaient pas. L’invasion fournit aux terroristes qui avaient été équipés par les Etats-Unis et leurs alliés des moyens de développer des ADM - notamment l’équipement fourni à Saddam, sans considération pour les terribles crimes qui ne furent invoqués que plus tard pour obtenir un soutien à l’invasion. C’est comme si l’Iran était en train de fabriquer une arme nucléaire avec des matériaux fournis par les Etats-Unis sous le règne du Chah d’Iran - ce qui est peut-être bien le cas, d’ailleurs. Les programmes destinés à récupérer et désactiver ce matériel étaient très efficaces dans les années 90 mais, comme pour la guerre contre le terrorisme, ces programmes ont été interrompus, victimes des priorités de l’administration Bush qui consacra son énergie et ses ressources à l’invasion de l’Irak.

Ailleurs dans le Moyen Orient, la terreur est considérée aussi comme un problème secondaire comparé à celui du contrôle de la région. Un autre exemple est celui des nouvelles sanctions de Bush imposées à la Syrie en mai 2004, par la mise en place de la loi « the Syria Accountability Act » votée par le Congrès quelques mois auparavant. La Syrie est sur la liste officielle de pays qui sponsorisent le terrorisme, même si Washington reconnaît que la Syrie n’a pas participé à des actes terroristes depuis de nombreuses années et qu’elle a été très coopérative en fournissant d’importants renseignements à Washington sur Al Qaeda et d’autres groupes islamistes radicaux. Le sérieux des accusations de Washington sur les liens de la Syrie avec le terrorisme est illustré par l’offre faite par Clinton de retirer la Syrie de la liste si celle-ci acceptait les termes d’un accord de paix israélo-syrien. Lorsque la Syrie insista pour recupérer ses territoires perdus, elle fut maintenue sur la liste. L’application de la loi « Syria Accountability Act » priva les Etats-Unis d’importantes sources d’information sur le terrorisme radical islamiste au profit d’un objectif plus important, celui d’instaurer un régime en Syrie qui accepterait les exigences israélo-américaines.

Dans un autre domaine, au sein de Département du Trésor il y a un bureau (OFAC - Office of Foreign Assets Control - Bureau de Contrôles des Biens Etrangers, ndt) qui est chargé d’enquêter sur toutes les transactions financières suspectes et qui est un composant important de la « guerre contre le terrorisme ». En avril 2004, l’OFAC informa le Congrès que sur ses 120 employés, quatre étaient chargés de traquer les finances d’Oussama Ben Laden et de Saddam Hussein, tandis que près de 25 étaient occupés à faire appliquer l’embargo contre Cuba. De 1990 à 2003, le bureau avait mené 93 enquêtes en rapport avec le terrorisme et avait distribué un total de 9.000 dollars d’amendes. Dans le même temps, le bureau avait mené 11.000 enquêtes en rapport avec l’embargo contre Cuba et avait distribué 8.000.0000 dollars d’amendes. Ces révélations furent accueillies par le silence des médias US, comme partout ailleurs il me semble.

Pourquoi le Département du Trésor dépenserait-il beaucoup plus d’énergie à étrangler Cuba qu’à mener la « guerre contre le terrorisme » ? Les principales raisons furent expliquées par des documents internes de l’époque Kennedy-Johnson. Des stratèges au sein de Département d’Etat avertirent que « l’existence même » du régime de Castro constituait un « défi réussi » de la politique des Etats-Unis en oeuvre depuis 150 ans, l’époque du Doctrine Monroe, pas des Russes. Mais un défi intolérable aux yeux du maître du continent, tout comme l’Iran qui a commis le crime de le défier avec succès en 1979, ou la Syrie qui a osé rejeté l’offre de Clinton. La punition de toute la population était considérée comme tout à fait légitime, pouvons nous lire dans ces documents. « Le peuple cubain est responsable de ce régime, » décida le Département d’Etat d’Eisenhower, et les Etats-Unis avaient donc le droit de le faire souffrir par un étranglement économique, ensuite par l’escalade d’un terrorisme direct sous Kennedy. Eisenhower et Kennedy étaient d’accord pour dire que l’embargo hâterait la chute de Fidel Castro à cause « de l’impatience croissante de cubains affamés ». L’idée principale fut résumée par un haut fonctionnaire du Département d’Etat, Lester Mallory : Castro serait renversé « par le mécontentement et la désaffection résultant de difficultés économiques provoqués par tous les moyens possibles et qui devront être mis en oeuvre au plus tôt pour affaiblir l’économie quotidienne à Cuba et provoquer la faim et le désespoir et le renversement du gouvernement. » Lorsque Cuba se retrouva dans une situation difficile après la chute de l’Union Soviétique, Washington, à l’initiative de Démocrates libéraux, intensifia la punition du peuple cubain. L’auteur des mesures de 1992 destinées à renforcer le blocus déclara « mon objectif est de semer la chaos à Cuba » (Représentant Robert Torricelli). Tout ceci dure encore de nos jours.
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