LE GI ET LES AUTRES…Tommy, pour les Anglais, GI, chez les Américains, le soldat constitue
l’élément essentiel de l’énorme machine de guerre des Alliés lancée à la
reconquête de l’Europe, de l’Afrique et du Pacifique.Le soldat le mieux équipé de la guerreLe GI, un sigle qui signifie
Government Issue ou « Propriété du
gouvernement », incarne à lui seul la supériorité militaire américaine.
Soldat le mieux équipé de la Seconde Guerre mondiale, il apporte avec lui l’
American
way of life c’est-à-dire le mode de vie américain fait de confort et
d’opulence. Tout est prévu dans le moindre détail afin qu’il ne manque de rein.
Vêtu d’une tenue fonctionnelle de toile, il transporte son matériel dans un
havresac composé de deux sacs. Le premier lui permet de stocker vivres, gamelle
et nécessaire de toilette. Le second contient une demi-toile de tente, les
piquets, le cordage et une couverture. Un ceinturon permettant d’accrocher
bidon et cartouchière complète sa tenue.
Le GI au combatPour se battre, le GI dispose de grenades et d’une arme de poing :
colt, revolver ou couteau ; mais l’arme individuelle du GI est par
excellence le fusil automatique. Grâce à son chargeur éjectable
automatiquement, la légèreté et sa rapidité de tir, cette arme lui donne un
très large avantage sur ses adversaires. Lors du débarquement de Normandie, les
GIs reçoivent un équipement complémentaire destiné à protéger les armes
individuelles de l’eau de mer, mais aussi une ceinture de sauvetage en
caoutchouc pour éviter la noyade au moment de l’assaut sur les plages ;
enfin, un gilet d’assaut sans manches, muni de poches de toutes tailles, permet
au soldat de transporter, sur lui, le contenu de son havresac.
Manger, se soigner, se distraire…Pour se nourrir, le GI dispose de boîtes de rations portant l’inscription
breakfast, dinner, supper. Viande, légumes, biscuits, café, conditionnés dans
des boîtes de conserve peuvent être réchauffés sur un petit brûleur facilement
transportable. Il existe même des boîtes de conserve auto-chauffantes !
Les rations sont complétées de pâtes de fruits, de café en poudre, de chocolat
et non pas d’ersatz, de chewing-gum et de bonbons qui feront le bonheur des
populations libérées. Dans le domaine de la santé, rien n’a été laissé au
hasard. Le soldat bénéficie en permanence, comme les autres armées
combattantes, d’un service médical qui suit les opérations militaires. Une
pochette de pansements, fixée à son ceinturon ou placée à l’intérieur de son
casque, ainsi que des ampoules de morphine pour lutter contre la douleur
complètent son équipement. Des pastilles pour purifier l’eau font aussi partie
de la panoplie du GI.
Si la rigueur militaire est bien sûr exigée pendant les combats, le soldat,
lorsqu’il est au repos, profite pleinement du confort mis à sa disposition par
l’armée américaine. Nécessaire de couture, de toilette, de correspondance,
divers magazines à lire dont le célèbre Stars and Stripes qui lui donne des
nouvelles du front.
Les Alliés et les NormandsAvant de lancer l’opération de débarquement, l’état-major allié avait
accumulé une somme importante de renseignements sur l’état de santé et la
mentalité des Normands. Voici quelques extraits d’un rapport américain :
« La santé publique laisse à désirer même si, pour le moment, il n’y a
aucune épidémie. Il faudra se méfier de l’eau : les indigènes consomment
pour la boisson et la cuisine de l’eau non traitée alors que, dans le même
temps, ils utilisent les excréments comme engrais ce qui naturellement entraîne
une pollution du sol et des nappes. […] Même dans leur propre pays, les
Normands sont considérés comme un peuple d’un accès difficile. […] Dans leur
majorité, les Normands sont anti-allemands et anti-Vichy, mais cela ne signifie
pas qu’ils seront automatiquement pro-américains ou pro-britanniques. […] En
fait l’enthousiasme des Normands pour les forces anglo-américaines sera inversement
proportionnel à la durée d’occupation de leur province. Après une courte
période de prudence et de réserve suivant le débarquement, les Normands
deviendront amicaux et coopératifs. »
Des chewing-gums plein les pochesL’image du soldat jetant de sa jeep bonbons, chewing-gums et cigarettes est
restée gravée dans la mémoire des Français. Denrées disparue depuis quatre ans,
réquisitionnées par l’occupant ou produits inconnus font la joie des enfants et
des adultes au moment de la libération de leur ville ou de leur village. Le
T-shirt, maillot de l’armée américaine, le jean, les lunettes de soleil Ray-Ban
qui équipent les pilots de l’US Air Force et, bien sûr, le célèbre chewing-gum,
le jazz, le livre format « poche » arrivent massivement en Europe
avec les armées de la libération.
Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier,
Casterman, 2006