Les historiens européens et la traite négrière : Rien ne sert de mentir ?
Source:
http://www.africamaat.com/article.php3?id_article=65
POURSUIVONS ENSEMBLE NOTRE DISCUSSION A L’OCCASION DE LA PUBLICATION DU VOLUME 3 DE JP OMOTUNDE....
Poursuivons la discussion avec JP Omotunde à l’occasion de la publication de son ouvrage détonnant : La traite négrière européenne : vérité & mensonges, aux éditions Menaibuc.
AFRICAMAAT : Quand a véritablement commencé les incursions européennes en Afrique ?
JPO : C’est en 1441 que les Portugais ont commencé à faire du brigandage sur les côtes de l’Afrique. Soit 51 ans avant l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique. C’est le début de l’histoire, il ne faut pas l’oublier !
En débarquant cette année là au port de Lisbonne avec des africains kidnappés avec violence sur la côte, le navigateur portugais Antam Goncalvez a suscité une vive effervescence. Georges kay, ancien journaliste au Daily Express même reconnaît que c’est de là :
"que se multiplièrent les expéditions ayant pour but principal de capturer des indigènes. Des bandes d’hommes armés les pourchassaient, tuant tous ceux qui résistaient, hommes, femmes ou enfants. C’est ainsi que l’homme blanc devint rapidement un ennemi aux yeux de ceux qui l’avaient d’abord approché avec une curiosité pacifique".
Poursuivons l’analyse chronologique des faits :
- 13 ans après, on a la bulle papale de Nicolas V en 1454, qui autorise le roi du Portugal à décimer l’Afrique et à exterminer ses habitants.
- 2 ans après, en 1456, la bulle papale émise par Calixte III, rajoute dans les régions à décimer, la Guinée et au-delà, l’Inde même.
- 36 ans après, en 1492, Colomb arrive en Amérique.
- 2 ans après, en 1494, le Traité de Tordesillas, approuvé par le Pape Alexandre VI, partage le monde entre le Portugal et l’Espagne. Ce premier "Yalta" béni par le Vatican octroie l’Asie, l’Afrique et le Brésil au Portugal et le reste du Monde a l’Espagne.
- En 1537, le pape Paul III ne s’oppose finalement qu’à l’esclavage des seuls indiens
AFRICAMAAT : Oui mais certains soutiennent que ce sont des rois africains qui ont vendu les esclaves aux négriers...
JPO : Le véritable problème est le suivant : sur quelle base le trafic a-t-il été mis en place ? Du brigandage, des faits d’armes et des assassinats !
Là-dessus rajoutons, les armes occidentales de destruction massive de l’époque et les forts militaires construits le long du littoral africain et vous avez tous les ingrédients du crime contre l’humanité qu’est l’esclavage.
Voyons cela : Le fort d’Arguin fut construit en 1455 par les Portugais, 1445... soit 47 ans avant l’arrivée de Colomb en Amérique.
Que dit W. Bosman à propos des forts construits le long du littoral africain en 1705 ?
"Le premier (fort) que l’on rencontre en venant du côté de l’Occident est celui des Anglais, il est bâti en carré et a quatre batteries ; il est environné de murailles hautes et épaisses, surtout du côté de notre fort... Il y a vingt cinq pièces de canon (...) A portée de fauconneau au-dessus du fort anglais on trouve notre fort (hollandais) (...) Il surpasse celui des Anglais en grandeur et en canons (...) On rencontre à une portée de canon plus loin, le fort danois (...) Ces forts ne servent qu’à nous mettre à couvert des insultes des Nègres". Il y avait donc des forts tous les 6 à 10 km environ.
Que constatons nous ? Un étranger dit qu’il vient faire du commerce avec toi mais il vient armé jusqu’aux dents. Il tue les tiens, déporte les survivants, construits des forts sur tes terres sans ton autorisation, puis il les équipe de canons, puis tue massivement les gens qui lui résiste et décide de faire sa loi.... chez toi !
On voit bien ici le fond véritable du problème : la mise en place d’un rapport de force en défaveur de l’Afrique. Par euphémisme, certain appelle cela le « commerce triangulaire ». Mais où voyez-vous un commerce dans ce génocide organisé ?
AFRICAMAAT : y-a-t-il d’autres exemples de falsification de faits de colonisation occidentale ?
JPO : J’étais à Philadelphie (USA) le mois dernier et dans la ville, j’ai été attiré par une statue immense d’un indien. Le texte disait quelque chose d’incroyable. Penn, l’anglais qui est arrivée sur le lieu a rencontré les indiens qui vivaient autrefois à l’emplacement de la ville. La statue représente leur chef. Le roi d’Angleterre, ayant demandé à Penn de prendre possession de la terre, les indiens le lui ont donc vendu. Voilà ce que disait le texte. Tout le monde sait qu’ils ont été exterminés par les colons européens mais les américains trouvent le moyen de rendre hommage aux indiens tout en salissant leur mémoire. C’est démentiel ! C’est cela qui nous arrive aujourd’hui !
AFRICAMAAT : Revenons au rapport de force dont vous parler dans votre ouvrage « La traite négrière européenne : vérité & mensonges »...
JPO : Prenons l’exemple du roi du Kongo, Mzinga ! En 1491, il se convertit au christianisme sous le nom d’Affonso, monte sur le trône en 1506 et se déclara alors frère de Jean III roi du Portugal. Confiant dans les préceptes de sagesse de la Bible, il ne voit pas que les Portugais le mènent en bateau. Mais les razzias se multiplient sur son royaume avec l’aide de la logistique portugaise et il est finalement obligé d’intervenir. Il envoie alors une lettre alarmante au roi du Portugal disant ceci :
"Dans ce royaume, la foi est encore fragile comme du verre à cause des mauvais exemples des hommes qui viennent enseigner ici, parce que les convoitises de ce monde et l’appât des richesses les ont détournés de la vérité. De même que les Juifs ont crucifié le fils de Dieu par convoitise, mon frère, ainsi aujourd’hui il est encore crucifié. Chaque jour, les marchands enlèvent nos sujets, enfants de ce pays, fils de nos nobles et vassaux même des gens de notre parenté. Cette corruption et cette dépravation sont si répandues que notre terre d’Afrique en est entièrement dépeuplée. Pour éviter cet abus, nous n’avons besoin en ce royaume que de prêtres et de quelques personnes pour enseigner dans nos écoles et non de marchandises, si ce n’est du vin et de la farine pour le saint sacrifice (...) C’est notre volonté que ce royaume ne soit un lieu ni de traite, ni de transit d’esclaves".
Mais il ignorait tout de la Bulle papale de 1454 et des ambitions secrètes des Portugais. Il le comprit à moitié, en lisant la réponse je m’en foutiste du roi du Portugal :
"Vous me dites aussi que vous ne voulez pas qu’on fasse le trafic d’esclaves dans vos domaines parce que la trafic dépeuple votre pays. Les Portugais m’ont dit au contraire combien le Kongo est vaste et tellement peuplé qu’il semble qu’aucun esclave n’en soit jamais sorti".
Il résiste et décide alors de durcir son comportement vis à vis du roi du Portugal. Résultat : Le dimanche de Pâques 1540, huit Portugais attentèrent à la vie de Mzinga pendant qu’il assistait à la messe. Il en réchappa, une balle ayant seulement traversé une frange de sa tunique royale, mais un des nobles de sa cour fut tué et deux autres blessés. Comme d’autres rois africains, Mzinga Ali prit conscience de la réalité. Avec l’Europe négrière il y avait soit la collaboration qui resta une ruse pour ne pas être tué, soit la destitution suivie de la mise à mort, soit la résistance et la rebellion.
Bon, cherchons alors les vrais coupables : Mzinga ? Le roi du Portugal ? Le Vatican ?
A vous de voir... En tout cas à mes yeux, le fond du problème reste le rapport de force entre Mzinga et le roi du Portugal !
Africamaat : Merci Omotunde pour ces précisons complémentaires...
JPO : De rien...