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 Commémorations nationales : l'exemple du 10 mai.

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mihou
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15112008
MessageCommémorations nationales : l'exemple du 10 mai.

Commémorations nationales : l'exemple du 10 mai.

Par Claude Ribbe, samedi 15 novembre 2008 à 13:58 :: General

La commission d’information parlementaire sur les lois mémorielles et la commission Kaspi sur les dates officielles de commémoration ont relancé le débat sur la journée de commémoration de l’esclavage. Faut-il rappeler qu’une journée de commémoration est une journée destinée à rassembler tous les Français autour d’un fait marquant du passé et dont la célébration est nature à renforcer la cohésion nationale? Or la journée de commémoration de l’esclavage contribue selon moi de manière significative à cette cohésion si elle permet de rassembler le pays tout entier autour du souvenir des esclaves des colonies, autour du souvenir des deux abolitions de l’esclavage dans ces colonies et autour des descendants de ces esclaves qui représentent au moins 3% de la population. On ne peut donc en aucun cas reprocher à cette journée d’être une journée «communautariste», malgré les tentatives condamnables de certaines associations fondées sur le préjugé de couleur et heureusement beaucoup moins représentatives qu’elles ne le prétendent.

Une partie de la circulaire du 29 avril 2008 a, hélas, brouillé le sens de cette journée du 10 mai :

« De nombreuses associations originaires d'outre-mer, peut-on y lire, organisent le 23 mai une journée commémorative en souvenir de la souffrance des esclaves. Cette date rappelle, d'une part, celle de l'abolition de l'esclavage en 1848 et, d'autre part, celle de la marche silencieuse du 23 mai 1998 qui a contribué au débat national aboutissant au vote de la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité. La date du 23 mai sera, pour les associations regroupant les Français d'outre-mer de l'Hexagone, celle de la commémoration du passé douloureux de leurs aïeux qui ne doit pas être oublié. »

Le problème, c’est que « les associations » qui organisent le 23 mai une journée commémorative en souvenir de la souffrance des esclaves sont loin d'être «nombreuses», comme l’affirme pourtant la circulaire, puisqu’il n’y en a qu’une seule. La preuve en a été donnée par l’échec retentissant de la journée du 23 mai 2008 qui a suivi la parution de ce texte, par ailleurs certainement motivé par une louable intention. Si les associations qui organisent le 23 mai une journée commémorative ne sont pas nombreuses, il n’était pas souhaitable qu’une circulaire vînt officialiser une date supplémentaire pour l’imposer aux autres associations, les plus nombreuses celles là, qui se moquent éperdument du 23 mai. Il n'était pas nécessaire non plus d'embrouiller les Français qui ne comprennent pas l’utilité de doubler la date d’une même commémoration, ce qui est de nature à remettre en question la loi Taubira. De fait, il est certain que ce point de la circulaire restera lettre morte et que rien ne se passera le 23 mai 2009, à l’exception, peut-être, d’une manifestation rituellement organisée par l’association rivée au 23 mai qui ne rassemblera qu’elle-même, c’est-à-dire quelques dizaines d'individus. Aucun doute que, sur ce point, le Premier ministre a été abusé. C’est à lui, ainsi qu’au Président de la République de découvrir par qui, pourquoi, comment, et d’en tirer les conclusions, ce que la plupart des Ultramarins, comme on sait, attendent avec une certaine impatience depuis six mois.

La seconde difficulté a été que la partie officielle de la commémoration, à cause de la manière scandaleuse dont elle a été organisée - ce qui ne met pas en cause la présence du Président de la République, qui est souhaitable ce jour-là - n’a pas recueilli l’adhésion, c’est un euphémisme, des principaux intéressés, à savoir ceux qui se considèrent comme les descendants des esclaves. Là encore, c’est au ministre de l’Outre-Mer d’analyser les raisons de ce scandale et au Président de la République d’en tirer, si possible rapidement, toutes les conséquences.

La seule réussite de la journée du 10 mai 2008 fut la marche des libertés organisée à l’initiative de la radio Tropiques FM et de Claudy Siar, son responsable, qui a réuni selon tous les observateurs présents plusieurs dizaines de milliers de participants.

Quelles leçons en tirer pour l’avenir ?

La date du 23 mai a été ignorée, comme on pouvait s’y attendre, par la majorité des associations. C’est un fait aujourd'hui entériné par la commission parlementaire d’information sur les questions mémorielles qui, et c’est vraiment le moins qu’on puisse dire, n’a guère été convaincue par la prestation du président de la seule association prônant le 23 mai qui était venu expliquer aux députés, pour le coup ébahis, que les descendants d’esclaves seraient «biologiquement différents» des autres Français.

Il me semble difficile de revenir sur la date du 10 mai qui est à présent adoptée et répond à un besoin légitime de reconnaissance d'un fait occulté par l'historiographie jusqu'à la fin du XXe siècle. Malgré la profonde amitié que j’ai pour Maryse Condé et pour Françoise Vergès, il faut convenir que le Comité pour la mémoire de l’esclavage, créé par la loi Taubira, n’a pas, jusqu’à présent, joué le rôle qu’on attendait de lui, en particulier le 10 mai dernier où il lui appartenait de réagir dès qu'il se voyait dépouiullé de sa principale prérogative sans attendre les dérives lamentables auxquelles on devait assister. Quand on préside une institution, il faut donner du sens à sa fonction. Et, si elle n'est pas respectée, on a toujours le loisir de démissionner avec éclat ou de menacer de le faire. J’ai moi-même suggéré dès le mois d’avril à Françoise Vergès d’écrire au Président de la République pour lui rappeler qu’il revenait de droit au CPME de piloter l’organisation du 10 mai, de fait confiée à des irresponsables. Si elle l’a fait, elle a bien fait. À la décharge de Françoise Vergès, il faut rappeler que le Comité n’a bénéficié d’aucun moyen susceptible de lui permettre d’accomplir sa mission. Le Comité ayant été mis en place le 14 janvier 2004 pour une période de cinq ans, il achève donc sa mandature le 14 janvier 2009. On peut espérer qu’à l’occasion de la mise en place du nouveau collège, on lui donnera les moyens de ne pas se ridiculiser.

Il est souhaitable que la marche des libertés soit reconduite le dimanche 10 mai 2009, à condition toutefois que les organisateurs soient cette fois particulièrement vigilants et prennent toutes dispositions pour que personne ne détourne la manifestation à des fins ouvertement communautaristes. Cette marche pour les libertés aurait d’autant plus d’éclat si les Français de toutes couleurs (d’épiderme et d’engagement politique) s’y associaient.

Quant à la partie officielle de la journée, s’il me paraît nécessaire qu’elle reste marquée par la présence et le patronage du chef de l’État, je crois utile, pour qu’elle rassemble, de rappeler de manière solennelle que cette date marque le rejet par la France du préjugé de couleur produit par l'institution de l'esclavage et le refus de tous ses dérivés. Sur la forme, je ne vois pas comment on pourrait rassembler la population sans rendre hommage chaque année à un esclave ou à un descendant d’esclave particulièrement emblématique. Les choses auraient été différentes si en 2008, comme je l'avais suggéré, on en avait profité pour célébrer Aimé Césaire, qui venait de nous quitter, par exemple à l'occasion d'une entrée symbolique au Panthéon d'un cercueil ne contenant pas forcément sa dépouille. Pour l'avenir, ce serait le rôle de France Télévisions d'accompagner ce mouvement d'une manière à la fois pédagogique et attrayante. Rien n’oblige, par ailleurs, à rester dans l’enclos du jardin du Luxembourg. Il existe d’autres lieux à Paris, en France et même dans le monde.

Je propose que le 10 mai 2009 rende hommage, sous le haut patronage du Président de la République, à la figure emblématique du général Dumas et que la partie officielle de la manifestation soit délocalisée en un lieu emblématique de la vie de ce grand Français de la Caraïbe. Ce jour-là, tandis que toutes les associations de France concernées, coordonnées dans leurs actions par le Comité pour la mémoire de l’esclavage, rendraient hommage à ce précurseur d’Obama dans toutes les villes qu’il a marquées de sa présence (dont Bordeaux, Lille et Nantes) le Président de la République pourrait se rendre à Jérémie (république d’Haïti), lieu de naissance du général Dumas. Ce serait justice, car comment la France pourrait-elle véritablement rendre hommage aux esclaves qui ont contribué à sa construction en laissant de côté, comme c’est le cas, le pays où les descendants d’esclaves français sont les plus nombreux, à savoir Haïti ? J’ai de bonnes raisons de penser que les Haïtiens apprécieraient ce geste, sachant qu’aucun chef d’État français ne s’est jamais rendu dans ce pays dont les Dumas sont le trait d’union privilégié avec la France, au-delà d’un passé colonial douloureux et d’une langue commune.

Pour ma part, j’apporterai ma contribution littéraire et historique à la préparation de ces manifestations en publiant, dès le 4 décembre prochain, Le diable noir, une biographie du général Dumas qui montrera, je l'espère, à quel point il est urgent de rendre sa place à ce Français emblématique.
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