Associated Press un peu de Respect pour les morts, Même originaires d’Afrique !
01/09/2005
Août 2005. Les deux incendies parisiens qui ont fait 17 et 7 morts africains et français d’origine africaine ont donné lieu à une infecte pornographie médiatique. Se sont empilées allusions racistes concernant des nationalités mal identifiées puisque beaucoup de victimes nées en France étaient françaises, railleries à mots à peine couverts sur la polygamie, la surnatalité des Africains, sans compter les fantasmes classiques sur ces populations peut-être trop attentistes et paisibles.
La palme de l’imbécillité et de l’injure journalistique revient tout de même à une maison qui se définit comme la première source d'actualité dans le monde. Unique en son genre selon sa propre présentation, elle prend dès 1900 la forme légale qui est toujours la sienne aujourd’hui, celle d’une coopérative à but non lucratif totalement indépendante et fondée en 1848. Cela fait tout de même quelques états de service.
Travaillant d’arrache pied 24h sur 24 elle affirme produire plus de 20 millions de mots par jour en anglais, français, allemand, espagnol, suédois, néerlandais. Notre agence de presse se vante d’informer plus de lecteurs, d'auditeurs et de téléspectateurs que tout autre média ou agence grâce à ses 230 bureaux, ses 3500 employés permanents et ses centaines de pigistes présents dans tous les pays du monde. Textes, images, photos, sons concourent à cette noble ambition.
L’Associated Press, après tant d’années au service de l’information et rien que d’elle, croisant différentes personnalités, origines et cultures, n’a toujours pas noté au coin de l’œil l’égalité des humains devant la mort. Cette institution ne sait toujours pas traiter de la même façon des drames touchant des Africains, précisément des Noirs, et ceux endeuillant des vrais humains. Tare caractéristique ou hommage à Gobineau ?
L’incendie du troisième arrondissement parisien survenu dans des conditions suspectes le 29 Août 2005 et ayant fait sept morts dont quatre enfants a arraché cette émotion surréaliste à l’AP [Mardi 30 août 2005, 10h08]* :
« …Parmi les trois enfants, deux ont été retrouvés calcinés dans les décombres de l'immeuble de la rue du Roi-Doré tandis que le troisième, un enfant de six ans, est mort à l'hôpital Necker des suites des blessures qu'il s'est infligé en se défenestrant du quatrième étage. » [Souligné par nous]
Une telle objectivité est étouffante d’intelligence et d’empathie. Qu’elle idée pour un enfant de six ans, attaqué par des flammes provenant d’une cage d’escalier envahie parmi de la fumée et des gaz, de tenter de se sauver ? Qu’elle idée de s’infliger des blessures alors q’il aurait pu rester tranquille dans son confort Emmaüs parisien, loin de ses sanguinaires parents drogués à l’ivoirité ? Quelle incompréhensible malaria a poussé ce petit d’Africain d’à peine six ans sur le chemin de la folie, de la mutilation personnelle [les nègres ne sont-ils pas coutumiers de ces faits de scarifications, excisions, circoncision, etc. ?] ? Il faut dire qu’être africain n’a pas d’âge en soi ! De 6 à 77 ans on est mûr pour nuire, d’abord à soi-même, puis de troubler la quiétude des âmes sensibles, toujours sur le qui-vive, prêtes à aider, à sauver des Noirs de la calcination. Leur offrir la précarité à vie pour leur éviter les affres d’une vie banale, saine et salubre qu’ils ne supporteraient guère, n’est-ce pas là un sacerdoce ?
Ce petit enfant de six ans aurait été de couleur différente, on aurait loué son courage d’avoir tenté d’échapper à un destin tragique. Au moins aurait-on trouvé intelligent qu’il imite des aînés qui ont fait la même chose, sautant de plusieurs étages de l’immeuble en feu, comme cela fut le cas lors des attentats du 11 septembre 2001 aux USA…
En fait la véritable question est plutôt Quelle idée d’être nègre ? A partir de là tout devient logique et normal puisque le nègre ne peut être considéré à la même aune, ou sauce dirait-on pour ces homo sapiens si peu sages, que le commun des mortels. Il serait brave que l’on l’accuserait de témérité obsessionnelle. Intelligent on lui trouverait trop de malice. Pieux il ne serait que de dévotion exacerbée, mieux mystico-religieux. Généreux il sortira joyeux inconscient des rotatives, économe il n’en sera que plus ingrat. Artiste il ne sera que naïf ou primitif, sportif il confirmera sa proximité à l’animal bien loin du bipède aryen. Polytechnicien on lui trouvera des corps aux pieds, un examinateur malentendant et diminué l’ayant avantagé, sa carrière ne franchira pas le seuil des Invisibles sociaux. Bref Noir c’est Noir et c’est Africain. Basta ! Il suffit !
Cependant il y a quand même des relectures chez le premier des premiers des agences d’information globale. Après cette dépêche que les écoles de journalisme auront bientôt établie en parangon du genre, quelques âmes sensibles se seraient inquiétées des risques d’incompréhension de la prose emballée du rédacteur. Ainsi la dépêche du mardi 30 août 10h08 sera-t-elle corrigée par une autre mouture à 12h59, plus politiquement et dermiquement correcte. L’enfant de six ans passé par le purgatoire informationnel est aux franges de la réhabilitation dans les termes suivant** :
« …un enfant de six ans est décédé à l'hôpital Necker des suites de ses blessures après avoir été défenestré. »
Un tel traitement de la mort, un tel cynisme manifesté dans l’information est inadmissible. De plus il se serait agit d’une autre appartenance ethnique que la chose aurait déjà fait grand bruit et le rédacteur débarqué avec son incurie.
Les incendies frappant à répétition des immeubles habités par des noirs Africains ou français ségrégés par le logement social, les associations caritatives et l’Etat, montrent le besoin impérieux d’une montée en force d’acteurs sociaux noirs professionnalisés sur la gestion des situations qui leurs sont spécifiques. Le dire c’est aussi reconnaître la faiblesse de l’existant à cheval entre précarités diverses, opportunismes douteux, minables compétitions individuelles. Il faut espérer que le drame qui se déroule en live « truqué » suscitera une vraie prise de conscience. Le contraire serait désespérant et donnerait des ailes aux rédacteurs de dépêches aussi infectes, justifiés par l’absurdité communautaire des victimes.
* La première dépêche citée Mardi 30 août 2005, 10h08 est consultable à l’adresse : http://fr.news.yahoo.com/050830/5/4k5o8.html
** La seconde dépêche citée Mardi 30 août 2005, 12h59 est consultable à l’adresse : http://fr.news.yahoo.com/050830/5/4k5xo.html
Akam Akamayong