ON S’en FOUT DES NEGRES À PARIS : Et un ! Et deux ! Et trois Z’immeubles
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Par Jean-Jacques DIKONGUE
Jamais une expression devenue une lapalissade ou une lapalissade devenue expression commune ne s’était aussi bien vérifiée et portée comme l’est celle-ci aujourd’hui avec les incendies meurtriers qui touchent encore et toujours les mêmes : Les NEGRES à PARIS. La question est de savoir après les incendies de Paris qualifiés par certains de « lois de séries » quels seront les prochains foyers africains qui seront sous les feux de l’incendie euh… de la rampe devrait-on dire.
Et un ! Et deux ! Et trois ! Euh… et trois ! Et un ! Et deux ! Et trois ! Euh… et trois et trois Z’immeubles.
En 1998 paradant sur l’avenue des champs-Elysés, Paris avait, l’instant d’une soirée d’euphorie oublié que cette victoire à la coupe du monde était un chantier dans lequel les NEGRES avaient pris part et construit. Ne voyant que son intérêt, Paris ne s’est pas préoccupé des auteurs, des bâtisseurs de cette victoire.
Une fois l’euphorie passée, la réalité reprend le dessus, Paris renoue avec ses vieilles habitudes envers ceux et celles qui contribuent à son éclat, à son rayonnement.
La discrimination, l’humiliation, le mépris, la négrophobie sont le lot quotidien des NEGRES.
Comme le triomphe de l’injustice ne saurait perdurer, Paris a payé son manque de considération envers ceux et celles qui font sa grandeur, son aura. La non obtention des jeux olympiques de 2012 est le résultat de ce dénigrement, de cette humiliation. Car loin de glorifier ses héros, de mettre en exergue sa culture « colorée » comme Londres l’a fait, on s’est contenté à Paris de montrer un Paris leucoderme (NDLR : nom scientifique pour « blanc »), occultant sa diversité.
Que nous révèlent les incendies de ces derniers jours au-delà de l’affliction des familles, de la déréliction dans laquelle elles se trouvent ? Ces incendies nous montrent s’il en était encore besoin que : ON S’en FOUT DES NEGRES A PARIS.
Oui ! On s’en fout des Nègres à Paris. Les Nègres sont tellement insignifiants que même dans des épreuves douloureuses, ils continuent à être accablés, montrés du doigt, ils sont même culpabilisés d’être des victimes comme si par leur volonté, ils l’avaient choisi.
Du ministère de l’intérieur jusqu’aux organismes de gestion des immeubles incendiés, en passant par les mairies des quartiers concernés et les différents quotidiens nationaux comme locaux, il n’est pas un seul discours qui ne mettait en cause les victimes.
Au-delà des compassions de circonstance et de façade auxquelles nous avions droit, Télévision oblige, il est à noter que dans chaque intervention, le nombre de personnes constituant les familles des victimes était mentionné.
Certaines familles même en possession de leurs papiers et d’un travail donc d’un salaire ne dérogent pas à l’appellation générique et avilissant de SQUATTEURS. Pourtant elles s’acquittent bien d’un loyer mensuel pour la plupart exorbitant au regard de l’insalubrité des logements.
Loin de la question nerveuse de la discrimination au logement que connaissent ces familles parce que NEGRES, les autorités préfèrent dévier le débat et l’orienter vers le terrain de la fécondité des familles. L’on culpabilise les victimes parce que fécondes. Nous ne savons pas encore ce qui retient les uns et les autres de franchir le cap et de dire le fond de leurs pensées, comme en son temps le maire de Paris de l’époque n’a pas hésité à associer la pestilence aux NEGRES. Formule qui a tellement bien marché qu’un certain animateur de France 3 n’a pas hésité à la reprendre dans une de ses émissions, pour faire « payer » à un humoriste (Dieudonné Mbala Mbala) son « outrecuidance » pour avoir dénoncé les exactions d’une certaines franges de personnes ayant pignon sur rue en Israël.
Depuis quand devrait-on être « objet » d’humiliation ou dénigrements divers parce qu’on a une famille avec plusieurs enfants ? La fécondité serait-elle selon que l’on est (naît) africain ou autre une source de culpabilisation ? Y’en aurait-il qui aient plus de droit à faire des enfants et d’autres pas ?
La vraie question qui se pose aujourd’hui est celle de la politique à mener afin d’enrayer les discriminations, toutes les discriminations en commençant par celles au logement que connaissent ces familles africaines et nègres en général afin que la précarité dont tout le monde se plaît à dénoncer face aux cameras de télévision et que l’on approuve hors, ne cesse de faire des victimes. Ce problème loin d’être une découverte d’aujourd’hui est une donnée constante qu’entretiennent tous les gouvernements respectifs de la France.
Les autorités ne peuvent plus se cacher derrière des prétextes tous fallacieux les uns que les autres, pour occulter une incompétence mieux, une volonté politique orientée vers l’extermination des minorités noires. Cette position n’est plus crédible l’a-t-elle jamais été ? Seulement dans les consciences de ceux qui l’ont construite. Pour nous elle est indéfendable et nous mettrons tout en œuvre pour la vaincre.
Aimé Césaire disait à ce propos : « Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde (…) cette France (1) là est impuissante à se justifier et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins de chance de tromper (…) La France est indéfendable »
(1) Intentionnellement j’ai remplacé le mot Europe par France.