La déception des harkis par RFI
Article publié le
06/12/2007
Dernière mise à jour le
06/12/2007 à 04:49 TU
Selon
les historiens, entre 60 000 et 80 000 musulmans français ont été tués
entre les accords d'Evian de mars 1962, qui mirent fin à la guerre
proprement dite, et l'indépendance algérienne, en juillet 1962.
(Photo: AFP)
Tout
juste de retour d'Algérie, Nicolas Sarkozy a rendu hommage aux anciens
supplétifs musulmans de l'armée française pendant la guerre d'Algérie.
Mais il n'a pas reconnu la responsabilité de l'Etat français dans leur
abandon, contrairement à ce qu'il avait promis pendant la campagne
électorale. On évalue aujourd'hui à plusieurs centaines de milliers le
nombre des harkis et de leurs descendants en France. Ils réclament
l'indemnisation des biens spoliés et la réparation des préjudices
moraux subis, soit environ plus de 40 milliards d'euros.
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Cela devait être un discours historique.
Mais les espoirs ont été un peu déçus. Tout juste de retour de sa
tournée en Algérie, Nicolas Sarkozy a invité les représentants des
harkis à l'Elysée. Il leur avait promis durant la campagne électorale
de reconnaître au nom de la Nation, la responsabilité de la France dans
l'abandon et les massacres des harkis après les accords d'Evian, qui
ont mis fin à la guerre d'Algérie. Dans son discours, Nicolas Sarkozy a dit que les harkis devaient recevoir un hommage «
solennel et juste »,
qu'à leur arrivée en France ils avaient été mal accueillis. Mais du
côté des harkis, l'allocution a été accueillie de façon plutôt
mitigée. Le discours de Nicolas Sarkozy devait marquer les mémoires,
mais les harkis n'ont visiblement pas tous été convaincus. Kader
Moulfi, porte-parole de la Coalition nationale des harkis, se sent
visiblement floué : «
Nicolas Sarkozy s’est un peu parjuré, puisque
aujourd’hui il ne fait pas un discours qui reprend ses promesses
électorales, mais il se borne simplement à dire « aimez-vous les uns
les autres ». Nous pensons que Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas le
faire parce qu’il a eu des pressions, notamment de l’Etat algérien, et
également des hommes d’affaires et de ceux qui ont intérêt aujourd’hui
à reprendre des relations normalisées avec l’Algérie. Donc les harkis
ont été à l’époque sacrifiés parce qu’ils étaient les témoins gênants
d’une période, et aujourd’hui on les sacrifie de nouveau pour pouvoir
reprendre des relations normalisées avec l’Algérie ». Dans
son discours, Nicolas Sarkozy a demandé la création d'une fondation sur
la guerre d'Algérie. Un rapport du Conseil économique et social doit
également être présenté ce mois-ci sur de nouvelles réparations
financières; une première étape pour Braïm Mourabaa, secrétaire général
du Conseil national des musulmans rapatriés : «
Je pense que
l’initiative prise par Nicolas Sarkozy était la meilleure. Je pense
qu’il y a aujourd’hui une approche en termes de reconnaissance, c’est
très important. Bien évidement on avance par étapes. Compte-tenu du
temps qui passe, nos anciens disparaissent un à un, et effectivement,
il faut aller très vite en termes de reconnaissance ». Le temps presse pour une reconnaissance totale. Le plus jeune harki encore en vie a plus de 65 ans.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/096/article_59943.asp