Immigration : un rapport critique de l’UCIJ Le 15/08/2007 à 23 h 59 - par Johanna Nezri
Le
projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration sera l’un des gros
morceaux de la rentrée législative. Les associations de défense des
immigrés tiendront d’ailleurs une conférence dans les locaux de
l’Assemblée nationale dans la matinée du 18 septembre pour informer les
députés des points sombres de texte. Repères.
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Alors qu’on vient
d’apprendre par l’intermédiaire du quotidien
Libération que les
arrestations massives de sans-papiers à leur domicile
étaient une priorité du gouvernement depuis le début du mois de
juillet, le collectif Uni Contre une Immigration Jetable (UCIJ)
dévoile son analyse du projet de loi relatif à la maîtrise de
l’immigration, de l’intégration et à l’asile défendu par Brice
Hortefeux, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de
l’identité nationale et du Co-développement.
Le 11 juin dernier,
Brice Hortefeux avait fait croire aux associations de défense des
droits des étrangers comme le Groupe d’Information et de Soutien
aux Immigrés (GISTI) que son projet de loi sur l’immigration était
encore sujet à débat et à modification. Le lendemain, les mêmes
associations apprenaient par voie de presse que le texte était sur
le bureau du Conseil d’Etat. Vexé par ce «
dialogue purement
décoratif », l’UCIJ a eu, depuis, le
temps de plancher sur les articles de cette loi. Et les fruits de
cette analyse très critique seront prochainement compilés dans un
rapport. Rapport qui sera d’ailleurs
probablement publié avant le 18 septembre, date
de l’ouverture des débats sur le projet de loi Hortefeux à
l’Assemblée nationale.
Jean-Pierre Alaux,
chargé d’étude au GISTI-qui fait partie du collectif
UCIJ-, parle d’un projet de loi qui nie les droits fondamentaux
des immigrés : «
L’avenir est à l’immigré qui
sert et qui rapporte » ajoute-t-il. Les associations
dénoncent l’idéologie d’une loi conservatrice
qui surfe sur les théories d’extrême-droite et qui entend
fragiliser les travailleurs immigrés en les privant de leur
environnement familial.
L’UCIJ pointe du doigt,
entre autres, l’article 1 qui prévoit une
nouvelle condition au regroupement
familial : la connaissance préalable à l’entrée sur le
territoire de la langue française et des valeurs de la République.
"La maîtrise de la langue
française facilite beaucoup la recherche et l’obtention d’un
emploi, facteur essentiel d’intégration, ainsi que d’autres
démarches indispensables à la vie sociale au premier rang
desquelles la recherche d’un logement ». Pour Jean-Pierre
Alaux, il s’agit surtout d’un subterfuge
: « Il n'y aura
évidemment pas de centres de formation partout. Les stagiaires
devront se rendre dans la capitale de leur pays ou dans l'une des
grandes villes. Les ruraux, les habitants des petites villes, les
pauvres sont éliminés d'avance, ainsi que ceux qui, non ou peu
scolarisés, s'estimeront d'eux-mêmes inaptes à l'épreuve. Sous un
déguisement linguistique, l'intérêt de l'affaire est donc
social : éliminer les couches défavorisées. C'est de
l'apartheid économique » explique Jean-Pierre
Alaux.
L’objectif de cette loi
est de faire baisser l’immigration familiale au profit de
l’immigration de travail. Erreur de calibrage d’après l’UCIJ.
«
Il n’y a aucune
raison de faire une différence entre ces deux types d’immigration.
L’immigration familiale est une immigration de travail.
D’ailleurs, un décret de 1976 tentait à l’époque de priver les
familles des immigrés de travail. C’est bien que ces familles se
destinent à trouver un emploi. »
Cette loi serait d’après
les associations une porte ouverte à un boom du nombre des
sans-papiers en France. L’UCIJ craint en l’occurrence que ces
familles se mettent dans l’illégalité pour rejoindre leurs proches.
Après le drame d’Amiens où Ivan, un enfant russe
sans-papiers de 12 ans s'est grièvement blessé
en chutant accidentellement du 4e étage, lors
d'une tentative d'interpellation de ses parents à leur domicile,
l’inquiétude des associations prend une résonnance de plus en plus
réelle.
http://www.marianne-en-ligne.fr/e-docs/00/00/F3/BD/document_une.phtml