Diagne vu par Lamine Gueye
Dans une autre rencontre avec Blaise Diagne, à la veille de mon admission dans la magistrature coloniale, je lui fis part de mon désir d'être nommé conseiller à la cour d'appel de l'Inde(...) Il estima qu'un poste de conseiller à la Cour d'appel de la Réunion était mieux indiqué parce que, là-bas, l'administration de la justice obéissait aux mêmes règles qu'en France et que, dès lors, je pouvais y apprendre plus de choses nouvelles qu'à Pondicherry ; que si, d'autre part, je tenais à étudier sur place le fonctionnement des institutions politiques, le résultat pourrait me servir, le cas échéant, à mon retour au Sénégal. J'ai donc opté pour la Réunion où, dès mon arrivée, je fus chargé de cours à l'école de droit de Saint-Denis, cumulativement avec les fonctions de président de la Chambre correctionnelle de la Cour d'appel (...)
"L'âpreté de la lutte dans laquelle ses amis pourraient se trouver engagés à sa disparition semblant le préocupper au plus haut point, je lui demandai si, pour limiter ce risque, il ne jugeait pas opportun de faire attribuer au Sénégal deux députés et un sénateur comme aux Antilles et en Guyane. "Quand j'en avais les moyens, me dit-il, je n'y ai pas pensé : maintenant je ne peux pas l'obtenir faute de pouvoir compter sur des concours qu'on n'accorde pas à un mort en sursis". Quelques semaines plus tard, c'est le départ pour le Sénégal et le Soudan. Il en revint dans un état de complet épuisement et dut se rendre en traitement à Cambo-les-Bains (Basses-Pyrénées) où il mourut le 11 mai 1934.