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 Immigration choisie ne signifie pas fuite des cerveaux

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mihou
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mihou


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21122006
MessageImmigration choisie ne signifie pas fuite des cerveaux

Le Figaro, no. 19135
Le Figaro, jeudi 9 février 2006, p. 14

DÉBATS OPINIONS

Immigration choisie ne signifie pas fuite des cerveaux

NICOLAS SARKOZY

Un débat sur « la fuite des cerveaux » des pays les plus démunis s'ouvre enfin en France et je m'en réjouis, car sur ce thème, comme sur tous les sujets relatifs à l'immigration, les tabous et le conformisme ont trop longtemps fait obstacle à la réflexion et à l'échange.

Contrairement au point de vue de nombreux experts, la fuite des cerveaux est bien une réalité, massive, comme le souligne un rapport de la Banque mondiale « Migrations internationales, transferts de fonds et fuite des cerveaux », publié en novembre 2005. D'après ce document, certains pays d'Asie, d'Afrique et des Caraïbes ont perdu 60 % de leurs travailleurs qualifiés. « Il n'est de richesse que d'hommes », selon la célèbre maxime de Jean Bodin. Aucun pays ne peut se développer, se moderniser, quand l'essentiel de ses compétences et ses sources de dynamisme, d'initiative, fuient à l'étranger. Les transferts de fonds de travailleurs migrants dans les pays d'origine représentent des sommes considérables, supérieures au total de l'aide publique au développement, mais elles ne compensent en rien le départ des forces vives de certains pays.

Pour un sujet aussi complexe, il faut toutefois se méfier des amalgames et des raccourcis. La notion de « fuite des cerveaux » n'a certainement pas la même signification selon la région d'origine et selon le type de compétence en cause.

L'installation en Europe occidentale d'ingénieurs chinois, par exemple, dans des proportions raisonnables, n'est certainement pas de nature à réfréner la croissance phénoménale de ce pays qui compte 1,2 milliard d'habitants et une expansion rapide du nombre de ses étudiants, cadres, scientifiques. Faire venir un certain nombre d'informaticiens indiens en Europe occidentale ne compromettrait pas non plus le développement de ce pays qui est devenu une pépinière des meilleurs techniciens du monde.

En revanche, selon une étude de la revue médicale The Lancet de novembre 2004, il manque 4 millions de professionnels médicaux dans les pays les plus pauvres, en particulier en Afrique. Seuls 50 des 600 médecins formés en Zambie depuis 1964 n'ont pas quitté ce pays. La ville de Manchester compte plus de médecins malawites que tout le Malawi. Comment l'Afrique, qui compte 30 millions de personnes séropositives, continent dont la situation sanitaire est désastreuse, pourrait-elle s'en sortir, privée de la moitié ou des deux tiers de ses médecins ? Selon de nombreuses estimations, l'Afrique a perdu plus de 30 % de sa main-d'oeuvre qualifiée. Je considère qu'il est aujourd'hui intolérable de faire venir, à titre définitif, des médecins africains en Europe, mais aussi des ingénieurs et des scientifiques de ce continent, qui sont la source de tout espoir de développement, sans prévoir des possibilités sérieuses et organisées de retour dans leur pays.

Pour autant, ni la France ni ses partenaires européens ne peuvent se satisfaire d'une situation où les élites des pays en développement se dirigent massivement vers les Etats-Unis et le Canada, tandis que le continent européen reçoit une immigration sous-qualifiée. Dans son « Programme d'action relatif à l'immigration » de 2005, la Commission européenne souligne que « 54 % des immigrés de la première génération originaires des pays méditerranéens du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, titulaires d'un diplôme universitaire, résident au Canada et aux Etats-Unis, tandis que 87 % de ceux qui n'ont pas achevé leurs études primaires ou qui n'ont qu'un niveau d'éducation primaire ou secondaire se trouvent en Europe ». Le constat est clair : les migrants les mieux formés, les plus dynamiques, les plus compétents, partent vers le continent américain alors que l'immigration pas ou peu qualifiée se dirige vers l'Europe. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation.

Nous sommes face à un enjeu décisif. La France, comme ses partenaires européens, ne peut pas rester à l'écart des flux mondiaux de l'intelligence et des compétences. Notre dynamisme, la modernisation de notre économie en dépendent. Nous devons favoriser la venue de travailleurs qualifiés, de créateurs d'entreprise, de chercheurs, de professeurs d'université, dont l'économie française a besoin. En parallèle, je suis absolument déterminé à lutter contre la fuite des cerveaux lorsqu'elle est une source de paupérisation et de misère.

Mon ambition est de proposer un modèle français de l'immigration choisie, fondé en aucun cas sur la fuite des cerveaux, mais sur la mobilité, la circulation des hommes, des compétences et des idées. Nous devons favoriser la venue en France, à des fins temporaires, des étudiants les plus brillants, de travailleurs hautement qualifiés, de personnalités de talent. La formation, l'expérience et le savoir-faire acquis en France constitueront des atouts essentiels pour la modernisation des pays d'origine. Cette immigration, utile à la France, profitable au migrant, indispensable au pays d'origine, devra s'inscrire clairement dans la perspective d'un retour au pays à l'issue d'une période de quelques années. Elle contribuera à former un réseau d'élites francophiles dans le monde. En facilitant les transferts de technologie, elle deviendra un fer de lance de la modernisation et du développement des pays les plus démunis.

Notre pays se dote aujourd'hui d'outils nouveaux pour attirer les étudiants du monde entier les plus motivés et les plus doués, en créant dans plusieurs pays des « centres d'étude en France » sous la responsabilité des ambassadeurs, chargés d'identifier les meilleurs et les plus performants. La création d'une carte de séjour spécifique, destinée à des personnalités hautement qualifiées ou talentueuses, dans le cadre du « projet de loi immigration et intégration », relève de cette même logique. La carte sera d'une durée de trois ans et destinée tout à la fois « au rayonnement de la France et au développement du pays d'origine ».

La clé de la réussite passe donc par l'assurance qu'à l'issue de son expérience en France, le migrant qualifié, qui vient pour une durée limitée, retournera dans son pays d'origine afin de se consacrer à sa modernisation et à son développement. Il doit s'y engager sans ambiguïté lors de son arrivée en France. Il rentrera d'autant plus volontiers qu'il disposera dans son pays des moyens d'y vivre et d'y travailler efficacement, d'effectuer des allers-retours avec la France. L'aide à la réinstallation des migrants qualifiés dans leur pays d'origine - médecins, ingénieurs, informaticiens ou universitaires - devrait ainsi devenir l'un des objectifs fondamentaux de notre politique de coopération.

Dans ce domaine, nous ne pouvons pas agir seuls. Notre politique doit trouver des relais et un soutien à l'échelle de l'Union européenne. Si nous sommes les seuls à demander aux migrants concernés de retourner dans leur pays pour se consacrer à son développement, une partie d'entre eux choisira, non de rentrer, mais de s'installer en Grande-Bretagne, en Allemagne ou ailleurs. Il est donc urgent d'affirmer, à l'échelle de l'Europe, et au-delà, des pays de l'OCDE, une « éthique du retour » des migrants hautement qualifiés, originaires des pays les plus défavorisés, et d'en faire un thème central du dialogue Nord-Sud.

* Ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire


Illustration(s) :

"La France ne peut pas rester à l'écart des flux mondiaux de l'intelligence et des compétences"
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