La face cachée du pétrole
Le pic pétrolier c'est quoi? Sommes-nous vraiment sur le point de l'atteindre? Les guerres contre le terrorisme sont menées essentiellement dans les régions où sont situées les grandes réserves de pétrole – est-ce un hasard? L'Afghanistan – pour son rôle géostratégique, l'Irak et l'on parle abondamment d'une éventuelle guerre contre l'Iran. Je passe sous silence la situation politique au Soudan et d'autres pays d'Afrique.
Plusieurs spécialistes s'entendent pour dénoncer que les guerres actuelles et celles déjà programmées dans l'agenda militaire états-unien, sont des guerres impérialistes et non anti-terroristes. Mais alors, pourquoi s'acharne-t-on autant à contrôler chaque goûte de pétrole? Pour le profit que l'on en retire ou parce que bientôt nous serons en pénurie?
Dans son livre : La face cache du pétrole, Éric Laurent journaliste enquêteur, nous livre quelques grands secrets de l'univers du pétrole. Voici, non pas un résumé de son livre, mais un simple papier sur lequel je livre les points saillants relatifs à une éventuelle pénurie de pétrole qui est, semble-t-il, déjà à nos portes.
La face cachée du pétrole
PRÉSENTATION
L'auteur Éric Laurent, dresse une bibliographie de 8 pages dans lesquelles se trouvent les livres, les études et les articles consultés pour étayer son livre. De plus, au fil des quelque 400 pages il nous donne les noms des personnes qu'il a rencontrées pour lui dévoiler les dessous de l'univers du pétrole.
Il nous amène avec lui dans un voyage autour du monde où il nous présente des pays totalement méconnus tels que l'Azerbaïdjan et l'Ouzbékistan. Il nous projette dans notre passé récent pour expliquer notre dépendance au pétrole, tout en jetant un éclairage nouveau sur les guerres mondiales où le pétrole était un enjeu de taille pour faire avancer la machine de guerre. Bien entendu, il ne peut éviter de parler des milieux financiers dans lesquels sont imbriqués l'un dans l'autre d'abord le pétrole lui-même suivi des sociétés pétrolières, les spéculateurs sur les marchés boursiers pétroliers, les banques, les gouvernements et l'existence même de nos sociétés de consommation qui se sont développées en créant une richesse économique qui repose sur le pétrole et, à la fois, sur une dépendance extrême de cette matière énergétique qui fait fonctionner nos moteurs et bien plus encore.
DU PÉTROLE TOUT PARTOUT TOUT AUTOUR DE NOUS
Commençons par nous regarder dans le miroir. «En 1979, un expert de l'Institut français du pétrole, Jean-Claude Balaceanu, brossait un tableau inquiétant : Qu'est-ce que la société de consommation, sinon le pétrole à discrétion? Imaginons un instant la France privée d'hydrocarbures … Rien ne roule plus sur les routes. D'ailleurs, il n'y a plus de route faute de goudron et d'asphalte. Plus de distribution. Les commerçants, de l'épicière du coin au supermarché, les halles et les abattoirs, sont obligés de fermer… Pas de tracteurs dans les champs, pas d'avions dans le ciel. Tous les bateaux condamnés à rester à quai … Pas de chauffage au fuel… L'industrie est paralysée. L'agriculture recule d'un siècle. Presque toutes les matières premières, les fibres artificielles ont disparu. Plus de Nylon, plus de stylos à bille, plus de chemises, plus de vêtements imperméables, plus de lainage anti-mites, plus de disques… Dans un bureau moderne, de la moquette au combiné téléphonique, du revêtement mural aux meubles métalliques peints, des corbeilles au ventilateur, tout est en pétrole.
Plastique, fibres et caoutchouc, synthétiques, insecticides, engrais, peinture, médicaments, colorants, détergents, adhésifs, encres. On estime maintenant le nombre des produits issus de l'industrie du pétrole à plus de 80 000.
Ces écrits remontent à vingt-sept ans mais témoignent déjà de notre extraordinaire dépendance envers le pétrole.» (Pages 378-379)
Autrement dit, nous avons développé une multitude de produits de consommation dont l'existence même repose sur le pétrole transformé en éléments chimiques et moléculaires utilisés pratiquement partout.
L'ESSENTIEL DES DÉCOUVERTES DE LAURENT
Je vous fais grâce de toutes les tractations politiques, des renversements de gouvernements, des guerres, du magouillage économique et des pactes qu'on a presque signés avec le Diable dans cette aventure humaine pour m'en tenir à l'essentiel : l'épuisement dramatique des réserves mondiales de pétrole.
LA CONSOMMATION MONDIALE DE PÉTROLE
En 1999, 71 millions de barils par jour sont consommés.
En 2006, 85 à 87 millions de barils par jours seront consommés.
Vous voyez l'augmentation astronomique de la quantité de barils en à peine 7 ans. Cette augmentation est attribuable à nous mais principalement aux pays en émergence tels que la Chine et l'Inde.
«L'état pétrolier du monde donne le vertige : notre planète consomme actuellement 1 milliard de barils tous les 12 jours et donc plus de 30 milliards de barils par an, l'équivalent d'un gisement géant.» (Page 244).
L'ÉTAT DES RÉSERVES MONDIALES DE PÉTROLE
Les États-Unis
En 1970, les États-Unis produisaient l'équivalent actuel de l'Arabie Saoudite, soit près de 10 millions de barils par jour. Aujourd'hui, ils produisent moins de 3 millions de barils par jour.
La Chine
«Plusieurs experts ont confirmé que la production pétrolière chinoise a atteint son pic en 2003 et depuis, le niveau de déclin et d'épuisement de ses champs pétrolifères atteints le chiffre élevé de 3,7% par an…»
Et d'autres encore
Ces baisses touchent aussi l'Indonésie, le Gabon, le Mexique, la Norvège, la Russie, la mer du Nord.
Les nouveaux gisements découverts récemment
«Les découvertes ont atteint leur pic mondial en 1964…
La planète a été fouillée de fond en comble. Les connaissances géologiques sont telles qu'il est quasiment exclu de pouvoir découvrir de nouveaux gisements importants…
En 2000, treize gisement contenant plus de 500 millions de barils par jour (soit l'équivalent aujourd'hui d'une semaine de consommation mondiale) ont été découverts contre 6 en 2001, deux en 2002 et pour la première fois, aucun depuis 2003…» (Page 243).
LE PIC PÉTROLIER
Dans les années 50, le professeur et géologue Marion King Hubbert est le premier à établir les bases de calcul pour déterminer le moment où aura lieu le pic pétrolier.
Le pic pétrolier signifie simplement le moment où la production de pétrole commencera à diminuer. En gros, il démontre que «…l'exploitation des gisements suit une courbe en cloche qui met du temps à décoller, puis augmente vertigineusement avant de se stabiliser et de décliner à nouveau brutalement et définitivement.» (Page 162)
En 1960, le professeur présente ses travaux et prédit que les États-Unis atteindront leur pic pétrolier en 1970. Bien qu'à l'époque on ait contesté ses travaux, le pic pétrolier des États-Unis a réellement été atteint en 1970.
En 1970, les États-Unis produisaient près de 10 millions de barils par jour.
En 2005, les États-Unis produisent moins de 3 millions de barils par jour.
Bien que le professeur Hubbert soit aujourd'hui décédé, ses méthodes de calcul qui se sont plusieurs fois révélées fiables, permettent encore de prévoir les pics pétroliers. Et aujourd'hui on estime que «le pic mondial de production sera atteint cette année.» (Page 247)
EN RÉSUMÉ
Étant donné qu'on ne fait plus de découverte de gisements pétroliers importants et que l'on prévoit que la quantité de pétrole extrait du sol ne sera jamais plus élevée qu'elle ne l'est aujourd'hui, nous devrons bientôt nous partager ce pétrole car la demande est sans cesse croissante.
Mais il y a plus! On prévoit atteindre le pic pétrolier mondial cette année. Ça signifie que la quantité totale de pétrole extraite du sol commencera à diminuer au cours des prochaines années. Ainsi, non seulement nous ne parviendrons pas à répondre à l'augmentation de la demande, mais nous ne produiront plus assez pour répondre à l'équivalent des besoins d'aujourd'hui.
Bien entendu, l'humanité aurait depuis longtemps dû développer des énergies alternatives pour préserver cette richesse mondiale qu'est le pétrole et aussi pour réussir une transition économique et sociale vers d'autres sources d'énergie. Or, rien n'a été fait ni même prévu et si Laurent dit vrai, le temps manquera pour vivre cette transition en douceur. Au contraire, nous vivrons un choc pétrolier sans précédent qui engendrera des pénuries d'essence et de différents biens de consommation.
Notez qu'il y aura encore du pétrole pour plusieurs années. Les réserves ne seront pas vidées du jour au lendemain. Par contre, il en manquera pour répondre à la demande.
Ça veut dire quoi manquer de pétrole pour répondre à la demande?
La première chose que l'on enseigne dans les sciences économiques est la Loi de l'offre et de la demande : S'il y a trop de quelque chose, les prix diminuent pour écouler les stocks. À l'inverse, lorsqu'il manque de quelque chose, les prix augmentent pour éliminer des acheteurs qui n'ont alors plus les moyens de s'en procurer.
Par exemple, si le prix de l'essence à la pompe était le double d'aujourd'hui, vous limiteriez vos déplacements. À l'inverse, si les prix étaient coupés de moitié, vous en profiteriez pour voyager un peu plus.
Il faut aussi réaliser qu'il ne s'agira pas simplement d'embouteiller le Coca-cola dans des bouteilles de verre plutôt que dans des bouteilles de plastique. (Rappel : le plastique est un dérivé du pétrole.) Le coût des matières nécessaires à la fabrication des boissons gazeuses de même que le coût de transport exploseront.
S'il en est ainsi pour le Coca-cola, imaginez ce qu'il en sera pour le pain et tous les produits qui remplissent nos paniers d'épicerie. À propos, l'agriculture consomme une énorme quantité de pétrole. À elle seule, elle avale 17% de l'ensemble du pétrole consommé aux États-Unis.
Comme si ce n'était pas assez, il faudra aussi s'attendre à voir les Nations se faire la guerre pour s'approprier chaque goûte de pétrole. Et si vous croyez encore que ces jours de pénurie sont loin devant nous, je vous dirai simplement de regarder attentivement comment se comporte le pays qui contrôle actuellement les marchés mondiaux du pétrole via les entreprises pétrolières, les banques et autres.
En 2001, les États-Unis mettaient la main sur l'Afghanistan; pays pauvre et sans pétrole mais d'une valeur importante au niveau géostratégique militaire et économique, car on veut faire passer sur ses terres un oléoduc. En 2003, les États-Unis mettaient la main sur l'Irak pays riche en réserves de pétrole et il s'apprête maintenant à mettre la main sur l'Iran, autre pays riche en réserves de pétrole. Exception faite de l'Iran, l'essentiel des réserves importantes de pétrole au Moyen-Orient et en Asie Centrale est déjà sous le contrôle des États-Unis.
Je vous rappelle que Éric Laurent s'appuie sur un grand nombre de documents de même que sur les propos d'experts géologues et d'experts du monde pétrolier. Il dit avoir eu un œil sur le monde du pétrole et qu'il a glané toutes les informations sur ce sujet depuis plus de 30 ans. Son livre collige une somme d'information impressionnante.
LES ÉNERGIES ALTERNATIVES PEUVENT-ELLES VENIR À NOTRE SECOURS?
L'hydrogène
Elle produit pour seul résidu de la vapeur d'eau. Donc, elle est non polluante.
Mais il y a un mais. Son emploi est lié à la technologie des piles à combustible et «fabriquer de l'hydrogène consomme plus d'énergie qu'elle n'en fournit.»
L'énergie solaire
À l'heure actuelle, «…il faudrait installer des panneaux solaires sur ne superficie équivalente à quatre blocs de Manhattan, soit 1 600 mètres carrés, pour produire la même énergie que celle délivrée chaque jour par une banale station-service.»
Les éoliennes
Pour remplacer 12 000 barils de pétrole par jour, il faudrait 10 000 éoliennes.
POURQUOI NE PAS NOUS DIRE LA VÉRITÉ?
«Si les chiffres réels étaient connus, ce serait la panique sur les marchés financiers.»
(Page 239)
«L'admettre (la vérité), c'est évidemment envisager un monde plongé dans les tensions ou les guerres…» (Page 396)
MA CONCLUSION PERSONNELLE
Il dépasse l'entendement de voir que tout converge vers une grande catastrophe économique. Plusieurs crient haut et fort qu'une crise économique sans précédent est à nos portes. D'autres auteurs tels que Éric Laurent, nous expliquent que le pétrole manquera sous peu.
De même, dans une éventuelle guerre contre l'Iran, les craintes sont majeures de voir le détroit d'Ormuz fermé. Si ce détroit est bloqué est que les supertankers ne pouvaient plus y circuler, le pétrole en provenance de l'Arabie Saoudite, du Koweït, de l'Irak et de l'Iran elle-même ne pourrait plus être acheminé dans les pays consommateurs. Il ne s'agirait pas d'une pénurie engendrée par le pic pétrolier mondial, mais d'une pénurie quand même. Une telle pénurie créerait immédiatement une escalade des prix qui à elle seule, suffirait à faire sombrer l'économie mondiale.
Les perspectives sont sinistres. Et c'est sans parler des drames humains que font les guerres. Alors, quelqu'un fera-t-il quelque chose un jour pour mettre des personnes censées à la tête de nos gouvernements?
Dany Quirion
Citoyen canadien qui s'acharne à enseigner à son entourage que les dirigeants de notre sacro-sainte civilisation ont littéralement perdu la boule. Et avant que la planète toute entière n'en vienne à son tour à en perdre le nord, il serait urgent que l'on se mobilise pour les remplacer ou à tout le moins, pour les contrecarrer.
Note : Actuellement, les prix du pétrole sont relativement bas – autour de 60 dollars US le baril. Les raisons sont technique mais je les expliquerai rapidement ainsi : l'été dernier, les États-Unis - premier consommateur de pétrole au monde - ont utilisé les réserves nationales de pétrole pour accroître l'offre et ainsi contrôler l'augmentation des prix en période estivale. Cet automne, puisqu'il y avait élections de mi-mandat aux USA, «Europe 2020 – Laboratoire européen d'Anticipation Politique» explique que des manipulations d'un indice boursier à Chicago (l'une des principales bourses pour les matières premières) a provoqué artificiellement la chute des cours du pétrole. Pour plus de détails sur ce dernier point, voir le 6e paragraphe du communiqué public qu'ils ont publié à la mi-octobre à l'adresse suivante : http://www.europe2020.org/fr/section_global/161006.html
Cette situation devrait bientôt revenir à la normale c'est-à-dire, que les cours du pétrole devraient bientôt recommencer à augmenter.
Vendredi 24 Novembre 2006
danyquirion@videotron.ca