Union : Les petits pas des Radicaux de gauche
Trente-cinq candidats à l'élection présidentielle, c'est beaucoup. C'est même trop. Et nous ne sommes pas au bout de la liste, puisqu'il reste près de sept mois avant le jour du scrutin et que d'autres personnalités, politiques ou non, ont laissé planer un doute quant à leur participation. C'est le cas, par exemple de Jean-Pierre Chevènement ou de Nicolas Hulot, pour ne citer qu'eux.
Un état des lieux actuel qui inquiète à gauche comme à droite où l'on veut faire du vote utile un argument définitif. Au delà de la nécessité de projets sérieux pour aller à la bataille, c'est, en effet, la plus évidente leçon tirée de 2002, où l'on avait vu l'extrême droite passer le premier tour devant une gauche divisée et montrer à l'UMP, par contrecoup, qu'elle devrait à l'avenir compter avec le Front national, surtout si la gauche tirait les enseignements de l'histoire et se présentait unie en 2007.
C'est manifestement ce dont Nicolas Sarkozy est convaincu, lui qui prend tous les risques pour séduire ceux qui avaient choisi Jean-Marie le Pen à la dernière élection présidentielle. C'est aussi ce que les Radicaux de gauche ont admis ces derniers jours. Christiane Taubira a, en effet, renoncé à se présenter sous l'aimable pression de Bernard Tapie et d'autres qui considèrent qu'il n'y aura pas l'espace politique pour un candidat de centre gauche si Ségolène Royal se présente. Cela revient, de fait, à soutenir la même Ségolène Royal et à pouvoir prétendre travailler dans le sens d'une meilleure cohésion de la gauche.
Ségolène Royal a dû apprécier la manoeuvre. La non candidature de Christiane Taubira est une preuve supplémentaire en sa faveur auprès des militants socialistes. Le signe que, contrairement à ce que dit Laurent Fabius, son nom peut créer une dynamique à gauche, ce qu'il faut tout de même relativiser puisqu'en 2002, Christiane Taubira avait réalisé un score de 2,3% et que c'est surtout l'extrême gauche et ceux qui ont dit "non" au référendum sur la constitution européenne qui posent désormais problème au PS.
D'ailleurs cela n'est pas près de s'arranger. L'idée d'un candidat de la gauche de la gauche est toujours dans l'air. Et si elle aboutissait, alors, le représentant socialiste se retrouverait dans une situation très difficile car il devrait faire face à une double concurrence qui le repositionnerait au centre déjà occupé par François Bayrou. Nous serons fixés en décembre prochain, au moment où les comités «unitaires» antilibéraux se réuniront pour désigner celui ou celle qui portera leurs couleurs. Deux communistes sont en lice: Marie-Georges Buffet et Patrick Braouezec. Une apparentée communiste, Clémentine Autin. Un militant alter mondialiste, José Bové. Et un représentant de la société civile, président en «congé» de la fondation Copernic, Yves Salesse. Tous considèrent que le chantage au 21 avril est insupportable. Ce qui tendrait à prouver que le temps fonctionne aussi comme un anesthésiant.
par Patrice Biancone
[23/10/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/082/article_46966.asp