A toutes et tous,

Quelques instants de recueillement pour saluer la mémoire de ce combattant de la liberté infatigable qui a connu l'exil 13 ans du fait de ses positions courageuses contre l'esclavage actuel en Mauritanie.

J'avais rencontré le Pr Saïdou Kane à Durban en 2001 où aux côtés de sa femme, Anja Oksalampi nous avions pu mesurer la hauteur, la persévérance et la pugnacité de son engagement pour mettre fin à l'esclavage contemporain sévissant toujours en Mauritanie.

Tous deux ont joué un rôle déterminant dans le combat collectif pour l'adoption des textes décisifs de la CMCR (Conférence Mondiale Contre le Racisme) de Durban en août et septembre 2001.

Saluons ce combattant de la liberté et ayons des pensées positives de soutien et d'amitiés à son épouse Anja qui continue le combat !

Joss Rovélas

nb : Ci-dessous texte de communiqué en français et en doc.joint en arabe langue très parlé en Mauritanie...



UN RESISTANT S’ECLIPSE

Le 28 septembre 2006, à Dakar, le camarade Saïdou Kane décédait, à l’âge de 61 ans, des suites de ses blessures après un accident de la circulation, intervenu quelques jours plus tôt, entre Nouakchott et Tékane.

Le 30 septembre, une délégation du Bureau Exécutif de S.O.S.-Esclaves assistera, à l’inhumation, dans le cimetière de Rosso, où repose son père.

Le défunt, dans l’élan d’une tension permanente vers l’accomplissement par le combat en faveur des opprimés, fut, jusqu’à son retour en Mauritanie, le Chargé de Mission de S.O.S.-Esclaves, auprès de l’Union Européenne. Par ses recherches, publications et conférences, Saïdou Kane aura sauvé, de l’oubli et du reniement, les causes lointaines de la servitude de l’homme dans l’espace mauritanien. Mieux encore, il la mit en perspective régionale, démontrant, d’un groupe à l’autre, à quel point la différenciation ethnique n’empêchait l’identité des modes de domination. En lui l’humaniste curieux secondait l’activiste révolté. Tandis que d’autres se calfeutrent derrière leur savoir pour jouir de la paix égoïste, lui, mettait ses connaissances au service entier de la conviction. Il portait au front ses idées et écrits, dont il armait le bras des Justes.

Saïdou Kane habitait le monde terrestre avec la ferveur d’un poète engagé et toute la modestie d’un passager clandestin ; à tout moment, il s’attendait à revoir le spectre de cette fatalité à quoi il sut échapper, dans le mouroir de Oualata. Il prétendait, non sans humour, qu’après tant de souffrance et d’oscillation entre la certitude de la mort imminente et l’espoir ténu de la survie, son existence n’était plus que gain scandaleux et jours de trop.

Saïdou Kane quitte la Mauritanie sans recevoir d’elle l’hommage mille fois mérité. Il s’éteint, si près de réaliser son rêve de la réconciliation nationale. Puisse sa mémoire nous y guider, par le rappel incessant de l’exemple.

Notre pays perd un symbole agissant au moment où il a tant besoin d’éclaireurs ; Saïdou Kane a tracé le chemin ; il nous lègue une empreinte nette de touts ambiguïté. Confirmons-le, évitons qu’elle ne s’efface !

S.O.S.-Esclaves Le 29 septembre 2006
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