Jack Lang est la première personnalité politique française à se rendre à
Téhéran depuis trois ans :
«L'Iran a droit au nucléaire civil»
Par Jean-Dominique MERCHET
QUOTIDIEN : Lundi 4 septembre 2006 - 06:00
Jack Lang a rencontré, ce week-end à Téhéran, avec l'accord tacite des
autorités françaises, plusieurs hauts dirigeants de la République islamique,
ainsi que le skipper français Stéphane Lherbier, détenu depuis novembre 2005
dans une prison iranienne. L'ancien président de la Commission des affaires
étrangères de l'Assemblée nationale, candidat à la candidature socialiste pour
la présidentielle de 2007, est la première personnalité française à se rendre
sur place depuis la visite de Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires
étrangères, en octobre 2003. Le 7 août, en pleine crise libanaise, il avait déjà
rencontré à Damas le président syrien Assad. En mars, il s'était rendu en
Israël.
Qu'êtes-vous allé faire à Téhéran ?
Au moment où l'Iran doit faire le bon choix, en particulier sur le dossier
nucléaire, il nous faut comprendre ses positions, sans pour autant les épouser.
Les Iraniens sont très sensibles au fait qu'une personnalité française leur
rende visite après trois ans d'absence.
Vous avez pu rencontrer Stéphane Lherbier dans la prison où il purge une peine
de dix mois pour avoir violé les eaux territoriales iraniennes...
A toutes les personnalités que j'ai rencontrées, j'ai demandé sa grâce et sa
libération anticipée. J'ai pu le voir pendant vingt minutes. C'était la première
fois qu'un responsable politique étranger pénétrait dans cette prison. Stéphane
Lherbier est en assez bonne forme, physique et morale, mais il est bouleversé.
Quels ont été vos échanges sur le dossier nucléaire ?
On ne peut pas contester le droit souverain de l'Iran de disposer d'une
industrie nucléaire civile. Il en va de la dignité du peuple iranien, car le
sentiment national existe, même chez des personnalités qui ne sont pas proches
du régime. Les autorités m'ont réaffirmé qu'elles ne souhaitaient pas développer
l'armement nucléaire. En tout cas, elles souhaitent régler cette question dans
une négociation avec les Européens. Je leur ai suggéré de créer un climat de
confiance en faisant un geste, comme la suspension de l'enrichissement.
Et sur le Proche-Orient ?
Avec les droits de l'homme, le point de divergence absolue reste Israël. Les
dirigeants iraniens considèrent que ce pays est dépourvu de toute légitimité à
exister. Je leur ai dit de ne pas être plus royalistes que le roi, plus
palestiniens que les Palestiniens !
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