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 L'impuissance de la puissance

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mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

L'impuissance de la puissance Empty
23082006
MessageL'impuissance de la puissance

Samedi 19, Août 2006 17:37
Objet : L'impuissance de la puissance (Le Monde 20-8-06)
ANALYSE

L'impuissance de la puissance





Qu'y a-t-il de commun entre le raz-de-marée à La Nouvelle-Orléans et le
bombardement des populations du nord d'Israël par le Hezbollah ? En apparence,
rien. Et pourtant... Depuis la première guerre du Golfe (1990), les Israéliens
croyaient que leurs autorités avaient tout préparé pour les protéger en cas
d'attaques massives au missile. Avec la guerre au Liban, ils ont découvert que,
face à l'urgence, les organes publics de protection des civils sont restés
presque absents. Certes, les ONG israéliennes ont proposé un soutien parfois
admirable. Mais on a entendu un ministre dire que tel était bien leur rôle, pas
celui du gouvernement. Et un autre déclarer que la prise en charge de la
détresse des civils n'était pas dévolue à l'Etat, mais aux autorités locales.

Le libéralisme effréné instauré en Israël depuis des années a, comme aux
Etats-Unis, généré un " désengagement " de l'Etat de sa mission de protection de
la population. Le célèbre chroniqueur Nahum Barnéa appelle à " restaurer en
priorité les attributs de l'Etat ", accusant l'ex-ministre des finances
ultralibéral Benyamin Nétanyahou d'avoir bradé les budgets de la fonction
publique.

Le débat engagé sur les devoirs sociaux de l'Etat n'est qu'un aspect de la
déflagration qui atteint ces jours-ci l'opinion israélienne, rappelant celle
qu'avait suscitée la guerre d'octobre 1973 où, les trois premiers jours, l'armée
avait plié sous l'offensive égypto-syrienne, subissant des pertes importantes,
avant d'écraser ses adversaires. A l'époque, le débat se concentrait sur une
thématique intitulée " Hamekhdal " (les " incuries ").

Les " incuries " des pouvoirs civil et militaire dans la dernière guerre
sont à nouveau au coeur des polémiques. Pourquoi les services de renseignement
étaient-ils si mal informés des capacités réelles du Hezbollah ? Pourquoi le
gouvernement et l'état-major ont-ils très vite cafouillé, multipliant ordres et
contre-ordres ? Pourquoi l'armée était-elle si mal préparée ? Des réservistes se
plaignent d'avoir manqué de casques et de linge de corps. Des soldats racontent
à la presse qu'ils ont dû " prendre les gourdes sur les cadavres des miliciens
chiites abattus " parce qu'eux-mêmes manquaient d'eau. Toutes les questions se
résument au titre d'un article d'un commentateur militaire, Alex Fishman : "
Pourquoi nous n'avons pas gagné ". Sans point d'interrogation.

Car tel est le sentiment général en Israël, malgré les efforts des
officiels pour persuader l'opinion du contraire. L'affirmation de l'échec
est-elle légitime, ou fantasmatique ? Après tout, Israël a infligé à
l'adversaire des pertes plus importantes qu'il n'en a subi, sans compter les
destructions en vies humaines et en infrastructures infligées aux Libanais. On
estime à 600 le nombre de Hezbollahis tués, contre 114 soldats israéliens.
Tsahal aurait détruit le dispositif de missiles à moyenne portée du parti
islamiste. Enfin, politiquement, il a obtenu le principe d'une démilitarisation
du Hezbollah et son éloignement de sa frontière.

Pourquoi donc l'opinion persiste-t-elle à voir dans cette guerre un "
échec " ? Et pourquoi lui est-il si insupportable ? C'est que l'image
d'eux-mêmes et les convictions intimes de la plupart des Israéliens ont été
profondément affectées : leur rapport spontané à leur environnement arabe,
l'assurance dans la supériorité de leurs forces armées, l'idée ancrée qu'au
Proche-Orient seule compte la force, ajoutée à cette autre certitude que, dans
l'affrontement avec les Palestiniens comme avec le Hezbollah, leur pays mène une
" guerre au terrorisme " similaire à celle des Américains contre Al-Qaida et en
Irak. Israël entendait " rétablir sa capacité de dissuasion ", " changer la
carte politique du Liban " en " écrasant " le Hezbollah. Il n'a atteint aucun de
ces objectifs. De ce point de vue, ne pas gagner, c'est perdre.


" UNE TRAGIQUE ERREUR "


Deux tendances se dégagent des vigoureux débats qui s'engagent. La
première vise à remédier aux principales incuries " logistiques ". Si Israël n'a
pas gagné, c'est qu'il était mal préparé et s'y est mal pris. La seconde remet
en cause la logique même de la force comme réponse spontanée à toute situation
conflictuelle avec ses voisins. Selon que l'on adopte l'une ou l'autre des deux
attitudes, les leçons sont diamétralement opposées.

Pour les premiers, très majoritaires, la poursuite de la guerre contre un
islamisme perçu comme une entité homogène et uniquement terroriste est
inéluctable. Il faut donc remédier aux " incuries " constatées pour que la
nouvelle guerre israélienne, qui interviendra tôt ou tard, obtienne les
résultats souhaités. " Ce qui ne marche pas par la force marchera avec plus de
force encore ", dit un dicton israélien. Ceux-là veulent " restaurer l'honneur
de Tsahal " et au plus vite " rétablir la capacité de dissuasion " israélienne.

Pour les seconds, minoritaires mais qui s'expriment ouvertement, l'échec
israélien peut être profitable au pays, à condition que les bonnes leçons soient
tirées. Et la principale tient, selon eux, aux " limites de la force ", une
expression que l'on entend désormais souvent prononcer. Si, disent ceux-là,
Israël, avec son incomparable puissance militaire, s'est trouvé impuissant face
au Hezbollah, c'est que l'idée même d'imposer une " solution israélienne " par
la force était une absurdité, comme est absurde l'idée de " vaincre les
Palestiniens ".

Or cette vision était erronée. Le Hamas et le Hezbollah ne sont pas
Al-Qaida. S'ils usent de la terreur, ce sont d'abord des partis politiques
implantés avec des revendications nationalistes que l'on ne peut éluder. La
meilleure " sécurité " face au Hamas consiste en un retrait général des
territoires palestiniens occupés. Et le meilleur moyen de se protéger du
Hezbollah est de le couper de sa base arrière - l'Iran - en négociant un accord
avec la Syrie incluant un retrait d'Israël du plateau du Golan.

Le problème est qu'aller vers ces options apparaîtrait aux yeux d'une
majorité d'Israéliens comme une défaite politique majeure, générant des tensions
internes immensément plus fortes que celles d'aujourd'hui. De ce point de vue,
l'annonce par le premier ministre, Ehoud Olmert, de ce que son plan de
désengagement futur en Cisjordanie n'était " plus à l'ordre du jour ", au motif
que le peuple ne le comprendrait pas, n'augure pas un changement d'attitude à
venir des autorités. Celles-ci restent dominées par ce " culte de la force "
dont l'écrivain David Grossman, qui a perdu un fils dans cette guerre, dit
depuis très longtemps qu'il est, pour Israël, une " tragique erreur ".

SYLVAIN CYPEL
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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