Diaspora Juive : Désaffection pour Israël, Meilleure Préservation de l'Héritage du Judaïsme En Dehors d'Israel
Le sentiment s'accroît parmi les juifs vivant à l'extérieur d'Israël (2/3 des juifs dans le monde) que l'honneur et l'héritage

juifs ont été indiscutablement mieux préservés en diaspora. Ils sont de moins en moins nombreux à signer des chèques en

blanc (au sens propre comme au figuré) à l'état israélien en ce qui concerne sa politique dans les territoires occupés

palestiniens.


Diaspora Juive : Désaffection pour Israël, Meilleure Préservation de l'Héritage du Judaïsme En Dehors d'Israel

Israël ne peut plus compter sur les juifs européens
Quelque soit les résultats du chaos palestinien, des négociations sérieuses avec Israël semblent peu probables. Le scénario le

plus plausible c'est qu'Ehud Olmert procèdera à une délimitation unilatérale des frontières de son pays, absorbant une part

importante des terres palestiniennes et institutionnalisant une telle domination sur la Cisjordanie qu'il sera impossible de

créer un état palestinien.

Si c'est le futur envisagé, les palestiniens comme les israéliens en récolteront les fruits amers. Le monde est loin de vouloir

accepter l'expansion d'Israël, c'est plutôt le contraire. La génération d'européens non juifs pour qui l'Holocauste est un

déterminant de la mémoire est entrain de mourir. Avec eux périt une grande partie de la culpabilité indirecte.

Les plus jeunes européens, sans mentionner le reste du monde, sont plus sceptiques quant aux revendications territoriales

israéliennes. Ils sont moins sensibles aux arguments moraux concernant les horreurs passées qu'il faut redresser, et sur

lesquels reposent les actions d'Israël depuis 60 ans. Nous espérons que cela ne deviendra pas respectable d'être antisémite.

Cependant, Israël découvre qu'il ne peut plus effrayer les non juifs s'opposant à ses politiques en les accusant

d'antisémitisme.

Il y a aussi une évidence croissante d'un désenchantement vis-à-vis d'Israël dans la diaspora juive. Les sentiments ont

changé depuis 1948, époque où les juifs voyaient comme un devoir de soutenir « leur « nation en terre promise que cela fut

bien ou mal, pendant les bons moments comme les mauvais. David Goldberg, l'ex rabbin de la synagogue libérale juive de

Londres vient juste de publier un livre qui va susciter beaucoup de colère en Israël. Intitulé «The divided Self » « le Soi

Divisé », son thème c'est qu'à l'époque moderne les juifs de diaspora ont indiscutablement mieux préservé l'honneur et

l'héritage du peuple juif que les citoyens israéliens.

Goldberg, que je considère comme un ami, rejette le concept sioniste que le seul endroit pour vivre pour les juifs c'est en

Israël. Il discerne une artificialité qui n'est pas saine à propos de cette société construite en Méditerranée depuis 1948 : »

pour s'affirmer elle doit être rigide et inflexible. » Il note qu'alors que la généalogie s'est transformé en enthousiasme

populaire chez les juifs de la diaspora, Israël préfère l'archéologie, « recherchant le passé lointain pour authentifier un lien

ancien avec la terre » en l'absence d'une quelconque revendication plus récente.

Il raconte une histoire drôle sur son retour d'Israël en bateau à Marseille en 1958, après avoir travaillé dans un kibboutz.

Ses efforts pour se faire remarquer par de jolies passagères blondes américaines ont été ruinés par la présence d'un

parachutiste israélien bronzé et musclé, qui sans effort lui a raflé la mise. Quand le bateau est arrivé à Naples où il a fait

escale, ce héro du Sinaï a annoncé qu'il partait acheter une montre. Fait attention aux fausses montres, lui a conseillé

Goldberg magnanime malgré sa défaite sexuelle. Le soldat l'a ignoré et on l'a vu plus tard jeter à la mer un achat sans valeur.

Si nous parlions des chrétiens ici, on parlerai d'une parabole. Goldberg croit qu'Israël s'est laissé aveuglé par ses prouesses

militaires au détriment de la sagesse : » le renard juif connaît beaucoup de choses, le hérisson juif seulement une seule

grande chose. » Ou peut être préférez vous une parole talmudique : « mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort. »

Goldberg définit les vertus des juifs de la diaspora, « s'adapter aux nouvelles circonstances et répondre aux temps qui

changent », termes qui soulèveraient le mépris des israéliens. »Deux mille ans d'impuissance a aiguisé les antennes pour

savoir où se trouve ses propres intérêts, ce qui a cours ou non…L'expérience…d'apprendre à vivre de façon circonspecte

parmi des voisins plus nombreux et plus puissants est une meilleure et plus sûre garantie de survie que les illusions

triomphalistes de quelques 50 ans d'existence en tant qu'état. »

Certains israéliens diraient que cela est le langage du ghetto, reflétant une volonté de différer, de reculer même de ce

pourquoi précisément leur type d'état a été créer : extirper cela du psyché juif. Néanmoins le livre de Goldberg reflète une

volonté déclinante parmi beaucoup de juifs de la diaspora de signer des chèques en blanc à Israël, à la fois au propre comme

au figuré.

C'est une expérience pénible pour certains juifs qui réalisent de grandes choses dans leurs sociétés de se retrouver porter

les fautes de l'état juif. La plupart rechignent à s'exprimer aussi franchement que le fait Goldberg contre la politique

israélienne en Cisjordanie, et comme l'a fait le Grand Rabin John Rayner qui est venu ici d'Allemagne dans le cadre des

transports d'enfants. Mais de génération en génération, la distance émotionnelle entre Israël et la diaspora s'accroît.

D'une certaine façon, cela reflète une situation qu'Amos Oz a prophétisée. « Des gens comme vous » il m'a dit il y a à peu

près 30 ans « qui veulent qu'Israël continue de se conduire comme une société européenne, seront déçus. Israël devient un

pays du Moyen Orient. Dans le futur, j'espère qu'il ne se conduira pas plus mal que les autres pays du Moyen Orient, mais je

doute qu'il se conduise mieux. »

Tant qu'Israël conserve le soutien des Etats-Unis, ses dirigeants peuvent écarter d'un revers de la main l'aliénation non

seulement des non juifs européens mais aussi de plus en plus de juifs européens. Mais si David Goldberg a raison, que les

juifs de la diaspora contribuent aujourd'hui beaucoup plus aux « valeurs universelles » de la civilisation que les gens

d'Israël, alors l'état juif a un problème beaucoup plus profond que celui de ses frontières.

Article de Max Hastings paru le 20 juin 2006 dans le Guardian www.guardian.co.uk Copyright The Guardian. Traduction

bénévole pour information à caractère non commercial par MD pour Planète Non Violence.

Note (1)

Recemment plusieurs dirigeants d'organisations juives américaines et sionistes israéliennes ainsi que des intellectuels

originaires principalement des deux pays se sont réunis à Wye Plantation Maryland USA pour discuter de la survie du peuple

juif, comme ils le font régulièrement sous les hospices de "The Institute for Policy Planning of the Jewish People". Les

conclusions de l'un des documents presenté, écrit par le Dc Shalom Wald, utilisant des theories d'historiens connus tels

Thucydides, Gibbon, Spangler, Toynbee, Kennedy sur la survie des peuples et civilisations a provoqué la fureur des sionistes.

En effet, l'une de ses conclusions c'est que le fait de vouloir rassembler le peuple juif dans un même endroit en l'occurence

l'état sioniste israélien (définition de l'idéologie politique nationaliste sioniste) n'était certainement pas le meilleur moyen

d'en assurer la survie. Les sionistes israéliens présents dont Sallai Meridor, ancien directeur de l'Agence Juive (organisation

sioniste israélienne para étatique dont le rôle principal est de faire émiger les juifs en Israel) se sont élevés contre ceci en

disant qu'accorder une légitimité officielle à la diaspora serait une erreur, ce serait la fin du sionisme tel qu'il se définit et

se projette en actions actuellement. Craignant la fin de l'hégémonie occidentale et plus particulièrement américaine (là où se

trouve le plus grand nombre de juifs) d'ici deux decennies environ, et ses conséquences dramatiques pour le peuple juif, ils

ont conseillé de développer des liens plus étroits avec des pays émergeants comme l'Inde et la Chine, non point par

préférence ou lien particulier avec ces deux pays mais pour une question de survie, afin d'être fin prêt pour le futur. Des

informations transmises, il ressort entre autres, qu'à l'heure actuelle la croissance en terme mondial du peuple juif est égal à

zéro. (source haaretz.com 23/06/06)

Note (2)

Actuellement, entre 600 000 et 1.000.000 d'israéliens vivent à l'étranger dont une grande partie aux Etats Unis (New York,

Miami, Los Angeles, San Francisco) ainsi qu'en Grande Bretagne (Londres) au Canada (Toronto). S'il y a eu une grande vague

d'immigration (Alya) vers Israel dans les années 90 en provenance de l'ex Union Soviétique, cette source d'immigration s'est

tarie, et ces dernières années on a pu observer un phénomène inverse avec certains de ces nouveaux émigrants repartant

notamment en Russie. L'immigration des juifs d'Europe de l'Est vers l'Allemagne durant ces années a, elle aussi, été

conséquente grâce notamment à des mesures d'aide à l'immigration et l'intégration offertes par le gouvernement allemand. En

conséquence, la diaspora juive en Allemagne s'est vraiment développée à tel point que les sionistes israéliens ont fait

pression, avec succés, sur le gouvernement allemand pour qu'ils cessent ces aides. Le gouvernement israélien évoque rarement

ce flux migratoire d'Israel vers d'autres pays, (les israéliens qui partent sont appelés Yordim, ceux qui descendent, par

opposition aux Olim, ceux qui montent s'installer dans l'état sioniste), et pour cause! L'existence de l'état sioniste a toujours

fonctionné grâce à ces flux migratoires vers Israel, parfois volontaires, parfois provoqués (attentats à la bombe attribués au

Mossad, services secrets israéliens, contre des lieux de culte), comme ce fut le cas pour les irakiens juifs. (sources presse

israélienne en ligne)

Au Nom de la Torah - Une Histoire de l'Opposition Juive au Sionisme
http://www.planetenonviolence.org/Diaspora-Juive-Desaffection-pour-Israel,-Meilleure-Preservation-de-l-Heritage-du-Juda

isme-En-Dehors-d-Israel,2006-06-22_a863.html