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 L’Iran, puissance aux pieds d’argile, par Mohammad-Reza Djal

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mihou
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mihou


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08082006
MessageL’Iran, puissance aux pieds d’argile, par Mohammad-Reza Djal

L’Iran, puissance aux pieds d’argile, par Mohammad-Reza Djalili.
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8 août 2006


Le Courrier, samedi 5 Août 2006.


Sous la houlette de Mahmoud Ahmadinejad, l’Iran n’a jamais paru aussi influent. Mais la politique du nouveau président a un coût.


Il y a un an, Mahmoud Ahmadinejad prêtait serment en tant que président de la République islamique. Cet homme à la courte barbe est devenu le visage - inquiétant - de l’Iran, même s’il est loin d’en détenir toutes les commandes. En pleine controverse sur le nucléaire et au moment où le conflit fait rage entre Israël et le Hezbollah, nous avons demandé au professeur Mohammad-Reza Djalili, de l’Institut universitaires des hautes études internationales, lui-même iranien, ce qu’il pense de la première année de l’ère Ahmadinejad.



Quel bilan tirez-vous du règne d’Ahmadinejad ?

Mohammad-Reza Djalili : L’ancien maire de Téhéran a été élu sur la promesse d’augmenter le niveau de vie des classes les plus défavorisées et de lutter contre le chômage. Un an après, il est difficile de déceler une évolution positive sur ce plan. Le paradoxe iranien, c’est que l’Etat engrange des revenus considérables grâce à la hausse du prix du pétrole mais ne parvient pas à relancer son économie. Officiellement, le chômage touche 12% de la population, le double, selon les économistes iraniens. Dans cette morosité, le voeu le plus cher des jeunes diplômés est de quitter le pays. Tout au long de l’année, les grèves se sont multipliées. Certaines ont été durement réprimées, comme le mouvement des conducteurs de bus de la capitale l’hiver dernier. Le président du syndicat se trouve d’ailleurs toujours derrière les barreaux. Face à ce malaise social, M. Ahmadinejad continue de réunir son gouvernement dans divers provinces d’Iran, pour montrer qu’il est proche des préoccupations de la population. Mais les Iraniens s’impatientent et commencent à critiquer le coût de ces déplacements.


Quelles ont été les mesures fortes prises par le gouvernement ?

Alors que M. Ahmadinejad a déclaré vouloir abandonner la faible propension à privatiser du gouvernement précédent, le guide de la révolution, Ali Khamenei, a prôné l’exact opposé. Cinquante économistes parmi les plus en vue ont récemment publié une lettre ouverte dénonçant l’indécision et l’incurie du gouvernement et de l’administration, au sein desquelles M. Ahmadinejad a placé ses proches, issus comme lui des milices islamiques. Il y a aussi les craintes que suscite l’Iran auprès des investisseurs en raison de sa politique étrangère très agressive et du discours antisioniste et révisionniste de son président. Pour ne prendre que l’exemple de la Suisse, l’UBS et le Credit Suisse n’acceptent plus de clients iraniens. Au-delà des sommes en jeu, cette décision contribue au sentiment général d’insécurité économique.


Ahmadinejad avait annoncé la fin de l’ère de libéralisation entamée par son prédécesseur. A-t-il tenu parole ?

Depuis une année, la presse réformatrice a quasiment disparu. Les titres qui paraissent encore pratiquent une grande autocensure. Des journalistes continuent d’être emprisonnés. Le régime porte aussi une attention particulière à Internet, avec des méthodes de censure de plus en plus sophistiquées et en poursuivant des auteurs de blogs, dont les Iraniens sont très friands. Ces derniers temps, on constate énormément d’arrestations dans les milieux étudiants.


Et dans le domaine des moeurs ?

Au début, Ahmadinejad n’a pas osé s’aventurer sur ce terrain, car les mesures sont très impopulaires. Mais les informations que je reçois montrent un regain d’activité de la police des moeurs contre les jeunes filles habillées de façon peu islamique.


Ahmadinejad a toutefois proposé que les Iraniennes aient accès aux stades de foot ?

En Iran, le football est extrêmement populaire. Un président tel que M. Ahmadinejad ne pouvait pas laisser passer une telle occasion. Mais concrètement, rien n’a changé puisque le clergé a mis son veto.


A vous entendre, on a l’impression qu’il y a un monde entre les Iraniens et leur dirigeants.

Le président ne correspond pas à l’image que la majorité des Iraniens ont d’eux-mêmes.


Comment expliquer ce décalage ?

Le discours antisioniste et négationniste de M. Ahmadinejad ne s’adresse pas tant aux Iraniens, qui en ont été rassasiés sous Khomeiny, mais à la rue arabe et au-delà au monde musulman. Pour cette audience-là, le président iranien dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Dans son pays, en revanche, les propos du président ont peu d’écho. Bien sûr que l’antisémitisme existe. Mais les Iraniens n’ont pas de contentieux majeur avec Israël, ni avec la communauté juive d’Iran, qui reste la plus importante du Moyen-Orient. Au contraire, les Iraniens n’oublient pas que Yasser Arafat a pris parti pour Saddam Hussein lors de la guerre Iran-Irak.

En visite à Téhéran, un journaliste américain de confession juive a récemment fait remarquer à un responsable iranien que l’Etat hébreu - « cet appendice colonial », selon la terminologie officielle - n’existerait certainement pas si Cyrus, fondateur de l’Empire perse, n’avait pas libéré les Juifs à Babylone.


Quel est le but poursuivi par Ahmadinejad ?

M. Ahmadinejad suit la voie tracée par Khomeiny, en se faisant le porte-parole révolutionnaire du monde musulman.


Cela marche plutôt bien...

Oui, mais le terrain est très favorable. Songeons à l’enlisement des Américains en Afghanistan et en Irak, à la victoire du Hamas dans les territoires palestiniens ou à la percée des Frères musulmans en Egypte. Mais cette politique coûte très cher du point de vue intérieur. Le pays se retrouve de plus en plus isolé, comme en témoigne le vote, lundi, du Conseil de sécurité, qui a sommé l’Iran de stopper ses activités d’enrichissement de l’uranium. La Russie et la Chine, des pays pourtant réputés très proches de l’Iran, ont voté avec les Occidentaux. De toute évidence, la posture agressive de l’Iran nuit à sa position sur le dossier nucléaire. Car on associe désormais les projets de l’Iran à la destruction d’Israël.


Existe-t-il un consensus en Iran à propos de l’accession au nucléaire ?

Il y en a un uniquement parce que le régime fait vibrer la fibre nationaliste des Iraniens. Comment se fait-il que le Pakistan, pays beaucoup plus jeune et pauvre, ait le droit au nucléaire ? Sans parler d’Israël ! Mais s’il y avait un débat contradictoire, les Iraniens s’interrogeraient sur les raisons qui poussent leur gouvernement à investir des fortunes dans l’énergie nucléaire, alors que le pays dispose des deuxièmes réserves mondiales d’hydrocarbures. Dans le même temps, Téhéran importe pour 5 à 6 milliards de dollars d’essence par an. Les achats se font aux prix internationaux, alors que dans le pays les tarifs à la pompe sont extrêmement bas. En fait, l’Etat subventionne ses automobilistes. Un extraordinaire non-sens économique.

Il n’y a pas davantage de débat sur la sécurité des installations. L’Iran est assis sur l’une des zones sismiques les plus instables du globe, et la future centrale nucléaire de Bushehr est conçue par la Russie, l’inventeur de Tchernobyl !


L’Occident peut-il encore espérer empêcher la République islamique de se doter de l’arme atomique ?

L’Iran n’a officiellement pas d’intentions cachées. Mais il est quasiment certain que les investissements massifs dans le domaine civil ouvrent le chemin au nucléaire militaire. Les experts divergent sur le temps qu’il faudra à l’Iran pour acquérir l’arme atomique. Leurs estimations varient de quelques années à une décennie. A les écouter, les responsables iraniens sont surtout tentés par la bombe depuis l’invasion de l’Irak. Leur analyse stratégique est la suivante : si Washington a attaqué l’Irak, c’est bien parce que Saddam Hussein ne disposait pas d’armes de destruction massives. L’accession au rang de puissance nucléaire offrirait, dans ce contexte, la garantie contre toute intervention extérieure.


Croyez-vous à des frappes contre l’Iran pour stopper ou retarder son programme nucléaire ?

Le risque existe, même si le contexte actuel n’est en rien favorable à des opérations américaines ou israélo-américaines. En revanche, je crois que si des sanctions sont votées par le Conseil de sécurité, elles viseront à réduire les échanges commerciaux pouvant contribuer au développement du programme nucléaire iranien. Mais si cela ne marche pas, la porte sera alors ouverte pour d’autres mesures.


Le Hezbollah ? « Davantage qu’une création de l’Iran »


Quelle est l’emprise du régime iranien sur le Hezbollah ?

Les Iraniens ont contribué très directement à la création du mouvement, à son idéologie, à son développement et à son armement. Le Hezbollah est toutefois bien plus qu’une émanation de Téhéran. Il s’est enraciné dans la réalité libanaise, où la communauté chiite est la plus nombreuse et aussi la plus pauvre. Les liens entre les communautés chiites du Moyen-Orient sont surtout d’ordre religieux. Le Hezbollah reconnaît l’autorité du guide de la révolution. De part et d’autre des frontières, les mollahs se connaissent bien, ils ont été formés dans les mêmes écoles. Les familles peuvent avoir une branche libanaise, irakienne ou pakistanaise.


La capture des deux soldats israéliens a-t-elle pu être décidée à Téhéran ?

Je suppose que le gouvernement iranien - et encore moins celui du Liban - n’était pas au courant de l’opération du Hezbollah. Cela dit, les coïncidences sont troublantes. Le 12 juillet, jour de l’enlèvement des deux soldats, les Européens décidaient de renvoyer le dossier du nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité.


Assiste-t-on à un conflit entre Iran et Etats-Unis par Hezbollah et Israël interposés ?

Certains ont même évoqué une similitude avec la guerre d’Espagne, qui a précédé la Seconde Guerre mondiale. Israël se considère en conflit indirect avec l’Iran. En affaiblissant le Hezbollah, l’Etat hébreu se dit qu’il réduit les capacités d’interférence de la République islamique. Le raisonnement se tient. Cependant, à ce stade des opérations, on constate que le mouvement chiite n’a jamais été aussi populaire dans le monde arabe, y compris auprès des sunnites. Toute la question est de savoir si le Hezbollah ne sortira pas, au contraire, renforcé de la crise.

Propos recueillis par Simon Petite


- Source : Le Courrier de Genève www.lecourrier.ch


http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=3968
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