OK un mot wolof ? Africanisms, une présence africaine dans l’anglais contemporain
29/06/2006
Des mots africains dans l’anglais américain? Oui et un bon nombre nous disent les linguistes, Joseph E. Holloway* en particulier qui s’est penché sur ce legs. Si des termes comme «doggies» qui signifie en anglais «little something» ou «something small», quelque chose de petit en français provient de kidogo c’est que vers 1880, explique l’universitaire, un cow-boy sur cinq était noir. Ainsi les habitudes des bergers fulani se sont retrouvées dans la culture du cow-boy. La culture wolof a vite influencé l’anglais américain et britannique. Ce peuple arrive aux USA au 17 siècle, beaucoup de ses membres sont utilisés comme esclaves domestiques, d’autres servent d’interprètes le long des côtes africaines et transmettent les mots de leur langue désignant l’alimentation des captifs, «yams», «banana»…
Le mot OK ou «okay» est probablement l’africanisme -influence africaine dans l’anglais- le plus populaire aujourd’hui. C’est vers 1830 que son usage commence à se répandre d’abord dans les communautés noires de Jamaïque, du Surinam, en Caroline du Sud. En fait ses premières attestations en Amérique dateraient de 1776 au plus tard. En wolof, il tire son origine de waw kay qui signifie «all correct», traduisons tout est bien, correct.
En Mande il se rapproche de O Ke, que l’on traduirait en anglais par «that’s it», «all rignt», «c’est cela», «c’est juste».
Le mot «dig», «dig this man» vient lui aussi du wolof dega, qui veut dire «look here» ou «understand», comprendre, utilisé généralement en début de phrase. Dans les années 1960, dig signifie dans l’anglais parlé des Africains Américains «understand», «comprendre», ainsi que dans l’expression wolof dega nga olof, voulant dire : «comprenez-vous le wolof ?».
Les esclavisés africains vont reproduire certains titres d’autorité à l’endroit des maîtres blancs. Dans le Mali ancien, le souverain était appelé le Mansa, qui donnera « ma[n]sa », terme utilisé par les Africains pour appeler leur propriétaire, de là est venu master.
Le mot bad procède également d’un africanisme qui consiste à traduire un fait extrêmement positif par une expression, négative, ce qui est bien devenant très mauvais littéralement mais signifiant le contraire. Cette façon d’utiliser le négatif, que l’on retrouve dans l’expression popularisée par Micheal Jackson «I’m bad» et qui est passée dans le français par l’expression grave, -il est grave ou il est trop bien …- est caractéristique des langues africaines de l’ère bantu comme de l’ère sahélienne.
Aussi surprenant que cela puisse paraître de nos jours, les Africains aux Amériques ont beaucoup plus influencé la culture de ce continent que l’on ne l’imaginait il y a des décennies. En plus du travail des champs, de la construction matérielle, ils ont apporté tout un héritage qui s’est fondu dans l’ensemble américain en gardant souvent des spécificités africaines évidentes. Les musiques noires américaines en témoignent encore. Ok ?
Lire: The Impact of African Languages on American English de Joseph E. Holloway, Ph.D. California State University Northridge
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1301
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