COMMENT BANJUL DOIT SAUVER L’AFRIQUE
La jeunesse africaine est fatiguée des querelles inutiles qui ont lieu à chaque conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement du continent. Aujourd’hui, la jeunesse africaine est très préoccupée de son avenir incertain. Des raisons fondamentales, mais surtout vitales expriment cette préoccupation. La régression de son niveau social , engendrée par un chômage endémique qui affecte son existence et surtout sa dignité, est jugée intolérable. Les milliers d’Africains qui fuient régulièrement les misères du continent à la recherche d’un éventuel eldorado, sont souvent confrontés à de réalités inconnues et dramatiques : depuis le début de l’année en cours, des centaines d’Africains ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée, à bord de pirogues de fortune. Et cette situation ne cesse de se répéter. Le drame de ces frères et soeurs, dont on aura jamais la possibilité de découvrir les visages, doit interpeller la conscience de nos Chefs d’Etat et de Gouvernement. Au profit de quels biens suprêmes gouvernent-ils nos pays en ignorant totalement la sécurité et le bien-être de leurs gouvernés ?
L’émigration ne peut être un facteur déterminant de notre devéloppement dans la mesure où l’Afrique renferme tout le nécessaire pour sa relance économique, politique et sociale. La Conférence de Banjul doit se pencher sur des choses concrètes : l’élimination de tous les facteurs de migrations massives. Ainsi, le problème de la coopération au devéloppement doit être affronté par les instances continentales. L’ancienne coopération internationale est la mère des rébellions armées et de la prise de pouvoir par la force. Ces deux facteurs négatifs, déstabilisateurs de nos équilibres socio-politiques, sont sources de fortes migrations en Afrique. A Banjul, les Chefs d’Etat doivent sortir de leur cécité politique sur cet argument, en renforçant au contraire la Coopération inter-africaine qui est le vrai moteur inexploité de notre changement. A Banjul, il sera nécessaire de mettre à disposition des Africains, la possibilité de prendre connaissance des structures qui les gouvernent. Ainsi, l’Union Africaine doit organiser des visites, soutenues par des bourses d’études, à son siège en Ethiopie. Des conférences et des débats dans toutes les Universités et grandes écoles sur le bien fondé d’une coopération inter-africaine seraient également les bienvenus.
Le renforcement des relations entre les peuples d’Afrique, quel que soit le pays colonisateur, est la condition sine qua non pour changer totalement l’image d’un continent toujours en guerre, méprisé injustement par l’extérieur, mais aussi par ses propres fils indignes et sans moralité. Banjul doit relancer l’Afrique de l’optimisme, l’Afrique démocratique et jalouse de ses Institutions, l‘Afrique qui gagne dans tous les domaines ; certains arguments doivent y avoir la primauté dans les débats : le Nepad, le Parlement africain, la décentralisation, l’harmonisation de la politique énergétique, la création d’un Tribunal Pénal Permanent et Indépendant, l’institution d’un Centre Africain d’Etudes Démocratiques, la lutte contre la corruption politique et économique, une majeure implication de la BAD dans la gestion économique et financière de nos Etats, l’harmonisation de la politique monétaire, sans oublier, surtout, la lutte contre les grandes maladies qui font de l’Afrique le continent le plus malade de la planète.
Nous sommes persuadés que la Conférence de Banjul marquera le début de la lutte d’émancipation de la jeunesse africaine, fatiguée de subir les injustices. Cette lutte pour la liberté doit obligatoirement accompagner notre aspiration à une vie meilleure. On ne peut pas construire une nation dans le désordre et l’anarchie. On ne peut développer nos pays en se basant sur des théories importées qui n’ont rien en commun avec nos réalités en Afrique. En cela, nous faisons appel à tous les dirigeants africains, démocrates et dictateurs pour qu’enfin, les intérêts du continent soient préservés vis-à-vis de toutes autres considérations. La jeunesse africaine veut entendre parler de démocratie, de respect des droits de l’homme (dans le vrai sens), de sécurité alimentaire, d’éducations, de création d’emplois, de justice, mais aussi et surtout de liberté. Cette liberté qui doit nous guider dans nos futures actions pour une Afrique digne, respectueuse et solidaire. Nous sommes tout de même conscients des difficultés à gérer la liberté, comme l’exprimait déjà feu Kwame N’krumah, l’apôtre du Panafricanisme : « La liberté, en effet, n’est pas un bienfait qu’on « donne » à ceux qui ne l’ont pas quand ils le demande. C’est une glorieuse recompense, le limineux trophée de la lutte et du sacrifice. Or la lutte ni les sacrifices ne cessent une fois que la liberté est acquise. L’ère de la servitude laisse derrière elle des factures plus lourdes que ce qui a déjà été pris... Nous devons veiller jalousement sur notre liberté chèrement conquise et les protéger contre les desseins cupides de ceux qui voudraient à nouveau nous imposer leur volonté. »
Emmanuel T. Zagbla
ezagbla@yahoo.com
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