300 000 millions de francs et un enfant «caché» au Japon ? Chirac, le Grand Manitou de la Françafrique tient son rang !
15/05/2006
La France de la fin de règne chiraquien est sous les secousses des nombreuses affaires qui ont rythmé et assuré pendant des décennies les matelas électoraux et financements occultes de la classe politique, et en particulier l’itinéraire du chef de l’Etat lui-même. D’affaires complexes de commissions frauduleuses dans les ventes de frégates à Taiwan, on en arrivé à des listes -rappelant un peu les listes camerounaises des fonctionnaires milliardaires et présumés homosexuels de la république-, plus ou moins bidouillées, dévoilant des supposés comptes en banque suspects à l’étranger d’une brochette d’hommes politiques français de premier plan.
Le meilleur n’était encore qu’à venir. Le 28 mars 2006, l’ancien as de l’espionnage français, le général à la retraite Rondot par le passé très proche de l’Elysée, entendu par la justice dans le cadre de l’affaire Clearstream, du nom de la banque luxembourgeoise qui aurait été utilisée pour les commissions occultes des personnalités notamment politiques, a lâché une bombe …! Que presque personne n’a osé publié : courageuse et rageuse presse responsable et révérencieuse.
Toute la presse donc, sauf un impertinent satirique, «Le Canard enchaîné» du 10 mai, a fait silence sur la déposition du général aux juges Jean-Marie d’Huy, et Henri Pons. Selon cet ancien espion à la langue bien pendue, qui avait été chargé d’enquêter sur un éventuel complot de la DGSE [services secrets extérieurs] contre le président de la république quelques mois avant la présidentielle de 2002, Chirac serait titulaire d’un compte en banque de 300 millions de francs à la Tokyo Sowa Bank alimenté par une mystérieuse «fondation culturelle». Le satirique déchaîné révèle aussi que le président aurait un enfant «caché» au Japon, deux causes qui pourraient expliquer, mieux qu’une «abracadabrantesque» passion pour les Sumo ou en sus d’elle, sa surprenante cinquantaine de voyages au pays du Soleil Levant.
Le French mic-mac de Clearstream débouche non pas sur un clair obscur mais sur une réévaluation des pratiques et de l’éthique politique indispensable à tout hiérarque de la Françafrique. Certes nul n’a jamais pu s’illusionner longtemps sur les performances en transparence électorale de M. Chirac et de sa génération, depuis les électeurs fantômes de la Mairie de Paris, le bataillon de chargé de mission fictifs de cette administration qui employait grassement des cadres du RPR -ancien UMP-, les frais de bouche, le financement occulte des campagnes électorales, etc.
On est donc rassuré ! La boutique élyséenne n’a pas changé son homme. Un françafricain qui a goûté à tous les éléphants et dinosaures du continent mère, des Houphouët Boigny, Mobutu, Bongo, Eyadema, Sassou Nguesso, Biya, Diouf etc. est nécessairement du même métal qu’eux.
Cette affaire emblématique de la corruption politique à la française, dévastatrice à gauche comme à droite de l’échiquier politique, montre à quelle enseigne les clientélismes, les affairismes, la corruption sont en partage entre les régnants de la Françafrique. A ceci près, nuance de taille, que le pays centre est lui un pays riche, jouissant d’instituons qui pour le commun des mortels fonctionnent efficacement, en gros, et l’opulence relative y est mieux vêtue que le rationnement.
Un enfant «caché», une rumeur sur laquelle la DGSE aurait enquêté, déçoit un peu dans la norme quantitative africaine de la Françafrique ; cela ressemblerait, sous réserve d’inventaire, à une espèce de sous activité sportive présidentielle ! M. Chirac a sur cette base pas mal de kilométrage à combler face aux réputés féconds Sassou ou Bongo Ondimba. A l’inverse, les discours sur la transparence, les bonnes pratiques, la réforme et les bienfaits de la lutte contre la corruption gagneraient à se faire moins visibles, sinon trop risibles, en direction des amis personnels d’Afrique.
Une confirmation que les Africains à la recherche de nouveaux modèles de société, devraient outre leur histoire de plus de cinq mille ans, apprendre des expériences autres que franco-colofrançaises et s’ouvrir à la diversité des civilisations planétaires.
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Afrikara