Indépendance du Venezuela
Le 5 juillet 1811, le Venezuela est la première colonie espagnole d'Amérique à devenir indépendante.
Le pays s'étend autour du vaste delta marécageux de l'Orénoque. Abordé par Christophe Colomb lors de son troisième voyage, il doit son nomà Amerigo Vespucci, celui-là même qui a donné son... prénom au continent américain !
L'explorateur florentin l'a appelé Venezuela («petite Venise» en italien) par analogie avec la célèbre lagune.
L'importation d'esclaves noirs conduit au développement de grandes plantations de cacao et à la formation d'une société métisse et très inégalitaire.
Une révolution créole
En 1776, la colonie forme avec Trinité-Orénoque (Trinidad-Orinoco) et la Nouvelle Andalousie (Nueva Andalucia) la capitainerie générale du Venezuela. Sa capitale est Caracas.
Lorsque les troupes de Napoléon occupent l'Espagne et renversent la monarchie légitime, en 1808, la colonie du Venezuela est amenée par la force des choses à se gouverner toute seule, sans en référer à Madrid.
Cela donne à la bourgeoisie blanche (ou «créole») de Caracas, l'idée de s'émanciper complètement de la tutelle coloniale... À l'imitation des États-Unis.
Le petit peuple, toutefois, se tient en retrait de ce mouvement, par attachement au roi Ferdinand VII et surtout dans la crainte d'être davantage exploité par les futurs dominants.
De l'insurrection à l'indépendance
Francisco de MirandaFrancisco de Miranda, un officier qui a combattu aux côtés des insurgés nord-américains puis des révolutionnaires français, tente une première insurrection en 1806 mais, battu, il doit s'exiler.
Le 19 avril 1810, la municipalité insurrectionnelle de Caracas enlève le pouvoir au capitaine général, le représentant officiel de Madrid.
Les grands propriétaires, cependant, se ménagent une solution de repli en se prononçant «pour le maintien des droits de Ferdinand VII».
Signature de l'indépendance du Venezuela (hôtel de ville de Caracas)Une Société patriotique et du peuple réfléchit à l'avenir du pays. Aux débats assiste un jeune homme promis à un grand avenir, Simon Bolivar (27 ans), de retour de Londres où il a tenté d'obtenir le soutien du gouvernement à la junte de Caracas.
Bolivar, qui plaide en faveur d'une indépendance totale, convainc Miranda de rentrer d'exil et de se joindre à lui.
Les débats débouchent sur un Congrès qui réunit les représentants des sept provinces du pays à Caracas, à partir du 2 mars 1811.
Le 5 juillet 1811, un vote des congressistes donne la victoire aux indépendantistes et un Acte d'indépendance est rédigé dans les heures qui suivent.
Guerres intestines
Miranda (60 ans) prend la direction des affaires comme général en chef mais pour peu de temps. Il doit capituler à San Mateo face aux royalistes le 25 juillet 1812.
Bolivar, devenu son rival, ne lui laisse pas le loisir de se retirer. Il le fait arrêter peu après et le livre aux Espagnols le 30 juillet 1812. Miranda finira sa vie en prison.
Portrait en majesté de Simon BolivarLe 6 août 1813, Bolivar s'empare de Caracas et reçoit de la municipalité le titre de «Libertador» (le Libérateur).
Bien qu'admirateur des institutions britanniques, il devient dictateur et tente d'imposer son autorité par une répression brutale, une bonne partie de la population demeurant opposée à l'indépendance.
La guerre civile et les méthodes cruelles de Bolivar favorisent le retour des Espagnols. Battu, Bolivar s'enfuit à la Jamaïque puis à Haïti en mai 1815.
L'année suivante, il reprend la lutte avec l'aide intéressée des Anglais. Débarquant à Angostura (aujourd'hui Ciudad Bolivar), il s'empare de la région de l'Orénoque.
Enfin, par une opération d'une grande audace, il franchit les Andes avec ses troupes et tombe par surprise sur les Espagnols à Boyaca le 7 août 1819.
Il entre à Bogota, capitale de la colonie de Nouvelle-Grenade (aujourd'hui la Colombie), et fédère celle-ci avec le Venezuela.
De celui-ci, Bolivar chasse définitivement les Espagnols par sa victoire de Carabobo, le 24 juin 1821, qui lui permet d'entrer en vainqueur à Caracas.
L'horizon du «Libertador» dépasse désormais le seul Venezuela et embrasse l'ensemble de l'Amérique hispanophone... Il ne va avoir de cesse de libérer l'ensemble de celle-ci et de l'unifier, ce en quoi il va échouer.
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