dimanche 28 mai 2006 (18h19) :
Le mensonge contre Cuba a des buts politiques flagrants
Traduction Gaston Lopez
Commandant Fidel Castro : Abel, tu as la parole.
Abel PRIETO , ministre de la culture : Merci, Commandant. A partir de l’invitation que nous a fait le Commandant d’analyser ce thème et des rencontres que nous avons eues avec lui, vraiment émouvantes et très utiles et, au moins pour moi, extraordinaires, (ce fut réellement un privilège de faire partie de cette équipe ces deux nuits.) je me demandais, et je l’ai demandé à Fidel, quelle pourrait être ma contribution à une analyse collective de ce sujet.et finalement, j’ai pensé que mon apport pourrait être d’essayer ici, pour notre peuple et pour les personnes qui dans le monde pourraient s’intéresser à ce sujet, de placer cette calomnie, cette infâmie que lança la revue « Forbes » dans un contexte plus général, c’est à dire dans une analyse faite à Cuba et dans beaucoup d’autres lieux, de la manipulation médiatique. Et c’est réellement un privilège, Commandant, d’avoir ici, comme on l’a dit, une des figures les plus marquantes des études sur cette machinerie de mensonge et de calomnies qui est l’ami Ramonet.
L’emploi du mensonge de la part de la réaction et de la part de l’Emire n’est pas nouveau. L’utilisation à but politique de mensonges flagrants, impudiques, comme dans le cas qui nous occupe, sans aucun fondement, n’est pas nouveau ni isolé. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le mensonge fait systématiquement partie du projet hégémonique, le renouvellemlent du mensonge est une arme quotidienne, c’ est la partie essentielle de ses tactiques et de ses stratégies pour créer des crises artificielles, détruire, justifier des agressions, des actes barbares, des génocides, pour laver l’image des Etats-Unis et de ses alliés et pour discréditer ses ennemis.
Ce mensonge quotidien est en rapport avec un processus que Ramonet lui-même a expliqué dans différents articles et essais. : la concentration qui s’est produite ces derniers temps dans l’industrie de l’information et de la communication, sous le contrôle de personnes et de groupes aux mains de personnes multimillionnaires, très à droite, très réactionnaires, (il parlait de ce qui se passe en France avec quelques-uns de ces groupes compromis dans le projet hégémonique avec les pires causes), et réellement, aujourd’hui, nous pouvons dire qu’ils sont très peu, ceux qui décident de ce qui se divulgue dans le monde, de ce que les gens doivent connaître. C’est ce peu de personnes qui décident comment donner cette nouvelle ou qui décident de garder le silence. Ce qui veut dire que la liberté d’expression, la pluralité informative , le désir de vérité, toutes ces phrases si belles, sont aujourd’hui une véritable plaisanterie pathétique au regard de ce qui se passe. C’est une réalité. : la machinerie médiatique suit au pied de la lettre l’agenda des riches, des privilégiés, de l’Empire. Il y avait des lois dans certains pays, cela a aussi été discuté, qui interdisaient la concentration de l’industrie de la communication en un petit nombre de mains. Mais ces lois ont été démantelées et récemment, il y a eu un grand débat au Mexique sur la loi sur les médias, un débat terrible. Cette loi a été démantelée et des groupes extrêmement puissants de manipulation et de désinformation se sont créés.
Evidemment, Forbes, comme l’a dit Soberon, est l’un de ces magnats des médias, un parmi le peu de personnes qui ont une influence sur l’opinion publique. Mais il disait aussi avec raison qu’il n’est pas seulement un homme avec beaucoup d’argent, propriétaire de moyens de communication et avec des idées de droite, c’est en même temps, sans doute, un homme qui est lié au groupe fasciste qui aujourd’hui est au pouvoir et à la CIA.
J’ai oublié d’apporter le livre de Frances Stonnor Saunders, une étudiante britanique, sur les machinations de la CIA dans le monde de la culture et de l’information Roberto Fernandez Retamar, qui est là-bas, a une excellente opinion de ce livre Nous l’avons publié ici, il y a deux ans, et il s’appelle :« La CIA et la guerre froide culturelle ». On y analyse l’opération Radio Europe Libre et ce qui s’est passé avec ce qu’on a appelé Radio Liberté, qui étaient des instruments créés par la CIA à l’intérieur de ce groupe que Soberon a mentionné, qui s’appelle « Groupe de Transmissions Internationales », c’est à dire qu’il s’agit d’un homme, sans doute, lié aux services secrets et lié à cette tradition fascisante des néo-conservateurs qui aujourd’hui trouve son expression la plus accomplie dans le petit groupe de Bush.
J’ai passé tout le dimanche à chercher sur internet des articles, des matériaux pour vous apporter quelques exemples de mensonges aussi grossiers que cette chose barbare que Forbes a montée, de mettre Fidel parmi les plus riches , et toute cette construction monstrueuse, et j’ai trouvé des centaines d’exemples. J’en ai demandé à quelques amis, j’ai demandé à Omar Gonzalez qu’il m’envoie des articles, à Iroel ; quelques amis ont cherché et m’ont envoyé aussi des centaines d’exemples de mensonges flagrants qui ont été utilisés dans des buts uniquement politiques ou pour diaboliser l’adversaire, ou pour blanchir l’image des atrocités que commet l’Empire, ou pour les légitimer.
Il existe une figure fondamentale, Noam Chomsky, le grand intellectuel nord-américain, cet homme qui, comme dirait Marti, porte en lui l’honneur de tous. Réellement, c’est quelqu’un qui sauve la morale des Etats-Unis, quotidiennement, avec ses principes, son désir de vérité, sa valeur intellectuelle, morale et politique,et il a écrit des livres fondamentaux sur ce sujet.
J’ai tiré de ses livres quelques-uns des exemples qu’il analyse. Il y en a un qui est en rapport avec Cuba, Commandant, je vous en ai parlé. C’est un exemple qui serait risible et qui, d’une certaine façon est et continue d’être risible bien qu’il s’agisse d’un terroriste, d’un ex-membre des forces de répression de Batista, Armando Valladarès nous avons ici Julio Garcia Espinosa, tous les compagnons savent qui a été ce personnage un soi-disant prisonnier politique, un soi-disant dissident, un soi-disant poète et un soi-disant invalide. J’ai retrouvé la phrase que disait Régis Debray, si nous avons du temps, nous y reviendrons, Régis Debray qui fut un de ses supporters, tout étonné de voir marcher l’invalide . Le livre de poèmes qui avait évidemment été écrit par quelqu’un, s’appelait : « De mon fauteuil roulant » et nous l’avons vu sur les vidéos tout recroquevillé, la propagande médiatique a transformé en tout cela un vulgaire terroriste, une personne qui posait des bombes dans les cinémas, ici, à La Havane, au début de la Révolution...ils en ont fait tout cela... Chomsky dit que, quand on a publié les mémoires de Valladarès, en mai 86, il y eut un grand scandale médiatique aux Etats-Unis et cette même année Reagan lui rendit hommage à la Maison Blanche, le jour des droits de l’homme. Cela aussi a eu un terrible impact.
Bon, rappelons que Reagan nomma Valladarès ambassadeur des Etats-Unis à la Commission des Droits de l’Homme de Genève.
Personne n’a parlé de l’énorme quantité d’atrocités , d’imbécilités, d’inventions, de mensonges, qu’on trouvait dans le livre de Valladarès. Personne n’a parlé de cette farce, une chose tellement spectaculaire... la presse nord-américaine qui aime tant le sensationnel n’a jamais parlé de la farce du soi-disant paralytique, alors qu’ils auraient pu en profiter...
Mais pendant que l’on exaltait ce personnage retors et médiocre, au Salvador où sévissait un régime terroriste pro-yankee, d’innombrables conseillers militaires, d’innombrables tortionnaires spécialement formés ,( maîtrise, doctorat, tout cela,) par les yankees, avaient enlevé pratiquement tous les membres de la direction d’une organisation non gouvernementale des droits de l’homme et son président Herbert Anaya, qui fut ensuite assassiné.
Tous ceux qui dénonçaient les violations systématiques des droits de l’homme au Salvador furent pris et torturés dans une prison salvadorienne et ceux-ci, depuis cette prison, préparèrent un rapport, dit Chomsky, un rapport minutieux de 160 pages, préparèrent une vidéo et rencontrèrent plus de 400 prisonniers qui étaient dans cette prison et avaient été torturés. Ils sortirent secrètement cette vidéo et ce rapport.
Ce matériel fut remis aux médias qui accordaient une large place à Valladarès et personne n’en parla. Aucun de ces grands médias si préoccupés par les droits de l’homme et par ce soi-disant poète soi-disant invalide ; ces médias restèrent bouche cousue et ne donnèrent pas une seconde à cette dénonciation terrible que la Commission des Droits de l’Homme du Salvador avait présentée et Anaya fut assassiné par les escadrons de la mort et Reagan ne le nomma jamais ambassadeur de rien et ne lui rendit aucun hommage à la Maison Blanche ni nulle part ailleurs. Cela met réellement en lumière le caractère sinistre de ce programme médiatique contre Cuba et contre toutes les causes qui valent la peine dans ce monde. Il y a une analyse de Chomsky aussi, très bonne, sur l’invasion de La Grenade. J’ai cherché ce discours de Fidel où il parle des 19 mensonges à propos de l’invasion de La Grenade et Chomsky rappelle dans son analyse plusieurs de ces mensonges que dénonce Fidel. Il souligne que la presse ignora délibérément les documents et les révélations rendus publics par Cuba, une presse qui disait à ce moment-là qu’elle aurait voulu plus d’informations sur l’invasion. Malgré cela, toute l’information que donna Cuba, que le Commandant rendit publique et qui fut publiée par notre presse, les médias nord-américains l’ignorèrent. Des 19 mensonges dénoncés par Fidel au sujet de ce qui se produisit à La Grenade, 13 venaient directement de Ronald Reaga. Chomsky en analyse quelques-uns en détail : le prétexte classique de protéger les citoyens nord-américains en danger, le mensonge flagrant qu’on allait retenir comme otages des étudiants en médecine nord-américains présents sur place et que La Grenade allait devenir une base militaire soviéto-cubaine. Il faut dire , et ceci est important, que , lors de l’invasion de La Grenade, le contrôle que Reagan exerça sur les médias fut terrible. Il y eut un débat dans la presse yankee sur le droit des journalistes à recevoir des matériaux, etc... Ce débat, Chomsky le considère comme collatéral et mou mais l’intéressant est que, aujourd’hui, devant le drame d’Irak et la censure brutale qu’exerce Bush sur le thème de la guerre en Irak, personne, dans la presse nord-américaine, n’oserait en débattre. C’est à dire que Bush, sans doute, donne un tour de vis encore plus radical en terme de fascisme par rapport à ses prédécesseurs. Chomsky analyse un autre cas, en février 88, effroyable et vraiment insolite. C’est un moment où le gouvernement nord-américain veut répandre l’idée que les guérillas du Salvador boycottent les élections. Immédiatement, le « New York Times » publie une histoire selon laquelle les guérillas, au Salvador, avaient assassiné deux hommes, il donne même les noms et dans la bouche de ces cadavres, il y avait des bulletins de vote. Cela, le journal l’interprète comme une menace de la guérilla contre ceux qui voudraient participer à cet essai démocratique, à ces élections qui eurent lieu sous la menace des baïonettes.
Le département d’état fait de l’article un petit opuscule et le distribue au Congrès salvadorien, à quelques leaders d’opinion et à un grand nombre de personnes au Salvador. Ensuite,vient une enquête d’un journaliste indépendant et il en résulte que rien n’est arrivé : ce double assassinat, ces deux morts n’apparaissent nulle part. Il n’y a aucune preuve, aucun cadavre avec des bulletins de vote dans la bouche mais rien de cela n’a paru nulle part, le démenti ne fut jamais publié nulle part. Cependant, il fut utilisé , il parut dans l’un des principaux périodiques nord-américains, un périodique à l’image libérale. Le département d’état l’utilisa de manière grossière, préalablement à ces élections et Chomsky dit qu’il semble que l’information fut inventée par un spécialiste de la propagande de l’armée salvadorienne qui le fit passer aux médias locaux et de là au New York Times.
Je parlais aujourd’hui avec Randy et il me disait que nous devions nous souvenir que cela a beaucoup à voir avec la philosophie d’Otto Reich lorsqu’il était chef du bureau de la diplomatie publique du département d’état pour l’Amérique centrale. Ce bureau s’occupait spécialement de chercher des alibis médiatiques pour la sale guerre en Amérique centrale et on pourrait se demander si ce spécialiste en propagande de l’armée salvadorienne n’a pas reçu des instructions de l’ambassadeur yankee au Salvador ou des instructions directes de la CIA comme disait Soberon, dans la connexion des services secrets sur tout ce thème médiatique que l’on ne peut ignorer et encore moins lorsqu’il s’agit de Forbes.
Un autre journaliste d’investigation, je vais en parler très rapidement, Commandant, mais c’est qu’il a quelques excellentes analyses, Michel Collon, un journaliste d’investigation belge extraordinaire a fait un travail Ignacio connaît tous ses travaux - sur la guerre de Yougoslavie et sur des mensonges extraordinaires. Michel fait une analyse très complète des reportages sur les soi-disant camps d’extermination en Bosnie en juillet 1992, sur les massacres de Sarajevo en 92, 94, 95, dont on a démontré ensuite que ça avait été des montages pour indigner l’opinion publique pour justifier ensuite les bombardements, les représailles. Michel Collon démontre que les représailles étaient déjà prévues avant que ne se produisent les faits qui devaient les provoquer. Cela ressemble à du galimatias mais c’est ainsi, c’est à dire que les représailles étaient prévues, l’OTAN avait prévu les représailles, les bombardements étaient prévus avant que n’arrivent ces massacres si spectaculaires et le journaliste obtint le Prix Pulitzer pour un reportage faux, truqué, frauduleux, sur ce camp d’extermination. Et après avoir découvert la vérité, personne ne parle de rectification, ou alors dans un tout petit article qu’il faut chercher à la loupe.
Dim 28 Mai - 18:52 par Tite Prout