France: La hausse des violences n'est pas plus élevée chez les étrangers
Compte rendu
LE MONDE | 24.05.06 | 13h22 • Mis à jour le 24.05.06 | 13h22
La dernière étude de l'Observatoire national de la délinquance (OND), rendue publique le 18 mai, vient battre en brèche un mythe persistant sur la surcriminalité des étrangers. S'intéressant à la nationalité des personnes mises en cause, par les services de police et de gendarmerie, pour atteintes aux biens et atteintes volontaires à l'intégrité physique, cette étude montre que les étrangers ne sont pas plus responsables que les Français de la hausse de la violence.
Pour les atteintes volontaires à l'intégrité physique, étrangers et Français suivent une "tendance identique", relèvent les auteurs de l'étude. De 1996 à 2005, le nombre de "mis en cause" pour ce type de délit progresse de 75 % pour les premiers et de 83 % pour les seconds, la part des étrangers restant stable : 14,2 % en 2005 contre 14,8 % en 1996. Concernant les atteintes aux biens, la proportion d'étrangers est à peu près similaire et demeure également stable : de 13,1 % en 1996 elle est passée à 13,7 % en 2005.
Les mis en cause ne sont ni des personnes envers lesquelles des poursuites sont engagées ni a fortiori des personnes condamnées. Autrement dit, tous ne sont pas des auteurs d'infractions ou, du moins, ne seront pas reconnus comme tels au terme de la procédure. Aussi ces chiffres méritent-ils d'être maniés avec prudence, car ils reflètent autant l'implication des étrangers que l'activité répressive des policiers et leur capacité à élucider telle ou telle affaire, soulignent les auteurs de l'étude. Ceux-ci insistent surtout sur la stabilité du taux d'implication des étrangers.
"DÉLINQUANCE DE SUBSISTANCE"
D'autant que si les étrangers représentent 5,8 % de la population de la France métropolitaine, leur surreprésentation parmi les mis en cause reste très relative. Car la proportion d'étrangers varie fortement selon la nature de l'infraction : elle est très élevée pour les vols simples, et notamment pour les vols à la tire (52 %) et pour les vols à l'étalage (27,3 %), mais elle chute en dessous de 10 % pour les vols liés à l'automobile ou les actes de destructions ou de dégradations.
"Les délits dans lesquels les étrangers sont impliqués relèvent surtout d'une délinquance de subsistance, liée davantage à leur statut - les personnes en situation irrégulière pouvant être amenées à voler pour subvenir à leur besoin - qu'à un phénomène de surviolence. Plus les faits sont graves, moins les étrangers sont impliqués", relève Alain Bauer, président du conseil d'orientation de l'OND.
Comme pour l'ensemble de la population, l'augmentation du nombre d'étrangers impliqués dans des atteintes volontaires à l'intégrité physique s'explique principalement par la hausse des violences physiques non crapuleuses. Sur les 28 015 étrangers mis en cause pour atteintes volontaires à l'intégrité physique en 2005, un peu moins de 21 000 ont été visés par ce type de procédure, soit les trois quarts.
Laetitia Van Eeckhout
Article paru dans l'édition du 25.05.06
Sources:
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3226,50-775412,0.html