Eglise catholique, apostolique, romaine mais encore négrière et esclavagiste
11/04/2005
Le 8 janvier 1454, le pape Nicolas V, par une bulle spéciale au roi du Portugal Alphonse V, autorise le commerce des nègres de Guinée, la traite et l’esclavage des Africains. L’implication de l’église catholique fut totale durant les 4 siècles de Traite des Noirs et d’esclavage dans les colonies. Bénéficiaire directe des services de l’esclavage, jouissant de nouveaux territoires dans les colonies, la sainte église catholique par son pape Eugène IV, recevait les meilleurs esclaves capturés par la première expédition négrière en 1441, les autres esclaves étant vendus à prix d’or à Lisbonne. La Traite des Noirs était née.
Tout au long de ce crime contre l’humanité méconnu ou détourné de sa reconnaissance explicite et juridique, la chrétienté allait fournir des arguments aux traitants pour justifier cette œuvre macabre. Le Noir, descendant biblique de Canaan, fils de Cham lui même maudit avec toute sa descendance par Noé son père dont il avait osé voir la nudité, ne méritait pas mieux qu’un sort de servitude extrême aux yeux des élites chrétiennes du 15iéme siècle.
Les prêtres possédaient des esclaves dans les abbayes, on en retrouvait dans les bateaux négriers et sur les plages où étaient entassés les esclaves avant embarquement, à baptiser les païens à qui il était primordial d’enlever la semence de Satan. Jesus, Serve God daily, Love one another, etc quelques noms de bateaux négriers évocateurs de la caution morale et de l’implication fortes de l’église chrétienne dans cette atrocité à grande échelle.
En 1685, le Code noir de Colbert, cette monstruosité juridique qui régissait les rapports entre maîtres colons blancs, esclaves et royauté dans les colonies françaises, oblige à la pratique du catholicisme, au baptême, et se met sous le patronage de la Sainte église catholique. L’article 2 de ce texte innommable est explicite à cet égard :Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique, apostolique, romaine… Le texte parle par ailleurs des ennemis jurés de la chrétienté, enjoignant les officiers à chasser tous les Juifs des colonies…
Alors que le temps continue son cours inexorable, que toute chose passe et que les résistances farouches, les courants abolitionnistes et l’annonce de l’ère industrielle font décliner l’économie de plantation et la traite négrière, bien des catholiques s’accrochent à un ordre négrier qu’ils défendent sans répit. Ainsi l’évêque Maury devait-il présenter un plaidoyer contre l’abolition de la traite négrière à l’Assemblée Nationale française en 1791 : Si vous deviez chaque année perdre plus de 200 millions de livres… ;si vous n’aviez pas le monopole du commerce avec vos colonies pour alimenter vos usines, entretenir votre flotte, faire marcher votre agriculture, payer vos importations, satisfaire vos besoins de luxe, rétablir l ‘équilibre de votre commerce avec l’Europe et l’Asie, alors, je le dis tout net, le royaume serait immédiatement perdu.
La question lancinante de l’établissement des responsabilités européennes, des réparations, leur nature et leurs modalités ne devrait donc pas oublier ni escamoter le rôle crucial de l’église catholique au demeurant reconnu, même sur le bout des lèvres par le pape Jean-Paul II à Dakar en 1992. C’est bien au nom de la différence, de l’idéologie de l’infériorité des peuples africains esclaves par nature selon l’église, que les agressions les plus barbares ont été perpétrées contre une souche du genre humain, les Africains d’Afrique.
Ce crime contre l’humanité, imprescriptible par définition porte le sceau éternel de la religion catholique, les pratiques criminelles de cette institution à l’endroit des peuples dominés, non-blancs et à évangéliser à tout prix, sont à autopsier dans l’urgence, tant le legs de siècles de mission civilisatrice semble avoir couvert des horreurs inimaginables qui plus est venant de messagers de la Bonne Nouvelle : traite négrière, manipulations politiques responsables de guerres et conflits ethniques, soutien à la colonisation, pédophilie, homosexualité contrainte, couvents transformés en lieux de prostitution, adultères répétés des clercs…
Pierre Prêche