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 Nouveaux riches des townships

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Tite Prout
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Tite Prout


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08052006
MessageNouveaux riches des townships

Nouveaux riches des townships

Anciens militants antiapartheid, femmes indépendantes ou jeunes diplômés, ils ont investi le monde des affaires et fui les quartiers populaires. Portrait de cette «blackgeoisie» qui affiche ses richesses.

par Valérie HIRSCH
QUOTIDIEN : jeudi 04 mai 2006

Johannesburg de notre correspondante

* diminuer la taille de la police
* augmenter la taille de la police
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* écrire à l'auteur de l'article


Dans le passé, la taille du troupeau indiquait leur richesse. Aujourd'hui, c'est la cylindrée de leur BMW ou de leur Mercedes qui signale le niveau de vie. Les «buppies» (Black yuppies) affichent leur réussite sociale au volant d'une voiture de luxe, quitte à parfois habiter dans un logement modeste. La voiture n'est-elle pas le moyen le plus visible pour montrer aux voisins de son township d'origine que l'on est sorti de la pauvreté dans laquelle les Sud-Africains noirs ont été confinés pendant trois cent cinquante ans ?
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* Des classes moyennes qui flambent

L'entrée de la propriété de Lungie Sisulu est encombrée d'une dizaine de ces berlines allemandes, certaines déjà anciennes, comme s'il avait voulu garder un témoignage du chemin parcouru. Sisulu, 57 ans, fait partie de la première bourgeoisie noire, celle qui a émergé des décombres du régime d'apartheid. Ce sont ceux que l'Institut Unilever de recherche en marketing de l'université du Cap a baptisé «les établis» dans une étude récente fondée sur 750 entretiens. Ils seraient au nombre de 800 000, sur les 22 millions de Noirs adultes que compte le pays. Ce sont les plus fortunés : un quart de Noirs sont recensés parmi les 10 % de Sud-Africains les plus riches (lire ci-contre). Beaucoup sont d'anciens exilés, rentrés au pays munis de diplômes étrangers. Ils ont fait leurs armes dans la lutte antiapartheid, comme Sisulu, plusieurs fois emprisonné pour ses activités clandestines au sein de l'ANC.

Lungie Sisulu est chaleureux et ouvert, modeste comme son père, Walter, qui fut le mentor de Nelson Mandela et son compagnon de détention. «Ma vie a changé après leur libération. A partir de 1990, je me suis lancé dans les affaires», explique-t-il. Avec le démantèlement des lois ségrégationnistes, tout a été transformé : les Noirs un peu nantis ont pu quitter les maisons «matches boxes» surpeuplées des townships pour s'installer dans les belles villas des quartiers blancs. «Le monde de la consommation, inaccessible à leurs parents, s'est ouvert à eux. Ils s'y sont engouffrés avec frénésie, explique Refiloe Mataboge, qui a dirigé l'étude de l'université du Cap. Le shopping est devenu une thérapie pour oublier les traumatismes du passé.»

«Ils ont une sensibilité sociale»

Sisulu habite depuis 1991 la vaste maison de cinq chambres et trois salles de bains qu'il a achetée quand il a quitté Soweto pour s'installer à Observatory, un quartier de la vieille bourgeoisie blanche. Peu après, il est devenu directeur de Viking Fishing, une grosse entreprise de pêche appartenant à des Afrikaners : «J'ai ouvert la première chambre froide de Soweto. Après des années de combat politique, il était temps que je pense à moi.» Sisulu est aujourd'hui partenaire de plusieurs sociétés (informatique, ingénierie, transport aérien, etc.) qui lui ont cédé une partie de leur capital à des conditions très favorables dans le cadre de la politique de «Black economic empowerment» (BEE, promotion économique des Noirs). La politique de BEE est à l'origine de l'enrichissement rapide de cette bourgeoisie noire, dont les plus fortunés ­ l'un d'entre eux, Patrice Motsepe, aurait amassé une fortune de 500 millions de dollars en dix ans ­ vivent sur un grand train au milieu d'un océan de pauvreté.

Sisulu apprécie la gastronomie, les costumes italiens et les vacances en Europe ou aux Etats-Unis, où son épouse a occupé le poste d'ambassadeur. A ceux qui, comme le prix Nobel de la paix Desmond Tutu, critiquent l'égocentrisme de cette petite élite, il répond : «On oublie que les Blancs sont six fois plus riches. Pourquoi s'en prendre à nous ?» Selon l'étude de l'université du Cap, 71 % de la bourgeoisie noire éprouverait néanmoins un «sentiment de culpabilité». «Ils ont une sensibilité sociale qui les distingue d'autres bourgeoisies dans le monde», confirme Achille Mbembé, un professeur camerounais de sociologie à l'université de Johannesburg, qui a fait une recherche sur le rapport des «buppies» à l'argent. «Ils consacrent entre 20 et 30 % de leurs revenus à des contributions sociales», ajoute Refiloe Mataboge. Sisulu finance des bourses d'étude, une école de handicapés et un centre communautaire à Soweto. «Mais, reconnaît-il, nous sommes nos propres ennemis. Nous avons éduqué nos enfants dans des écoles privées et maintenant, la seule chose qui les intéresse, c'est de faire de l'argent.» Sisulu craint que les jeunes oublient l'esprit «ubuntu» de solidarité et les coutumes ancestrales, auxquels lui-même reste très attaché comme beaucoup d'hommes de sa génération. Récemment, il a sacrifié un boeuf pour remercier les ancêtres, quand son fils s'est acheté sa première maison, pour 140 000 euros.

Cette migration constante entre deux mondes ­ la culture occidentale des quartiers blancs et la culture africaine des townships ­ est l'une des caractéristiques de la «blackgeoisie», cette bourgeoisie noire qui compterait au total 2 millions d'individus, étudiants inclus. Une génération plus jeune et peu politisée s'est en effet engouffrée dans la voie ouverte par les «établis». Beaucoup vivent encore dans les townships, où on assiste à un boom immobilier. Ils travaillent comme cadres dans des entreprises ou ont créé leurs propres business, pour profiter de la préférence accordée aux fournisseurs noirs dans le cadre du BEE. Au sein de cette «deuxième génération», on trouve notamment des femmes actives, qui élèvent seules leurs enfants, un héritage du régime d'apartheid, qui a disloqué les familles.

«Ne pas mépriser les pauvres»

Tumie Buyeye, 39 ans, est l'une de ces femmes indépendantes et ambitieuses. Cette ancienne hôtesse de l'air conduit une voiture de chef d'Etat, l'avant-dernier modèle de la BMW série 7. Sa limousine semble un peu déplacée dans le townhouse (lotissement sécurisé) sans prétention qu'elle habite, au nord de Johannesburg, avec sa fille de 9 ans et une domestique. Tumie Buyeye a connu la pauvreté ordinaire des habitants de Soweto. Mais elle ne s'est jamais engagée dans la politique. Au moment où bien des jeunes participaient à l'insurrection des townships, elle étudiait sagement dans un couvent catholique de Blancs, à Johannesburg. «Ma mère s'est sacrifiée pour nous offrir une bonne éducation. Moi, je détestais ce pensionnat très strict et j'étais mal vue par mes amies du township.»

Aujourd'hui, Tumie Buyeye ne pourrait plus habiter Soweto, où la vie en commun rend difficile tout espoir de préserver une vie privée. Elle préfère l'intimité et la sécurité de son townhouse. Ces lotissements aux portails d'entrée souvent majestueux ont envahi en quelques années tous les pourtours de Johannesburg. «Les jeunes familles noires veulent des maisons imposantes de 200 à 450 m2, explique Ronald Ennick, de l'agence immobilière Pam Golding. Ce n'est pas grave si ces maisons sont relativement entassées, car c'est ce qu'ils ont connu dans les townships. L'important, outre la sécurité, c'est d'en mettre plein la vue !» Comme beaucoup de Noirs, la jeune femme fuit régulièrement l'ennui et la vie stressante des anciens quartiers blancs au volant de sa Mercedes pour se replonger dans l'ambiance animée et sans prétention de Soweto. Elle tient à ce que sa fille joue avec les enfants du township «pour qu'elle apprenne à ne pas mépriser les pauvres». Pourtant, Palesa, qui parle un anglais châtié, fréquente une coûteuse école privée. «Je n'enverrai pas ma fille dans une école de Noirs. Il lui faut le meilleur», reconnaît sa mère. La nouvelle bourgeoisie noire tient à assurer l'avenir de ses enfants, en leur donnant une éducation élitiste. «Mais je ne fais pas comme certains parents, qui élèvent leurs gosses en anglais», précise-t-elle.

Car cette belle femme, qui a parcouru le monde et eu un petit ami allemand, tient beaucoup à son «africanité», qu'elle exprime en s'habillant à la mode «afro-chic», tenues occidentales inspirées des motifs ethniques. La bourgeoisie noire se réinvente ainsi sa nouvelle identité, fréquentant en masse les églises évangéliques qui intègrent des pratiques ancestrales comme la transe, dans des spectacles copiés de la télé. Le message de ces Eglises, qui légitime la course à l'argent et occulte les enjeux sociopolitiques, entre en résonance avec l'énorme optimisme de ces nouveaux riches, convaincus que l'Afrique du Sud est sur de bons rails. Ainsi, même si Tumie Buyeye traverse une mauvaise passe financière, elle croit fermement que, «d'ici cinq ans, (je serai) une riche femme d'affaires».

Chez Daimler-Chrysler pour rouler en Mercedes

Leurs histoires personnelles, il est vrai, tiennent parfois du miracle. Comme celle de Sello Kgosimore, 26 ans, le plus jeune auditeur financier chez Daimler-Chrysler. Pour pouvoir rouler dans une Mercedes classe C, Sello a choisi de travailler pour cette multinationale. Quand il rentre dans son township de Welkom (Free State), l'enfant prodige fait sensation. «Je suis l'un des rares à avoir fait des études universitaires grâce à une bourse, explique-t-il. Pour la plupart des gens qui vivent autour de moi, je suis un exemple. Les seuls qui m'embêtent, ce sont les jeunes qui veulent me taper de l'argent pour acheter à boire et à fumer alors qu'ils savent que je déteste cela !» Si Sello s'en est sorti, c'est parce qu'il n'a jamais, dit-il, voulu se mêler aux «tsotsi» (voyous). «J'ai grandi dans une ferme, où mon grand-père était ouvrier agricole. A 15 ans, j'ai rejoint ma mère dans un bidonville. Nous logions à onze dans une cabane en tôle ondulée. Souvent, il n'y avait rien à manger et parce ce que j'étais mal habillé, les jeunes du bidonville se moquaient de moi. Cela m'a poussé à étudier, pour leur montrer ce dont j'étais capable», raconte-t-il. Aujourd'hui, Sello vit dans un modeste appartement à Rosetenville, un ex-quartier ouvrier blanc au sud de Johannesburg. «Au début, j'ai dépensé beaucoup pour ma famille et je me suis fortement endetté. Maintenant, il est temps que je pense à mon avenir.» En octobre, il va se marier et acheter «une grande maison avec jardin et piscine». Ambitieux, Sello n'a pas pris un seul jour de congé en trois ans.

photos henner frankenfeld

http://www.liberation.fr/page.php?Article=379399
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