Quand on ne sait pas d’où on vient, on se sait pas où on va, dit le proverbe africain
10/08/2004
Le présent, le passé et l’avenir sont liés par le fil du temps, mais il s’agit bien plus que d’une simple suite d’événements indépendants, au contraire. L’expérience accumulée fourni des repères qui sont comme des cartes routières sur le chemin de nos propres projets.
Le proverbe africain, toujours sobre dans sa syntaxe et dans son exposé fait le lien entre le passé, l’histoire et l’avenir, le projet. C’est l’histoire qui tisse les liens, les enjeux économiques, politiques, sociétaux du présent, enjeux incompréhensibles à partir du seul quotidien – exemples :Palestine, Réparation pour la Traite des noirs, Génocide rwandais... Aborder la réalité en faisant fi des antécédents, des relations que le passé a élaborées condamne le projet d’aujourd’hui à l’échec.
En ce sens le présent est une espèce de mémoire stockée du passé et se déroule en partie en fonction des actions passées. Surgit alors, l’intérêt de la mémoire collective et de la lutte pour la préserver de manipulations, de falsifications. Car si nous pensons toujours par rapport à l’histoire qui produit des repères, il vient qu’une mémoire falsifiée éconduira sans doute son peuple... Les peuples dominés prennent à peine conscience de cet énorme enjeu qui peut être un révélateur psychologique puissant, les Africains redécouvrant qu’ils ont depuis la Nubie, le Soudan antique, autrement dit la Haute Egypte civilisé le monde occidental via la Grèce, perdront progressivement les complexes d’infériorité qui concourent au maintient d’un statu quo d’aliénation culturelle, d’inhibition intellectuelle et industrielle…
La restauration de la mémoire collective, la ré-appropriation vivante de l’histoire montreraient aux peuples de la terre, leurs contributions irréfutables à la civilisation contemporaine, dite occidentale, et permettraient, entre autres effets, de poursuivre en réparation et en restitution les pays coloniaux pour leurs pillages, leurs musées regorgeant d’objets de cultes et de tradition africains, amérindiens, asiatiques…
D’un point de vue philosophique, se perdre si on ne sait pas d’où l’on vient revient à définir l’homme comme un être en situation, mais surtout en trajectoire. Complexe, son avenir est une somme de son passé et de son présent. Ni fixe, ni statique, ni figé, l’être humain n’existe pas sans ce qu’il a été, ce qu’il a produit, ce tout le constitue.
Dans le présent qui fabrique le futur il y a le passé, aller vers l’avenir ce n’est donc pas, loin de là s’éloigner de l’ancien, de l’ancêtre.
Pierre Prêche