Immigration en France : "le petit facho de la place Beauvau"
Les projets de loi de Nicolas Sarkozy vu d'Afrique...
Par Lefaso.net
Les effets de la tempête provoquée par le défunt CPE (Contrat première embauche) se sont à peine dissipés que l’exécutif français renoue avec la polémique. C’est, cette fois, le chef du parti majoritaire, l’UMP, le très médiatique ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui monte au créneau avec un de ses refrains favoris, celui de l’immigration choisie.
En effet, alors que sur le terrain hexagonal, la traque aux sans-papiers ne cesse de prendre de l’ampleur, Nicolas Sarkozy s’apprête à défendre devant la représentation nationale son nouveau projet sécuritaire. Il s’agit d’un projet de réforme du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, censé privilégier « l’immigration choisie » par rapport à « l’immigration subie ».
Et comme si le dispositif actuel n’était pas suffisamment contraignant, voire répressif, le nouveau projet opte pour un tour de vis supplémentaire, plus appuyé celui-là, dans la gestion des flux migratoires.
Le nouveau projet Sarkozy, s’il est adopté, supprimera ce que son auteur perçoit comme « une prime à l’irrégularité », et qui n’est autre que la possibilité pour les étrangers de bénéficier d’une régularisation après dix années de séjour sur le sol français. Mauvaise nouvelle pour les « sans-papiers » qui, dans l’espoir d’atteindre le terme des 10 ans de séjour, travaillent au noir et souffrent en silence dans l’enfer de la clandestinité.
Et comme si ce dernier tour de vis ne suffisait pas, le nouveau dispositif « d’immigration choisie » prévoit, entre autres mesures autoritaires, de s’attaquer au droit pour chacun de vivre avec les siens, en rendant plus draconiennes qu’elles ne le sont déjà les conditions du regroupement familial.
Ainsi, après la Bérézina subie par le défunt CPE auquel était reproché le dessein d’instituer une nouvelle classe de « salariés kleenex », voilà que le gouvernement français revient à la charge avec des « immigrés jetables ». Sauf qu’à la différence des premiers, les seconds ne sont pas organisés en syndicats, et n’ont pas le droit de vote.
Or, de vote, et plus précisément de la présidentielle de 2007, il en est bien question aujourd’hui, surtout pour le locataire de la Place Beauvau, qui n’a d’ailleurs jamais fait mystère de ses ambitions. Mais était-il obligé, après les crises successives des banlieues et du CPE, de se faire les dents sur les populations étrangères et plus particulièrement sur les immigrés ?
Il faut croire que oui quand on sait que concernant ce sujet précis, les thèses de l’extrême droite française commencent à faire recette. "L’homme trop pressé" a donc vite fait de prospecter à sa droite, tout affairé qu’il est, en vue d’accroître, pourquoi pas jusqu’aux confins du nationalisme, son capital sympathie.
Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que Nicolas Sarkozy avait déclaré, parlant des étrangers, « qu’ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu’ils n’aiment pas », empruntant, pour l’occasion, la formule aux discours clairement xénophobes de l’extrême droite.
Ainsi, dans sa quête de voix à droite, le ministre français de l’Intérieur s’est mis à courtiser l’électorat nationaliste, au point d’emprunter aux grandes figures de l’extrême droite tantôt une formule, tantôt une idée.
Alors plutôt que de louvoyer entre deux droites, l’homme trop pressé gagnerait peut-être à franchir une fois pour toutes le Rubicon et à rejoindre l’autre camp, ainsi que le lui a narquoisement suggéré Jean-Marie Le Pen, grand patron du Front national et finaliste de la présidentielle de 2002.
H. Marie Ouédraogo
L’Observateur Paalga