Le zouk du Cran
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Dans la soirée du 25 novembre 2005, une bien curieuse réunion s’est tenue à Paris, rue de Charonne. Le Centre d’action pour la promotion de la diversité en France (Capdiv) de Patrick Lozès et le Centre des gais, lesbiennes et trans de la Martinique (An Nou Allé) de Louis-Georges Tin, y réunissaient à grand peine les responsables de dix-sept petites associations africaines hétéroclites, repérées in extremis sur la toile. Qu’à cela ne tienne : alors que les participants refusaient d’adopter les statuts préparés par le Capdiv et de ratifier la nomination de Patrick Lozès à la tête de ce concile de carnaval, la une de certains journaux était déjà prête pour le lendemain matin. L’interview du «président» Lozès également.
Ainsi est né le Cran, l’organisme bidon qui se dit représentatif des associations «noires».
Son programme ? Essayer de s’approprier ce que font les autres. Même s’il ne représente qu’une poignée de béni-oui-oui, le Cran, ouvertement raciste, exacerbe l’extrémisme et l’intolérance, ce qui arrange sans doute quelques politiques.
Voici donc aujourd’hui un Rastignac franco-béninois, acquis aux thèses révisionnistes et admirateur de Napoléon, autoproclamé porte-parole des descendants d’esclaves ! Et pour essayer de rallier quelques danseurs à l’idéologie coloniale, il a estimé utile d’organiser - aux frais du contribuable, espère-t-il - un grand zouk à la Bastille pour le 10 mai. Cette bamboula de la Françafrique sera une occasion idéale de valider les poncifs les plus éculés. Pour les commanditaires de M. Lozès, les «noirs» sont de grands enfants qui ont le rythme dans la peau. Ils dansent en toutes circonstances. Et puis, avec un peu de chance, la soirée dégénérera. On aura un arrière-goût d’automne 2005.
Quel digne et grandiose spectacle que celui des descendants d’esclaves venant, au nom de la race, se trémousser à la Bastille pour remercier les abolitionnistes et leurs héritiers ! L’apothéose de la loi Taubira ! Un grand merci, donc, à Patrick Lozès et à tous ceux qui le soutiennent pour cette brillante initiative, certes onéreuse, mais qui aidera peut-être Jean-Marie à passer le cap du premier tour.
La France a déporté aux Antilles plus d’un million d’esclaves et tué six millions d’Africains ? Une belle occasion de se réjouir. Alors, que la fête commence ! Puisqu’on vous dit de zouker ! Comme sur les navires de jadis, pour se rafraîchir un peu avant de retourner s’allonger dans l’entrepont où l’on vous remettra les chaînes.