Le ton monte à l’OMC
Anne-Marie Mouradian
C’est l’impasse à l’Organisation mondiale du commerce. Les 149 membres de l’OMC s’étaient fixés jusqu'à 30 avril pour s’entendre sur les volets agricoles et industriels des grandes négociations commerciales sensées se conclure cette année. Mais ils butent depuis décembre sur trois pierres d’achoppement. L’Europe et les pays émergents - comme le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud - réclament la réduction des soutiens internes accordés par Washington à ses agriculteurs. Les pays émergents et les Etats-Unis exigent l’abaissement des tarifs douaniers agricoles européens. Enfin, Européens et Américains réclament une diminution des droits de douane imposés par les pays du Sud sur les importations de produits industriels du Nord.
Dans cette négociation triangulaire complexe, chacun pourrait finalement y trouver son compte. Mais chaque acteur attend des autres le premier pas. L’Afrique et le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, reprochent aux pays riches d’être responsables des retards.
Attaquée de tous côtés, l’Europe refuse de jouer les boucs émissaires. Son commissaire chargé du commerce, Peter Mandelson, a accusé hier les pays émergents de ne pas ouvrir suffisamment leurs marchés aux voitures et autres produits industriels européens. Il a surtout pointé du doigt Washington qu’il invite à faire aussi bien que l’Europe en matière de baisse des subventions agricoles. Réponse immédiate du berger à la bergère : «la Commission européenne est douée pour les discours, les conférences de presse et les accusations. Nous aimerions qu’elle consacre la même énergie pour faire de ces négociations un succès», a déclaré la porte parole du représentant américain pour le commerce. Un pugilat verbal qui n’est pas pour rassurer les pays africains qui sont également engagés actuellement dans des négociations bilatérales d’accords de libre échange avec l’Europe, des négociations de plus en plus critiquées par les organisations de la société civile africaine.
par Anne-Marie Mouradian