Technopole ou technopôle?
Roux, Paul
Q: Une technopole ou un technopôle ? J'ai remarqué que l'on utilisait ces deux mots dans le débat sur le CHUM. Tout comme le site, un terme serait-il meilleur que l'autre? Merci de m'éclairer.
Michel Girard, Montréal
Une technopole est un " centre urbain disposant de structures de recherche et d'enseignement propices au développement d'industries de pointe ".
Un technopôle est un " lieu aménagé pour accueillir des entreprises de haute technologie ou pour en favoriser la création ".
Le groupement qu'on veut créer à côté du CHUM (facultés de médecine, de sciences infirmières, de médecine dentaire, de pharmacie, centres de recherche, etc.) est un technopôle. Mais ce dernier permettrait peut-être à Montréal de devenir une technopole.
Pourquoi dire diplomation ?
Un lecteur se demande pourquoi les journalistes continuent à employer le terme diplomation. À La Presse, nous faisons de grands efforts pour l'éviter, mais ce n'est pas toujours possible, ne serait-ce que parce qu'il est largement employé par le ministère de l'Éducation, qui, comme chacun sait, affectionne ce genre de termes faussement savants.
Ce québécisme désigne le " nombre de diplômes délivrés dans un groupe cible ". Comme le fait remarquer l'OLF, ce terme est le plus souvent utilisé dans un contexte de comparaison entre deux groupes.
La diplomation est meilleure dans les milieux riches que dans les milieux défavorisés.
Remarquons, au passage, qu'on aurait tout aussi bien pu écrire:
Les élèves réussissent mieux dans les milieux riches que dans les milieux défavorisés.
Mais le jargon de l'éducation préfère la première formulation.
Le Ministère aime bien parler également du taux de diplomation. Il me paraît plus élégant et plus français de parler du taux de réussite.
Le taux de réussite des élèves des écoles secondaires est plus élevé au Québec qu'en Ontario.
S'asseoir sur ses lauriers
Q: Je m'interroge sur l'origine de la confusion dans l'expressions'asseoir sur ses lauriers, chose entendue couramment. Ne doit-on pas direse reposer sur ses lauriers? Et j'aimerais savoir comment on désigne en linguistique ce type de phénomène.
Marc Landry
Il faut effectivement dire se reposer ou s'endormir sur ses lauriers.
Ce phénomène s'appelle un solécisme. Si la maladresse ne touche qu'un seul mot, on parle alors de barbarisme.
Addiction
Q: Le motaddictiondans le sens d'addiction au tabac, par exemple, semble flotter. Les uns l'acceptent, comme leRobertet le quotidienLe Monde,paraît-il, et les autres disent de l'éviter, dont leLarousse 2000et leGrand Dictionnairede l'Office. Ce dernier suggèreaccoutumance.Moi j'aime mieuxdépendance.Quel est votre avis?
Jacques Roy, Gatineau
Soit dit en passant, le Petit Robert n'accepte pas addiction. Le mot y figure, mais il est marqué comme anglicisme. C'est d'ailleurs un emprunt inutile, le français disposant déjà du terme dépendance.
La dépendance au tabac, à l'alcool, à la marijuana, etc.
On peut aussi employer accoutumance, mais le mot est davantage utilisé dans un autre sens: il décrit le " mécanisme par lequel un organisme tolère de mieux en mieux un agent extérieur ".
L'accoutumance à un médicament.
Sherbrooke Ouest
Q: J'aimerais savoir si on doit dire1188 ouest, rue Sherbrookeou1188 rue Sherbrooke ouest.
Danick Gagné
Dans ce type de toponymes, les points cardinaux s'écrivent avec une majuscule et sont placés après l'élément spécifique.
Elle habite le 1188, rue Sherbrooke Ouest (et non le 1188 Ouest, rue Sherbrooke).
Ajoutons que le point cardinal prend un trait d'union quand il détermine l'élément spécifique (ci-dessous, Montréal).
L'arrondissement de Montréal-Nord.
Le point cardinal s'écrit sans trait d'union quand il détermine l'élément générique (ci-dessous, boulevard).
Le boulevard René-Lévesque Ouest.
Petits pièges
Voici les pièges de la dernière chronique:
1. Il est sensé être à Québec en ce moment.
2. Quoiqu'on en dise, elle ne changera pas d'idée.
- Au sens de " qui est supposé ", il faut écrire censé, et non sensé.
- Il ne faut pas confondre quoique et quoi que, cette dernière expression ayant le sens de " quelle que soit la chose que ".
Il aurait donc fallu écrire:
1. Il est censé être à Québec en ce moment.
2. Quoi qu'on en dise, elle ne changera pas d'idée.
Voici les pièges de cette semaine. Les phrases suivantes comprennent chacune au moins une faute. Quelles sont-elles?
1. La barre était trop haute.
2. Elle court les ventes à rabais.
Les réponses la semaine prochaine.
Paul Roux est l'auteur duLexique des difficultés du français dans les médias, aux éditions La Presse. Faites-lui parvenir vos questions, vos suggestions ou vos commentaires par courriel à amoureux@cyberpresse.ca, par la poste au 7, rue Saint-Jacques, Montréal (QC), H2Y 1K9, ou encore en écrivant directement sur la page www.cyberpresse.ca/amoureux