Se pratiquer, Loto-
Québec et l'Office
Roux, Paul
Un lecteur, Yves Daoust, a récemment écrit à Loto-
Québec pour critiquer une publicité où l'on employait le verbe se pratiquer au sens de s'exercer. La réponse de la société d'État est révélatrice d'une mentalité répandue. " Effectivement, c'est un anglicisme, admet-on. Il aurait été préférable d'utiliser le verbe s'exercer. Toutefois, après vérification auprès de l'Office québécois de la langue française, étant donné que le langage du message est de niveau familier et que le verbe se pratiquer est utilisé fréquemment dans le langage courant, il est donc acceptable de le conserver ainsi. " Autrement dit, tout le monde le dit, dis-le donc! Cette argumentation n'est pas nouvelle. Ce qui l'est, c'est le rôle apparemment joué ici par l'Office. Il faudrait rappeler au conseiller qui a donné cet avis que la fonction de cet organisme est de nous ramener dans le droit chemin, pas d'excuser nos errements.
Paramedic
Mais l'Office réussit surtout de bons coups, fort heureusement. Ainsi, l'organisme a récemment rappelé aux médias que le terme paramedic, maintes fois employé depuis quelques mois, est un anglicisme inutile, puisqu'il existe un équivalent bien français: ambulancier paramédical. L'OLF le définit comme un " ambulancier ayant reçu une formation spécialisée qui le rend apte à pratiquer certains actes médicaux pendant le transport des personnes jusqu'à l'hôpital ".
C. difficile
Les médias ont tendance à employer le féminin pour qualifier le C. difficile. Ici encore l'OLF est venu jouer son rôle en rappelant que c'est le masculin qu'il faut employer, à moins bien entendu que le mot bactérie ne précède ce nom. C. difficile est l'abréviation de Clostridium difficile.
La nouvelle venue, la superbactérie SARM, est elle aussi du genre masculin. SARM est l'acronyme de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline. Le nom français du SARM est le staphylocoque doré résistant à la méthicilline.
- Après le C. difficile, voici le SARM. Pas de répit pour les hôpitaux du
Québec.
Baisses d'impôt(s)
Faut-il employer le singulier ou le pluriel quand il est question de baisses d'impôt(s)? L'usage est terriblement hésitant. Rien d'étonnant puisque les dictionnaires autorisent l'un et l'autre. Mais pareil flottement est agaçant pour les lecteurs. J'ai demandé à Claude Picher, chroniqueur bien connu de La Presse Affaires, quelle solution il préférait. Il penche en faveur du pluriel. Voici son argumentation:
" Le Petit Robert ne tranche pas nettement en faveur du pluriel, mais multiplie les exemples en ce sens. Ainsi, il parle d'augmentations d'impôts, de réduction, d'allègement d'impôts. Il consacre aussi l'expression courante les impôts pour désigner l'impôt sur le revenu (l'expression baisses d'impôts s'applique essentiellement à l'impôt sur le revenu des particuliers). L'usage populaire a également consacré le pluriel (j'ai payé mes impôts, j'ai fait mes impôts). "
Ses arguments m'ont convaincu. Je recommande donc le pluriel, même si le singulier n'est pas fautif.
Suce et sucette
Q: J'aimerais bien savoir quel est le terme exactpour désigner le petit objet de plastique ou de caoutchouc que l'on sert aux enfants pour donner un peu de répit aux oreilles de papa et maman. Dans certains ouvrages, on suggèresucetteoutétine. À mon avis, lasucettefait davantage référence au bonbon. Quant à latétine, on mentionne que c'est plutôt l'objet de caoutchouc dont on se sert avec le biberon. Qu'en est-il?
Daniel Ringuette
La " petite tétine qu'on donne à un bébé pour l'empêcher de sucer son pouce " est une sucette, et non une suce comme on dit souvent au
Québec. On peut aussi parler de tétine. Ce terme a d'abord désigné la " mamelle de certains mammifères ", puis, à partir du 19e siècle, l'" embouchure d'un biberon ". De nos jours, on l'emploie aussi comme un synonyme de sucette.
Petits pièges
Voici les pièges de la dernière chronique:
1. Et bien, elle n'en savait rien.
2. Il tient cette information de la bouche du cheval.
- Dans la première phrase, la locution qui marque l'étonnement s'écrit eh bien, et non et bien.
- L'expression de la bouche du cheval est un calque de l'anglais (from the horse's mouth). Son sens n'étant pas évident en français, il est préférable de la traduire de façon moins littérale. Dans beaucoup de cas, l'expression de source sûre convient très bien.
Il aurait donc fallu écrire:
1. Eh bien! elle n'en savait rien.
2. Il tient cette information de source sûre.
Voici les pièges de cette semaine. Les phrases suivantes comprennent chacune au moins une faute. Quelles sont-elles?
1. Un colloque aura lieu sous le thème de l'environnement.
2. Il est à l'hôpital, sous observation.
Les réponses la semaine prochaine.
Paul Roux est l'auteur duLexique des difficultés du français dans les médias, aux éditions La Presse. Faites-lui parvenir vos questions, vos suggestions ou vos commentaires par courriel à amoureux@cyberpresse.ca, par la poste au 7, rue Saint-Jacques, Montréal (QC), H2Y 1K9, ou encore sur la page www.cyberpresse.ca/amoureux