La polémique est toujours récente. Mais il n'est pas trop tôt pour suggérer qu'il sera difficile pour M. Walt de maintenir sa crédibilité en tant que doyen. Nous ne le voyons pas comme question de liberté universitaire mais seulement comme une question de contrôle de la qualité nécessaire.'
"C'est un éditorial absurde – qu'un argument soit approuvé par un cinglé ou un autre, cela ne signifie pas que l'argument lui-même est automatiquement désavoué. Quant aux sympathies de Walt envers David Duke, Walt est cité comme ayant dit : 'J'ai toujours trouvé les opinions de M. Duke répréhensibles, et je suis désolé qu'il voie cet article comme conforme à sa vision du monde.'
"Je n'ai pas dit cela explicitement dans mon dernier courrier, mais laisser-moi le faire ici : Walt et Mearsheimer ne devraient pas être traités d'antisémites, parce que c'est évidemment faux. Ils devraient être critiqués pour avoir fait de la science sociale monocause pisseuse."
Bravo – sauf pour le travail "pisseux".
Cependant, Drezner devrait se demander pourquoi le débat sur cette étude est engagé d'une façon aussi vicieuse par les adversaires de l'étude de Harvard.
Cela ne veut-il pas dire quelque chose au sujet du rôle du Lobby et de ses méthodes, comme défini par Mearsheimer et Walt?
Drezner croit que les auteurs n'ont pas démontré qu'Israel est une responsabilité stratégique, que "le comportement de la politique étrangère des Etats-Unis" est déterminé "presque exclusivement par les actions du "Lobby Israélien" et que les auteurs "omettent la considération des politiques contradictoires en pondérant les lobbies de politique étrangère."
Très bien. Tous ces points sont discutables. Mais ils ne sont pas discutés. Au lieu de cela, le Lobby est occupé à trainer dans la boue les auteurs et à faire virer Walt de son poste de doyen de la Kennedy School.
Daniel Levy, un ancien conseiller du bureau du Premier Ministre israélien, membre de l'équipe israélienne de négociation aux discussions d'Oslo B et de Taba, et le principal concepteur israélien de l'Initiative de Genève, a le commentaire le plus réfléchi à ce jour, en déclarant que l'étude de Harvard "devrait servir d'avertissement, des deux côtés de l'océan."
Il note que "le ton du rapport est dur," et "discordant", qu'il "manque de finesse et de nuance," mais néanmoins,
"Leur argument est efficace: que l'identification des intérêts Américains aux intérêts israéliens peut principalement être expliquée par l'impact du Lobby à Washington, et en limitant les paramètres du débat public, plutôt que par un soutien en vertu des intérêts stratégiques vitaux d'Israel ou d'impératifs moraux irrésistibles (au delà, comme les auteurs le précisent, du droit à exister, qui n'est, de toute façon, pas en péril).
L'étude est la plus dévastatrice quand elle décrit comment le Lobby 'étouffe le débat par intimidation' et la plus actuelle quand elle détaille comment les intérêts de l'Amérique (et finalement ceux d'Israel, aussi) sont servis par l'ordre du jour du Lobby."
Ecoutez ! Ecoutez !
Levy continue en remarquant que la réponse du Lobby à l'étude "a été caractérisée par une combinaison de cri et de suffisance. Eviter une discussion franche pourrait sembler plus raisonnable au Lobby, mais il est peu probable que cela fera avancer les intérêts israéliens ou les relations américano-israéliennes."
Dans son argument sur le fait que le Lobby est aussi mauvais pour Israel que pour l'Amérique, Levy fait une remarque frappante :
"Le Lobby refuse même à Israel un luxe dont tant d'autres pays bénéficient : avoir l'excuse d'un encouragement externe pour faire des choses qui sont domestiquement délicates mais nationalement nécessaires (rappelez-vous la réforme économique et démocratique en Europe Centrale pour réussir à entrer dans l'Union Européenne en contracte avec la politique de colonisation auto-destructrice d'Israel pour une aide continue des Etats-Unis)."
Le Lobby, par son succès à neutraliser tout effort pour retenir les impulsions les plus extrêmes du gouvernement israélien, mine les intérêts de l'Etat Juif.
Mais les idéologues qui composent le Lobby ne s'en inquiètent pas : Ils ne sont intéressés que par le pouvoir de réduire au silence - et punir - leurs ennemis.
L'attaque contre le doyen Walt est une honte qui devrait être accueillie par une tempête d'indignation.
Ce que le Amen Corner pourrait même tenter - hormis le constat qui lui donnerait du crédit - est une preuve du pouvoir persistant et inconstesté du Lobby. Cela montre comment le Lobby fonctionne, et pourquoi ils doivent être arrêtés avant que toute véritable discussion concernant la politique étrangère de ce pays puisse commencer.
Il n'est pas difficile de discerner les raisons de cette défensive extrême de la part du Lobby. Si elles sont les principaux moteurs de la politique étrangère des Etats-Unis, alors ils ont en effet beaucoup de réponses à donner.
Pendant que les conséquences de la guerre de l'Irak remplissent nos écrans de télévision, traçant un chemin de sang et de destruction irréfléchi, nous devons nous demander : Qui nous a emmenés là ?
Nous devons remettre en cause leurs motivations.
Et nous devons demander: Pourquoi?
Qui nous a embarqués dans la guerre? Pour qui sont morts 2.300 soldats américains et des dizaines de milliers d'Irakiens ? Quels intérêts servent-ils ?
Le bout de la lance avec laquelle Mearsheimer et Walt ont piqué le Lobby est l'affirmation qu'ils étaient l'influence décisive en nous poussant dans la guerre avec l'Irak.
Et les hurlements qui viennent de Droite, de Gauche, et du Centre sont une preuve suffisante qu'ils ont frappé à la bonne porte.
Lire le rapport de John Mearsheimer et Stephen Walt : "Le Lobby Israélien et la politique étrangère des Etats-Unis"
Source : http://www.antiwar.com/
Traduction : MG pour ISM
Dimanche 02 Avril 2006
http://www.antiwar.com http://www.antiwar.com