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 Cuba en ligne de mire, par Noam Chomsky.

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mihou
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mihou


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30032006
MessageCuba en ligne de mire, par Noam Chomsky.

Cuba en ligne de mire, par Noam Chomsky.
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4 novembre 2003


Extraits de son livre "Hegemony or Survival, America’s Quest for Global Dominance" Novembre 2003



Près d’un demi-siècle de terrorisme


La dictature de Batista fut renversée en Janvier 1959 par les guérilleros de Castro. Au mois de Mars, le Conseil National de Sécurité (acronyme anglais NSC - ndt) examinait les moyens pour provoquer un changement de régime. En Mai, la CIA commençait à armer les guérillas à l’intérieur de Cuba. "Au cours de l’hiver 1959-1960, il y eut un accroissement significatif des bombardements et incendies supervisés par la CIA et pilotés par les exilés Cubains" basés aux États-Unis. Inutile d’imaginer ce qu’aurait été la réaction des États-Unis ou de leurs alliés affrontés à la même situation. Cependant, Cuba n’a pas riposté par des actions violentes à l’intérieur des États-Unis, en guise de vengeance ou de représailles. En fait, Cuba a appliqué la procédure prévue par le Droit International. En Juillet 1960, Cuba demanda l’aide de l’ONU, en fournissant au Conseil de Sécurité des rapports sur environ 20 attentats, avec les noms des pilotes, l’immatriculation des avions, les bombes qui n’avaient pas explosé et d’autres détails spécifiques, récapitulant les dégâts considérables et les nombreuses victimes et appelant à la résolution du conflit par des voies diplomatiques. L’ambassadeur des États-Unis, Henry Cabot Lodge, répondit en "assurant que les États-Unis n’avaient aucune intention agressive vis-à-vis de Cuba." Quatre mois auparavant, au mois de Mars 1960, son gouvernement avait secrètement et formellement pris la décision de renverser le gouvernement de Castro, et les préparatifs de l’invasion de la Baie des Cochons étaient déjà bien avancés.

Washington était préoccupé par le fait que les Cubains puissent tenter de se défendre. Le chef de la CIA, Allen Dulles, demanda donc à la Grande-Bretagne de ne pas fournir d’armes à Cuba. Sa "raison principale", selon le rapport que l’ambassadeur Britannique transmit à Londres, "était que cela pousserait les Cubains à demander des armes à l’Union Soviétique ou aux pays du bloc soviétique," un acte qui aurait "un immense impact", souligna Dulles, et permettrait à Washington de qualifier Cuba de menace pour le continent, suivant un scénario qui avait si bien marché au Guatemala. Dulles faisait allusion à l’écrasement réussi de la première expérience démocratique au Guatemala, une courte période de dix ans faite d’espoirs et de progrès, que Washington craignait beaucoup à cause de son soutien populaire immense, confirmé par les services de renseignement US, et de "l’exemple" que pouvaient constituer un ensemble de mesures économiques et sociales qui profitaient à la grande majorité de la population. La menace Soviétique était régulièrement invoquée comme d’habitude, et même renforcée lorsque le Guatemala demanda des armes à l’Union Soviétique après que les États-Unis aient menacé d’attaquer et de couper leurs sources d’approvisionnement. Le résultat fut un demi-siècle d’horreurs, pire encore que la tyrannie soutenue par les États-Unis qui avait précédé.

En ce qui concernait Cuba, les plans envisagés par les "colombes" étaient semblables à ceux de Dulles, directeur de la CIA. Arthur Schlesinger mit en garde le Président Kennedy sur les "risques politiques et diplomatiques inévitables" pour un plan d’invasion de Cuba par une armée mercenaire. Schlesinger proposa de tenter de piéger Castro à commettre une action qui servirait de prétexte à une invasion. "On pourrait imaginer une opération clandestine à, disons, Haïti, qui pourrait éventuellement amener Castro à envoyer quelques hommes là-bas, une opération que nous dénoncerions ensuite comme une tentative de renverser le régime Haïtien.... la question morale serait réglée et la campagne anti-étatsunienne serait freinée dès le début." Le régime Haïtien en question était celui du dictateur sanguinaire "Papa Doc" Duvalier, soutenu par les États-Unis (avec quelques réserves). Ainsi, toute aide fournie aux Haïtiens pour renverser ce régime aurait été considéré comme un crime.

En Mars 1960, un plan (du Président) Eisenhower prévoyait le renversement de Castro et son remplacement par un régime "plus dévoué aux véritables intérêts du peuple Cubain et plus acceptable pour les États-Unis," y compris par le soutien à "des opérations militaires dans l’île" et le "développement d’une force paramilitaire adéquate à l’extérieur de Cuba." Les services de renseignement signalaient un fort soutien populaire à Castro, mais c’était les États-Unis qui devaient déterminer les "véritables intérêts du peuple Cubain." Le changement de régime devait se dérouler "de manière à éviter toute implication visible des États-Unis", en prévision des réactions en Amérique latine et des problèmes de doctrine qui seraient posés à l’intérieur.


"OPERATION MANGOOSE"

L’invasion de la Baie des Cochons survint un an plus tard, en Avril 1961, après l’investiture de Kennedy. Selon le témoignage de Robert McNamara devant la Commission Church du Sénat, le feu vert fut donné alors que régnait à la Maison Blanche une ambiance "d’hystérie" autour de Cuba. A la première réunion du cabinet qui a suivi l’échec de l’invasion, l’atmosphère était "presque sauvage", nota Chester Bowles : "il y avait une ambiance presque frénétique pour un nouveau plan d’action." A une réunion du NSC deux jours plus tard, Bowles trouva une ambiance "presque aussi émotionnelle" et fut frappé par "l’absence d’intégrité morale" qui y régnait. Cet état d’esprit se retrouvait dans les déclarations prononcées publiquement par Kennedy. "Les sociétés complaisantes, qui ne se refusent rien, qui sont faibles, sont sur le point d’être balayés avec les débris de l’histoire. Seuls les forts... pourront survivre," déclara-t-il au pays, recourant à un thème qui sera plus tard efficacement repris par les Reaganiens au cours de leur propre guerre terroriste. Kennedy était conscient que leurs alliés "pensent que nous sommes légèrement cinglés" au sujet de Cuba, une opinion qui perdure aujourd’hui.

Kennedy mit en place un embargo impitoyable qui pouvait difficilement être supporté par un petit pays qui était devenu une "colonie virtuelle" des États-Unis au cours des soixante années qui ont suivi sa "libération" de l’Espagne. Il ordonna aussi une intensification de la campagne terroriste : "Il demanda à son frère, le Ministre de la Justice Robert Kennedy, de prendre la direction du groupe inter-agence qui supervisait Operation Mongoose, un programme d’opérations paramilitaires, de guerre économique et de sabotages qu’il avait lancé en 1961 afin de faire "tomber toutes les flammes de l’enfer" sur Fidel Castro et, plus prosaïquement, de le renverser."

La campagne terroriste n’était "pas de la rigolade", écrit Jorge Dominguez dans une étude sur des documents récemment déclassifiés et concernant les opérations clandestines sous la présidence de Kennedy, des documents qui ont été "fortement expurgés" et qui ne révèlent "que la pointe de l’iceberg" ajoute Piero Gleijeses.

Operation Mangoose était "la pièce maîtresse de la politique états-unienne contre Cuba à partir de la fin de 1961 et jusqu’à la crise des missiles en 1962," écrit Mark White, le programme sur lequel les frères Kennedy avaient placé "tous leurs espoirs." Robert Kennedy informa la CIA que le problème Cubain était "la première priorité du gouvernement américain. Tout le reste est secondaire. Aucun effort ne doit être négligé, avec les moyens nécessaires, les hommes nécessaires et le temps qu’il faudra..." pour le renversement du régime de Castro. Le chef des opérations Mongoose, Edward Lansdale, établit un calendrier qui débouchait sur "une révolte ouverte et le renversement du régime communiste" pour le mois d’Octobre 1962. Les "dernières conclusions" du programme admettaient qu’"une intervention militaire des États-Unis était nécessaire pour assurer la victoire totale" après que le terrorisme et la subversion [ et Laurent Fabius et RSF - note intempestive et anachronique de CSP ] aient préparé le terrain. L’intervention militaire US était prévue pour Octobre 1962 - c’est alors qu’éclata la crise des missiles.

Au mois de février 1962, le chef d’état major approuvé un plan plus radical que celui de Schlesinger : "par des moyens clandestins... faire tomber dans un piège ou provoquer Castro, ou un subordonné incontrôlable, dans une réaction hostile contre les États-Unis ; une réaction qui fournirait une excuse pour les États-Unis non seulement pour riposter mais pour détruire Castro rapidement, efficacement et avec détermination." En mars, à la demande de Cuba Project du département de la défense, le chef d’état major remit un rapport au Secrétaire à la Défense Robert McNamara soulignant "les prétextes qui pourraient servir de justification à une intervention militaire des États-Unis contre Cuba." Le plan serait mis en oeuvre si "une révolte interne crédible n’était pas envisageable dans les prochains 9-10 mois," mais avant que Cuba ne puisse nouer des relations avec la Russie qui pourraient "impliquer directement l’Union Soviétique".

Un recours prudent au terrorisme ne devrait pas présenter de risques pour les auteurs.

Le plan du mois de mars était de monter "toute une série d’événements apparemment sans rapports les uns avec les autres afin de camoufler l’objectif ultime et donner l’impression d’une agressivité Cubaine dirigée vers les États-Unis et d’autres pays," plaçant ainsi les États-Unis "dans une position apparente de victime et développer une image internationale de Cuba comme une menace pour la paix dans le monde occidental." Parmi les mesures proposées, on trouve l’explosion d’un navire états-unien dans la baie de Guantanamo, afin de créer un incident du type "souvenez-vous du Maine", ensuite la publication par la presse états-unienne d’une liste des victimes qui "serait utile pour créer une vague nationale d’indignation," puis présenter les résultats d’une enquête qui "démontrerait que le navire fut attaqué", puis la dénonciation d’une "campagne de terrorisme communiste cubain (en Floride) et ainsi qu’à Washington," en lançant des raids incendiaires avec des engins soviétiques sur les champs de canne à sucre des pays voisins. On proposa aussi d’abattre un avion sans-pilote en le faisant passer pour un vol charter transportant des étudiants en vacances, et d’autres plans du même genre - jamais mis en oeuvre mais symptomatique de l’ambiance "sauvage" et "frénétique" qui régnait.

Le 23 Août, le président signa le décret de Sécurité Nationale numéro 181, "une directive destinée à provoquer une révolte interne qui serait suivie par une intervention militaire des États-Unis," impliquant "des plans militaires, des mouvements de troupes et de matériel significatifs" très certainement connu des Cubains et des Soviétiques. De même, au mois d’Août, les attaques terroristes furent intensifiées, y compris par des mitraillages sur des hôtels cubains "où résidaient des techniciens militaires soviétiques, tuant ainsi un certain nombre de Russes et de Cubains" ; des attaques contre des cargos Britanniques et Cubains ; la contamination de cargaisons de sucre ; et autres atrocités et actes de sabotage, la plupart exécutés par des organisations d’exilés Cubains qui pouvaient agir au grand jour en Floride. Quelques semaines plus tard survint "le moment le plus dangereux pour l’humanité".
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