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 Patrice Lumumba

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bhc
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Nombre de messages : 9
Date d'inscription : 29/05/2005

Patrice Lumumba Empty
05062005
MessagePatrice Lumumba

Chef du premier gouvernement du Congo indépendant, assassiné à l’âge de 36 ans, Patrice Lumumba fait figure de martyre de la lutte anti-colonialiste en Afrique.

1. Qui était LUMUMBA ?

Patrice Emery Lumumba est né le 2 Juillet 1925 au Congo belge (devenu le Zaïre puis la République démocratique du Congo), à Katako-Kombé dans la province du Kasaï. Apres avoir obtenu son certificat d’études, il devient employé des postes. En 1947, il quitte Stanleyville (actuelle Kisangani) pour s’installer dans la capitale Léopoldville (Kinshasa). Là, il entre à la brasserie Polar comme directeur commercial.

2. Militant indépendantiste

En 1956, au retour d’un voyage à Bruxelles, Lumumba est condamné à une peine de prison pour une fausse affaire de détournement de fonds. C’est au cours de séjour carcéral qu’il développe ses idées sur l’indépendance national. En 1958, Lumumba fonde le Mouvement national congolais (MNC), parti nationaliste qui regroupe surtout des membres de sa communauté ethnique (les Tetela). La même année, il se rend à la Conférence des peuples africains à Accra, au Ghana, et découvre le panafricanisme auprès de N’Krumah. Porté par cause qu’il défend et par sa popularité, Lumumba mène une campagne pour l’indépendance à travers Le Congo, en déclarant notamment : "L’indépendance n’est pas un cadeau de la Belgique mais un droit fondamental du peuple".

3. Chef du premier Gouvernement du Congo indépendant

Le 30 Juin 1960, L’indépendance du Congo est enfin proclamée. Kasa vubu est nommé président, Lumumba, premier Ministre. Ce jours-là, Lumumba prononce un violent discours, devenu célèbre, qui dénonce l’époque colonial :"…Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin midi et soir parce que nous étions des nègre. Nous avons connu la loi qui n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou Noir. (…) Tout cela est désormais fini. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la justice rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travail dans la liberté". Dans les jours qui suivent, des troubles violents, éclatent à Léopoldville. La riche province du Katanga fait sécession sous la protection de mercenaires européens. Lumumba demande en vain, à l’ONU, aux Etat unis et même à l’Union soviétique les moyens de ramener le calme. Le 5 septembre, Kasavubu le destitue et nomme le colonel Joseph Désiré Mobutu commandant en chef. Lumumba révoque à son tour Kasavubu et tente de rejoindre Stanleyville pour former un nouveau gouvernement. Mais il est arrêté en chemin par les troupes de Mobutu et envoyé au Katanga. Après avoir été sauvagement battu et torturé, Lumumba est exécuté le 17 janvier 1961. Son assassinat endeuille l’Afrique et l’espoir suscité par la fin de la colonisation. Lumumba ne revendiquait que l’indépendance de son pays et le juste partage de ses richesses. Une fois président, le général Mobutu fait de Lumumba, qu’il n’a pourtant pas aidé à sauver, le « premier héros national au Congo ».

Après le discours du roi et du président, Lumumba, ministre des affaires étrangères, prend la parole alors que son intervention n'était pas prévue.
Le caractère imprévu du discours tendit l'atmosphère parmi les personnalités présentes.

4. Le discours de LUMUMBA lors de la cérémonie du 30 juin 1960

"Congolais et Congolaises,

Combattants de l'indépendance aujourd'hui victorieuse,

Je vous salue au nom du gouvernement congolais.

A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date que vous enseignerez à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté. Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances ni notre sang. Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-même, car se fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu'à un noir on disait "tu", non certes comme à un ami, mais parce que le "vous" honorable était réservé aux seuls blancs ? Nous avons connu que nos terres furent spoliées, au nom des textes prétendument légaux qui ne faisait que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n'était jamais la même selon qu'il s'agissait d'un blanc ou un noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même.

(…)" ("Congo 1945-1965 : la fin d'une colonie")

Lumumba surprendra le protocole en prenant la parole après les discours respectueux du roi Baudouin et du président Kasavubu.
Dans son discours, il se moque du caractère cérémonial des circonstances ainsi que des règles de préséance. Certains considèrent cela comme un acte d'indiscipline ou d'héroïsme ?

5. De l'indépendance jusqu'à la chute de Lumumba

L'indépendance fut évidemment fêtée dans la joie et la liesse dans la population congolaise, mais, quatre jours après (à partir du 4 juillet), les premiers troubles surgissent dans la Force publique où des soldats congolais mécontents de l'absence totale d'africanisation des cadres de l'armée se rebellent et arrêtent, dans certains camps militaires, les officiers et sous-officiers belges. Les troubles s'étendent d'une ville à l'autre, l'anxiété des anciens colons belges est à son comble, les rumeurs les plus folles se mettent à circuler, les soldats congolais craignent eux une intervention des paras belges (qui sont restés stationnés au Congo), même si plusieurs membres du gouvernement congolais s'efforcent de parlementer avec les insurgés et de rassurer les Belges. Le gouvernement belge ordonne alors à ses troupes d'intervenir pour protéger ses ressortissants sans demander, comme c'était prévu par traité, l'autorisation du gouvernement congolais. En outre, au-delà de la protection des personnes, les soldats belges interviennent de façon massive et agissent en vue d'une remise en ordre générale notamment (au port de Matadi où il ne reste pratiquement plus d'Européens), alors qu'au même moment le président Kasa-Vubu et son premier ministre Patrice Lumumba entreprennent une tournée dans les principales villes du pays pour essayer de rétablir l'ordre par la négociation. Cette intervention belge jugée excessive entraînera la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays le 14 juillet. L'affaire sera évoquée aux Nations Unies qui imposeront le remplacement des troupes belges par des «casques bleus» dont l'intervention maladroite fut très peu efficace et dont les responsables refusèrent de se mettre au service du gouvernement congolais. L'État congolais était en effet confronté au même moment à une crise beaucoup plus profonde, provoquée le 11 juillet par la sécession du Katanga sous la direction de Moïse Tschombé (aidé par des Belges et des mercenaires européens), bientôt suivie par celle du Sud-Kasaï le 8 août. Dépourvu de moyens militaires, ne disposant pas du soutien des «casques bleus», Lumumba décida néanmoins d'utiliser l'armée pour réprimer ces deux sécessions. Mais l'offensive lancée à partir du 22 août fut un échec faute de logistique, de matériel et de moral des troupes, et surtout elle se transforma au Kasaï en un bain de sang et en un massacre généralisé des autochtones (dans le film, cette violence est attribuée à Mobutu et provoque une rupture entre celui-ci et Lumumba). Pressions intérieures et extérieures se multiplièrent alors sur le président Kasa-Vubu qui finit le 5 septembre par démettre son premier ministre, décision que celui-ci jugea inconstitutionnelle si bien qu'à son tour il déclara destituer le président. La crise des institutions était totale, même si le pays ne sombra pas dans la guerre civile, et le colonel Mobutu en profita pour «neutraliser» les institutions politiques. Placé en résidence surveillée à Léopoldville, Lumumba s'enfuit le 27 novembre vers Stanleyville où étaient regroupés ses partisans et d'où il espérait sans doute reconquérir le pouvoir. Mais il fut arrêté en cours de route puis emprisonné à Thysville (tout près de Léopoldville). Entre-temps, Kasa-Vubu, bénéficiant du soutien de Mobutu, put reprendre ses fonctions et entreprit des négociations pour régler le problème de la sécession katangaise au cours d'une table ronde. L'instabilité politique était pourtant toujours aussi grande, et c'est dans ce climat dramatique que le gouvernement prit la décision de transférer Lumumba au Katanga chez ses pires ennemis! Le 17 janvier 1961, il fut transféré par avion à Élisabethville avec deux autres de ses partisans Maurice Mpolo et Joseph Okito. Torturés à de multiples reprises, ils furent exécutés le jour même dans des conditions qui ne sont pas toujours éclaircies. Cette mort suscita en tout cas une très grande émotion notamment dans les pays du Tiers Monde où se produisirent plusieurs manifestations dirigées contre la Belgique, les États-Unis et l'ONU.

6. La dernière lettre de LUMUMBA

Essayant de gagner la province du Kasaï contrôlée par ses partisans fin novembre 1960, Lumumba est capturé. De sa prison, il écrit à sa femme Pauline.



Ma compagne chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur. Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres. Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.


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