" Mandelay" Lars von trier dénonce l ’esclavage et l ’héritage américain.
" Mandelay" Lars von trier dénonce l ’esclavage et l ’héritage américain.
"Manderlay": Lars von Trier dénonce l’esclavage et l’héritage américain CANNES
(AFP) - Avec "Manderlay", Lars von Trier aborde le thème de l’esclavage et
poursuit sa réflexion dérangeante et virulente sur l’histoire des Etats-Unis et
plus généralement sur les ressorts les plus sombres de l’âme humaine.
Après "Dogville", présenté en 2003, "Manderlay" constitue le deuxième acte de la
trilogie américaine de l’auteur danois, couronné de la Palme d’Or en 2000 pour
"Dancer in the Dark".
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Grace, incarnée cette fois par Bryce Dallas Howard - après le renoncement de
Nicole Kidman à poursuivre - et son père (Willem Dafoe), chef de gang élégant,
ont laissé Dogville derrière eux et arrivent dans l’Alabama, à la recherche de
nouveaux terrains de chasse.
Alors qu’ils s’apprêtent à repartir, une jeune femme noire vient frapper à la
fenêtre de leur voiture et sollicite l’aide de Grace. Derrière un lourd portail
de fer forgé, elle découvre un homme qui s’apprête à recevoir le fouet et une
communauté de noirs vivant comme avant l’abolition de l’esclavage, alors que
l’histoire se déroule en 1933.
Grace, révoltée, va tenter de libérer ces hommes de leurs chaînes alors que la
propriétaire de la plantation, "Mam" (Lauren Bacall) vient de mourir. Mais elle
se heurtera à de nombreux obstacles, soulevant des questions morales et
philosophiques sur la nature de la démocratie, de la justice et leurs nombreuses
dérives.
Comme dans "Dogville", "Manderlay" se déroule sur une scène de théâtre, dans un
décor dépouillé, en huit actes, comme pour donner encore plus de poids et de
force aux dialogues et aux questions fondamentales qu’aborde Von Trier.
"Si j’ai choisi de me pencher sur les Etats-Unis dans cette trilogie, c’est que
je suis à 60% Américain, même si je n’y ai jamais mis les pieds, dans la mesure
où mon pays, ma vie sont influencés par la main-mise américaine", a expliqué le
réalisateur, lors d’une conférence de presse lundi à Cannes.
"L’Amérique domine le monde, nous sommes sous sa mauvaise influence, et M. Bush
est un +connard+ qui fait des trucs complètement stupides (...) Je ne peux rien
changer, je ne vote pas aux Etats-Unis, je peux juste faire des films" pour
dénoncer, a-t-il ajouté.
"Ce qui tue le débat, c’est le politiquement correct, où chacun finit par être
d’accord. Moi j’ai choisi de ne pas être d’accord", a encore expliqué Von Trier.
L’acteur américain engagé Danny Glover, qui campe un vieux sage, malgré les
"réserves" qu’il a d’abord posées à la première lecture du scénario, estime que
le film "pose des questions essentielles", car estime-t-il, "l’idée globale de
la démocratie (aux Etats-Unis) s’est construite sur le dos des esclaves".
"Il y a eu très peu de changements aux Etats-Unis depuis 1864 et l’abolition de
l’esclavage. Le film se passe en 1933 à une époque où l’industrie du sud a
fleuri grâce aux travailleurs forcés, anciens esclaves", a ajouté le comédien
révélé en 1985 par son interprétation dans "La Couleur pourpre", de Steven
Spielberg.
Pour le comédien français d’origine africaine Isaac de Bankolé, qui incarne le
rebelle Timothy, "il est facile de parler du problème de l’esclavage aux
Etats-Unis. Mais je voudrais aussi voir l’Europe et la France maintenant s’y
attaquer".