Comment se bâtir un portefeuille beau, bon, pas cher

Comment se bâtir un portefeuille beau, bon, pas cher

Girard, Michel

L'une des meilleures stratégies pour bâtir à long terme un portefeuille d'actions relativement solide et performant consiste à investir dans les sociétés qui offrent un plan d'achat d'actions et de réinvestissement des dividendes.

Plus d'une centaine de titres inscrits à la cote de la Bourse de Toronto permettent à leurs actionnaires de bénéficier, en tout ou en partie, d'un tel plan.

Plus concrètement, on retrouve 22 entreprises et 29 fiducies de revenus qui permettent à leurs actionnaires de participer à un plan complet, soit l'achat d'actions additionnelles et le réinvestissement des dividendes.

Une parenthèse: dans le cas des fiducies, on fait référence à des " distributions " de revenu.

Du côté des valeurs canadiennes qui se limitent au réinvestissement des dividendes, on retrouve 25 grandes compagnies et 34 fiducies de revenu.

En quoi un plan d'achat d'actions et de réinvestissement des dividendes est-il avantageux pour les investisseurs?

1- Il permet à l'investisseur d'acquérir des actions directement de la trésorerie de la société, ce qui lui évite de payer des frais de courtage.

2- Il donne l'occasion à l'actionnaire d'accumuler à fréquence régulière des actions de l'entreprise.

3- Plusieurs entreprises offrent même un escompte sur le prix de l'action lorsqu'on achète ses actions par l'entremise d'un tel plan.

4- Au bout de plusieurs années, on aura acquis un bloc d'actions dont le prix moyen aura bénéficié des fluctuations à la baisse du titre.

5- Un tel plan d'achat d'actions et de réinvestissement des dividendes a généralement pour effet de procurer aux entreprises des nouveaux capitaux et ce sans devoir lancer des nouveaux appels publics à l'épargne.

6- C'est donc un moyen économique pour les compagnies d'obtenir du financement additionnel. Ce qui est bon pour l'entreprise est généralement bon pour ses actionnaires.

À tous ces avantages, s'ajoute celui de l'engouement des investisseurs pour les sociétés qui versent des dividendes.

En longue période de faible taux d'intérêt, comme c'est le cas depuis plusieurs années, on a constaté que les fiducies de revenu et les entreprises à rendement élevé de dividendes avaient la cote d'amour des investisseurs.

Cela explique d'ailleurs pourquoi la catégorie des fonds communs dite de " revenu de dividendes canadien " a obtenu une performance relativement élevée.

Voici le rendement médian annuel composé de cette catégorie de fonds: 13,2 % sur un an; 8,4 % sur trois ans; 9,8 % sur cinq ans; et 11,5 % sur 10 ans. Cette performance des fonds de dividendes dépasse, et de loin, celle de la catégorie des fonds d'actions canadiennes.

Pour leur part, les fonds communs de la catégorie dite de " fiducie de revenu canadienne ", obtiennent une performance encore plus spectaculaire: 20,6 % sur un an; 16,2 % sur trois ans; et 16,5 % sur cinq ans.

Revenons maintenant aux entreprises et fiducies de revenu qui mettent à la disposition de leurs actionnaires un plan (ou un régime) d'achat d'actions ou de réinvestissement de dividendes.

Comment peut-on y avoir accès? Il suffit d'acheter sur le marché boursier une action ou une part des entreprises et des fiducies qui nous intéressent et de demander au courtier d'inscrire notre nom au registre des actionnaires dans le but de participer au régime d'achat d'actions et de réinvestissement de dividendes.

Par la suite, on communiquera directement avec les fiduciaires (ou agents de transfert) des entreprises. Fait important à noter à propos du réinvestissement des dividendes.

L'effet multiplicateur...

Pendant que les entreprises versent leurs dividendes à chaque trimestre, les fiducies de revenu effectuent habituellement leurs distributions à tous les mois.

Le réinvestissement mensuel des dividendes ou autres revenus procure un avantage pécuniaire par rapport au réinvestissement trimestriel ou annuel d'un même revenu.

Cet avantage est attribuable à l'effet multiplicateur du rendement composé mensuellement.

Le conseiller financier André St-Jean, de la maison de courtage CIBC Wood Gundy, estime que les fiducies de revenu présentent ainsi un atout majeur avec leur système de distribution mensuelle des revenus.

Supposons que vous faites un placement initial de 15 300 $ dans une fiducie de revenu qui rapporte un revenu mensuel de 162,50 $, voire 1,06 % par mois.

André St-Jean a voulu savoir s'il était vraiment plus avantageux d'opter pour un programme de réinvestissement des dividendes en réinvestissant lesdits revenus mensuels dans l'achat de nouvelles parts... à comparer à l'encaissement mensuel desdits revenus.

Pour les fins de la comparaison, il a tenu pour acquis que la valeur des parts reste stable pendant 10 ans.

Et 10 ans plus tard

Résultats? L'investisseur qui a opté pour le programme de réinvestissement des revenus mensuels (de 162,50 $) se retrouve 10 ans plus tard avec un capital accumulé de 54 360 $ (capital initial de 15 300 $ + 39 060 $ de dividendes), pour une appréciation totale de 255 %.

L'investisseur qui a préféré encaissé ses revenus mensuels se retrouve pour sa part avec un capital accumulé de 34 800 $ (capital initial de 15 300 $ + 19 500 $ de dividendes), pour une appréciation de 127 %.

L'énorme écart entre le pourcentage d'appréciation des deux investissements est simplement attribuable à l'effet multiplicateur du rendement composé des revenus mensuels réinvestis.