Traites des Noirs ou Esclavage ?La confusion peut exister entre ces deux termes indissociables
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Traites des Noirs ou Esclavage ? ( 02/03/2004 )
La confusion peut exister entre ces deux termes indissociables
Par DH
La confusion peut exister entre ces deux termes indissociables. L’esclavage et la traite s’alimentent mutuellement et ne peuvent donc, ou difficilement, vivre l’un sans l’autre : l’esclavage sans la traite se régénère au ralenti, la traite sans l’esclavage s’arrête. Pourtant, aussi liés soient-ils, ce sont des phénomènes parfaitement distincts occupant des durées, des lieux, des hommes différents.
L’esclavage était pluri-millénaire quand débuta la traite par l’Atlantique et il lui survécut des dizaines d’années dans les colonies des pays concernés. Par exemple, l’Angleterre et les États-Unis abolissent la traite en 1807, la France en 1815, et suppriment respectivement l’esclavage en 1833, 1865, 1848. Cuba et le Brésil sont, en 1886 et 1888, les deux derniers pays à abolir l’esclavage au XIXe siècle. Au XXe siècle, l’esclavage n’est pas mort. Il perdure en Mauritanie malgré trois abolitions dont la dernière remonte à 1981 seulement, et en 1996 Dominique Torrès publiait aux éditions Phébus un ouvrage intitulé : 200 millions d’esclaves aujourd’hui.
Si la traite et l’esclavage sévissent sur les terres africaines, la traite s’arrête en Amérique, là où l’esclavage recommence.
Les victimes sont toujours noires mais leur condition évolue, ou empire. Captives le temps de la traite, elles deviennent esclaves entre les mains de leurs nouveaux maîtres. Les bourreaux sont africains et européens. Les premiers amènent les captifs de l’intérieur vers les côtes et les seconds assurent leur transport vers l’Amérique : ce sont les négriers ; ceux qui exploitent les captifs dans les colonies sont les esclavagistes.
Mais négriers et propriétaires d’esclaves ne sont pas obligatoirement les mêmes. Un armateur métropolitain qui expédie à la traite peut n’avoir aucune relation directe avec le milieu des colons, ne posséder aucun champ de canne à sucre ni aucun esclave : il assure un service de pourvoyeur que les colons "amériquains" ne lui disputent pas. Mais cette séparation fut au fil du temps de moins en moins nette. Les colons étaient mauvais payeurs.
Aussi les négociants de la métropole n’avaient-ils comme autre moyen pour recouvrer leurs créances que de s’implanter aux îles, soit en se liant avec des sociétés déjà en place, soit en gérant des domaines ou en les enlevant à leurs débiteurs. Sur la fin du XVIIIe siècle, et souvent contre leur gré, les principales maisons de commerce des ports négriers français pratiquaient à la fois la traite et l’esclavage.
En dépit de leurs liens étroits, ces deux activités doivent être considérées séparément. Avec des passerelles inévitables entre les deux, l’étude de la traite est une fin en soi, celle de l’esclavage en est une autre.