MARIAGE PRÉCOCE
Le mariage précoce est devenu en Afrique une sorte de « marché » pour certaines familles qui veulent se sortir de la pauvreté. Souvent, elles n’ont pas la patience d’attendre que leurs enfants terminent leurs études, et trouvent du travail ; alors, les filles très précoces font l’affaire des parents qui les poussent ainsi dans les bras d’hommes, souvent très âgés, pourvu seulement qu’ils aient de l’argent.
• Dans les zones rurales, l’absence d’éducation scolaire pour les filles favorise les mariages précoces.
• Bien que certaines familles inscrivent leurs filles à l’école française, il n’en demeure pas moins qu’elles les y arrachent dès qu’un bon parti se présente.
• Quelques fois, des mères se révoltent contre le retrait de leurs filles des classes. Malheureusement, ce ne sont que 15% qui osent ; je pense que ce timide taux de révolte féminine peut trouver un écho parmi le très faible pourcentage de pères de familles (5%) qui croient à la réussite de tous leurs enfants, garçons comme filles !
• Des études nous montrent que les émigrés sont pour beaucoup à la déscolarisation des filles, surtout dans les campagnes. L’argent qu’ils rapportent leur ouvre toutes les portes et tous les cœurs ; ils se voient rassurés sur bien des décisions concernant l’avenir de ces demoiselles. Si un « francenaabé » (immigrant en France) frappe à une porte, muni d’une autorisation de construire un Centre de Santé dans la localité, ou autre. Qui aura la force de lui refuser la main de sa fille sous prétexte qu’elle n’a pas encore terminé ses études scolaires ? Pire, les familles se livrent une guerre sans merci, avec l’aide des marabouts pour s’approprier ces « portefeuilles ambulants ». Et tout cela, au mépris des sentiments de leurs filles.
• Et pourtant, nous ne cessons de voir des parents béats d’admiration devant une femme ministre, médecin, chef d’entreprise,… la première femme Présidente en Afrique, madame Johnson a sûrement suscité l’envie de certains pères.
Si nous nous reportons au Moyen Age (européen), les filles issues de familles aristocratiques ont bénéficié (paradoxalement) d’une éducation quoiqu’elle fût assez rudimentaire. Bien qu’il n’exista pas d’école à l’époque ; les enfants d’aristocrates fréquentaient des instituts militaires (pour les garçons) et des couvents (pour les filles). En outre certaines familles avaient des précepteurs ou des gouvernantes chargées de faire l’éducation de leurs enfants. Dans les couvents les filles apprenaient entre autres : l’écriture, la liturgie, la couture, à cuisiner etc…
En fait, elles apprenaient juste ce qui était nécessaire à leur future charge de femme au foyer. Et elles étaient mariées très vite à quelqu’un de leur classe. Quand nous savons que ces femmes « parfaites » n’ont pas eu droit au chapitre concernant les grandes instances en Europe que seuls les hommes avaient le droit de prendre. Dire que ces dames là n’ont eu le droit de vote qu’au début du XXe siècle, pour des pays développés c’est vraiment aberrant !
Aux mêmes époques, en Afrique, les grandes décisions ne se prenaient jamais sans les femmes. Des figures comme Yacine Boubou, Djeumbeuth Mbodj, Aline Sitoé, la reine Pokou, et autres ont toujours eu leur mot à dire quant à la gestion de l’Etat. Elles ne se sont jamais contentées de n’être que des femmes aux foyers ! Les femmes n’attendaient en rien leurs maris pour prendre des décisions.
Alors pourquoi, aujourd’hui, les hommes veulent-ils ôter à la femme africaine la confiance qu’elle a toujours eue en elle ? Son droit le plus absolu : celui de prétendre à une bonne éducation scolaire pour pouvoir prendre des décisions importantes concernant le bien de nos nations. Les pères, en arrachant leurs filles de l’école, ne se rendent pas compte du tort qu’ils font, dans un avenir plus ou moins proche, au pays. Même si elles ne sont pas souvent nombreuses au gouvernement (en général), Les femmes sont très souvent à la tête de revenus substantiels pour le développement socio économique de leur pays.
Je demande aux parents d’encourager et de soutenir les études de tous leurs enfants. Faisons comprendre aux jeunes demoiselles que l’argent que nous gagnons à la sueur de notre front, par la force de notre bras, avec la qualité de notre matière grise, nous rend, nous les femme, plus indépendantes, décisionnaires et dignes !