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 LUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 1

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mihou
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mihou


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LUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 1 Empty
15022006
MessageLUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 1

Les communautés ethnico-culturelles de Mauritanie - aussi bien sédentaires que nomades - avaient été si fortement opposées par ces conflits, et si étroitement liées après des réconciliations historiques, qu'elles s'influencèrent fortement les unes les autres. Ce qui serait une des grandes explications des traces d'un enrichissement réciproque, qui constitue l'originalité d'une personnalité mauritanienne aujourd'hui trahie. Le système des castes dans la société maure, comme certaines de ses traditions architecturales, alimentaires, vestimentaires et musicales, est plus de facture négro-africaine que maghrébine, berbère ou arabe, sociétés qui ignorent totalement ce type de système. Inversement, l'influence arabo-berbère est si forte dans les sociétés négro-mauritaniennes que certaines ont fini par ne même plus savoir comment nommer les jours des fêtes religieuses, de la semaine ou des mois (leur nomenclature existe pourtant dans les langues négro-africaines !) si ce n'est en arabe et en sanhaja. L'Islam aidant, les familles maraboutiques maures se sont fait des disciples nombreux parmi les Négro-africains et jouissent chez eux de beaucoup de considération. Inversement, certaines grandes tribus beydanes ne respirent et ne jurent d'aller au paradis que par la vertu de grands cheikhs négro-africains.
Si aujourd'hui les esclaves chez les Maures sont majoritairement d'origine négro-africaine, l'histoire de l'esclavage en Mauritanie montre que beaucoup de Maures blancs avaient été asservis dans les sociétés négro-africaines. Tous ces "Naar-u-kajor", ces "Gallé SafalBé", ont côtoyé les Awgal, les Ngadès totalement fondus dans les populations noires du fleuve au rang d'hommes castés. La pratique dominante chez les Négro-africains, lorsqu'ils en venaient à vaincre leurs ennemis maures blancs, était d'éliminer la plupart des hommes adultes et de ne conserver que les femmes. Cette élimination des prisonniers nomades adultes répondait à la nécessité de réduire les bouches à nourrir inutiles, dans les sociétés agricoles qui cherchaient à combler le manque de main-d'oeuvre.
Un autre fait déterminant est celui des problèmes de survie des nomades dans des zones aussi humides que les vallées des fleuves sahéliens et de leurs bassins versants sénégalo-mauritaniens. Essentiellement, en période hivernale lors des fortes pluies et la prolifération des moustiques (malaria, phtisies et autres parasitoses). La présence de Beydane de condition servile ou modeste est attestée dans ma communauté d'origine : la communauté dimaroise, mauritano-sénégalaise. Nous avons en effet mélangés à la population du Dimar et du Waalo depuis le XVIIe siècle, des Oulad Rizg vaincus qui ont fini par se réfugier dans ces deux États et chez Oulad Beniouk. Leurs survivants eurent à remplir les rôles de palefreniers aux côtés des Znaga Ngadès, partagés entre le Dimar et les Oulad Biri. Leurs familles gardent encore les stigmates de leur origine. Ceux de Dialmath (dernière capitale historique de la province) et de Tékane (cf. les NgadisnaaBe du Dimar) ont leurs parents, restés blancs à Boutlimit, dans la mouvance des Oulad Biri. Il faut également souligner le fait que les mécanismes de l'hérédité, au plan phénotypique (loi de la dominance de Mendel), montre la dominance du sang "noir" sur le sang "blanc". Les esclaves blancs dont les descendants ne se croisent plus qu'avec d'autres noirs, devenaient noirs dans les générations suivantes, à force de métissage. On voit encore des types physiques de Noirs qui tirent sur la physionomie et la morphologie beydanes aussi bien parmi les hommes libres que parmi les esclaves dans les sociétés wolof, soninké, bambara ou pulaar. Al Oumari (14e siècle) signale la présence de nombreux esclaves blancs (turcs) achetés au Caire par Kankan Musa, empereur du Mali. Beaucoup de Hassan sont devenus racialement noirs : à l'Est (Hodh oriental), nous avons l'exemple des Oulad M'Bareck. Dans le Hodh occidental, les Oulad Nasr. Au Sud, la plupart des Oulad Nogmach ; les Litama (descendants d'Al Yatim, petit-fils de Kerroum) du Gorgol et de l'Assaba ; les cadets des Oulad Siyed appelés Oulad Al-hadj Darmanko (les Dramankours des textes français).
A. Une communauté servile particulière au sein de l'ethnie maure : les Haratines (affranchis) et Abid (esclaves).
Les rapports historiques entre Maures et Noirs et la demande esclavagiste allaient produire sur la longue durée de nouvelles configurations sociales et des recompositions ethniques comme signalé ci-dessus. L'innovation sociale opérée par la présence d'esclaves passera dans ces formations sociales par une lente assimilation des nouveaux arrivants confinés, cependant, au bas de la stratification sociale. Parmi ces nouveaux acteurs : les Maures Noirs, dits Haratines ou serviteurs (s'ils sont juridiquement libres) et Abîd ou esclaves (quand ils sont juridiquement asservis).
Les Abîd et les Haratines se singularisent par leur double appartenance raciale, négro-africaine et linguistique, arabo-berbère. Sur le plan culturel, les patrons négro-africains et arabo-berbères s'hybrident plus clairement dans ce groupe social. Les démographes affirment que les Haratines sont la composante mauritanienne numériquement la plus importante par rapport à chaque ethnie prise à part. Ceci laisserait-il supposer qu'elle est une ethnie à part, ou en devenir ? En tout cas, ils sont plus qu'une classe sociale, au sens marxiste du terme, puisqu'à l'intérieur même du groupe, des rapports d'exploitation et d'inégalité économique, juridique et politique existent. Ils sont moins qu'une ethnie, puisqu'ils sont, bien que d'origine négro-africaine, une composante de l'ethnie maure dont ils ont la langue et les moeurs. Frange linguistique arabe et berbère chez les Négro-africains et composante nègre chez les Arabes et Berbères, la communauté haratine pourrait jouer dans une durée longue un rôle intégrateur très important. Elle est synthèse et différence dans toutes les acceptions de ces termes.
C'est ce qui la rend aujourd'hui à la fois désirable et redoutée de l'ensemble de la classe politique mauritanienne qui cherche soit à s'inscrire dans son mouvement d'émancipation pour ne pas être surprise le moment venu, soit à la manipuler au mieux de ses intérêts.
C'est donc un groupe transitoire proche d'une nationalité en action, mais qui n'a pu s'individualiser, malgré sa conscience de sa propre identité.
L'histoire culturelle et sociale l'interpelle au niveau de la condition sociale, de la race, de la langue, de la culture et du poids démographique. À ces niveaux correspond la quadruple origine du groupe :
1. il descend de citadins assimilés par une cohabitation avec des Maures majoritaires
2. il descend des autochtones noirs restés coincés dans les oasis sahariennes, dominés tour à tour par les Berbères et les Arabes
3. il descend des paysans noirs pris au Sud, soit dans les guerres de razzia, soit volés à l'orée de leur village (toujours des jeunes)
4. il descend, enfin, des captifs achetés chez des pourvoyeurs qui parcouraient les pays sahéliens et soudano-sahéliens. Quelquefois la pauvreté poussait les parents à vendre leurs enfants comme esclaves pour sauver la vie des autres.
Les serviteurs suivent leurs maîtres et se réclament de la tribu ou du groupe ethnique de ceux-ci. Ils en ont les préjugés et les sensibilités culturelles eu égard aux divers degrés d'assimilation à la culture beydane. Intervient ici la notion de proxémie (degré d'éloignement et de proximité par rapport à l'environnement culturel et linguistique négro-africain, et son impact sur le comportement de l'individu). L'analyse de cette distance est importante parce qu'elle permet de déterminer le degré d'assimilation ou de résistance, la profondeur de l'aliénation et les origines des mouvements d'émancipation qui traversent la communauté haratine d'aujourd'hui.
Dans toutes les régions où ils habitent, les Haratines sont, comme les autres Négro-africains, sédentaires, et ils forment des hameaux appelés "Adduwaba" (pluriel de Debbay). Ils cultivent toutes les portions de terrain le long des talwegs et ruisseaux asséchés en dressant des barrages, selon la coutume des peuples soudano-sahéliens. Ceux d'entre eux qui vivent dans les oasis, coupés de tout environnement culturel et linguistique négro-africain, n'en continuent pas moins de chercher à faire désespérément survivre ce qui leur en reste, et sont les agriculteurs de ces lieux. Ils cultivent le palmier dattier et, à ses pieds, entretiennent l'orge et les cultures maraîchères. L'environnement et la domination beydane durable dans ces régions ont fini par les convaincre de la fatalité de leur condition. Différents sont ceux de l'est et du sud-ouest, dans une aire dominée par les ethnies négro-africaines. La cohabitation avec les Soninké, Bambara, Hal-pulaar'en et Wolof (Néma, Timbédra, Aïoun El Atrouss, Djigenni, Bassikounou, M'Bout, Selibaby, Barkéol, Rosso, etc ) joue ici un rôle primordial dans la reconnaissance d'une proximité parentale entre les Haratines de ces régions et ces entités dont, très souvent, ils parlent encore la langue et possèdent la culture. Cette proximité commande la conscience de la parenté indéniable entre les Haratines et les ethnies noires du même espace. Ils peuvent en effet faire ressentir les liens qui les unissent à ces entités d'autant plus parentes que leurs patronymes sont encore là pour leur rappeler que l'arrachement douloureux dont parlaient leurs ancêtres a quelque chance d'être oublié.
C'est au sein de ces ethnies libres que le Hartani va chercher ses repères. La proximité géo-culturelle est déterminante dans ses rapports à l'autre. L'enfant hartani vit et grandit dans ce climat, avec ces rappels constants d'une unité culturelle éclatée. La plupart des Haratines de ces régions (Kiffa, Fasala Néré, etc ) sont très métissés avec les ressortissants de ces ethnies noires. Les Kdhadra (Dey O/ Brahim, 1959 :12), situés en Adrar et dans l'Est mauritanien, et les Ahel Filali (Trarza) ressemblent aux AwgalnaaBe chez les Hal-pulaaren, qui se sont hissés à un statut souvent supérieur à celui des ressortissants des Maures libres. Nombre de Haratines de ces régions n'étaient pas des esclaves achetés mais des cultivateurs dominés par les Maures et progressivement assimilés dans la culture maure. Ce sont des sédentaires comme ceux des oasis, à la seule et grande différence que ces derniers sont dans un isolat géo-culturel négro-africain, dominé par le poids numérique et linguistique des Arabo-berbères. Tout en parlant le hassaniya, ils se disent indistinctement Maures, Bambara, Soninké ou d'origine peule, dans les régions allant de l'Assaba aux deux Hodh. C'est le même processus qui se serait répété au Trarza avec les Oulad Beniouk, ces guerriers d'extraction noire, bras séculier et armé de l'Emirat des Trarza, d'origine surtout wolof, maure et pulaar. Ils en portent les patronymes. Dans cette tribu du sud-ouest mauritanien, les lignages sont ceux des Sow, descendants de Dina ou Deïna Ould Samba Al Foulaani (un Bodaado Jasarnaajo), de Samba El Kowri et de Samba Ould Chergui Ould Heddi Ben Terrouz et les M'baye, Diop, Fall, Dieng, Kane, etc .
Nous sommes en face du groupe tékrourien (Fouta et Waalo). Ce groupe, issu d'une rencontre des reliques des Oulad Rizg, des Wolof du Waalo, et des Peuls du Fouta, du Djolof ou de R'kiz, est l'une des principales fractions appelées "Trarza el Këhlë" (Trarza Noirs), sur lesquelles s'appuyaient l'émir des Trarza, dont les Oulad M'bareck, de M'Bomri, les Ulad Zimbotti (la suite de N'dimbëtt, reine du Waalo et épouse de l'émir du Trarza), entre Rosso et Dagana-Mauritanie, les Ulad Khayyaroum, les Ahel Attam, sur le Koundi, les Oulad Aïd de Tékane, etc .. A l'Est et au centre, les Maysara (c'est-à-dire l'élite de l'empereur du Mali), les Toumani, les Diangina, les Nama, les Demba, les Samba, les Moriba, les Makass, les Dianfa, les Tiémokho, les Makha, les Niouma, les Dougou, les Kéba, les Simbara, les Téné, etc , nous renvoient à tout, sauf à une quelconque arabité ou berbérité des Haratines. Nous sommes en face des ressortissants du groupe mandé avec ses segments soninké et bambara. Et que dire des grands noms comme Sirimakha (Silimakha), Fodé, Modi, Samori, Dieydi, Tamba, qui refusent de céder à l'assimilation culturelle ? Les Touré, les Diarra, Traoré, Dicko, Diakité, qui ne laissent plus de doute sur leurs origines du Kaarta, du Fouta Kingui, du Songhaï et du Wassoulou ? Aux captifs, achetés chez des pourvoyeurs, mêlés aux sédentaires noirs, on a pu voir s'ajouter de nombreux étudiants coraniques, venus du Sahel (Mody Sahil) qui se rendaient aussi loin que Tombouctou, Djenné ou Chinguetti pour y parfaire leurs connaissances islamiques et qui, surpris et vendus par des coupeurs de routes, ne reviendront plus chez eux. Combien de pèlerins du Fouta ou du monde manding et soninké n'arriveront jamais à la Mecque ? Tous ces "Vrig al Kuwar" (= campement négro-africain)?
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