Des unes aéronautiques pour évoquer le contrat mirifique signé par le président chinois pour 150 Airbus, l'Alsace nous propose un petit retour en arrière : voici vingt ans, l'industrie française construisait en Chine des usines textiles clé en main. Aujourd'hui, une bonne partie des produits qui envahissent notre marché provient de ces usines. Et le quotidien lance cet avertissement : «Les transferts de technologie peuvent être gagnants si l'industrie française se maintient à un très haut niveau de compétitivité. Ça n'a pas été le cas avec le textile, attention à ne pas répéter les mêmes erreurs dans d'autres domaines». Mais déjà le Télégramme de Brest craint qu'à force de brader son potentiel technologique, l'Occident perde son avantage qualitatif. Sauf à innover sans cesse. Une chose est sûre : les Chinois ont une science de la stratégie et du temps qui nous échappe. Il serait temps d'en prendre la mesure.
La Chine éveillée
«Attention, dit la Charente Libre. Les profits d'aujourd'hui peuvent aussi accoucher de cauchemars pour demain. Affirmer que l'Occident aura toujours un train, une centrale, une intelligence d'avance manque singulièrement de modestie et de lucidité. Si aujourd'hui personne ne peut douter que la Chine soit réveillée, chez nous, par contre on se raconte encore des histoires à dormir debout». Même si «en acceptant d'étudier la fabrication d'une usine d'assemblage en Chine, nous dit la République des Pyrénées, Airbus crée certes les conditions d'une installation plus solide encore sur le marché chinois».
Car, avec son milliard de consommateurs, la Chine est en effet devenue la nouvelle frontière du commerce international. Les sujets qui fâchent ne seront donc pas abordés, lors de cette visite, «la France poussant le zèle jusqu'à plaider pour une levée de l'embargo européen sur les ventes d'armes à la Chine, institué après la répression de la place Tiananmen en 1989». «Tapis rouges, poignées de mains et gros chèques : la Chine a remplacé l'Arabie saoudite dans les contrats mirifiques qui maintiennent encore à flot une économie hexagonale plutôt défaillante», analyse de son côté la Nouvelle République du Centre. «La France a toujours eu, pour l'immense Chine, les yeux du prince charmant attendant patiemment que la belle s'éveille, limitant à la stricte décence les allusions aux droits de l'homme. Le régime communiste n'a jamais cessé d'être fréquentable et le décollage vertigineux de ce nouvel empire semble donner raison à la realpolitik d'une diplomatie tricolore parfois, dans d'autres occasions, si frileuse», sourit enfin le journal