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 TOTAL, KOUCHNER ET LES ESCLAVES

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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01122005
MessageTOTAL, KOUCHNER ET LES ESCLAVES

TOTAL, KOUCHNER ET LES ESCLAVES

Lors de son enquête en Birmanie à la demande de Total, Kouchner
n'avait pas vu d'esclaves. Aujourd'hui, le pétrolier indemnise donc
des ectoplasmes qui n'ont jamais existé. Retour sur cette affaire et
portrait d'un futur candidat aux élections présidentielles.


Afin d'éviter un procès, la société Total accepte de verser 10 000
euros à chacun des sept Birmans qui l'accusent d'avoir été
contraints de travailler gratuitement pour elle sous la menace de
l'armée birmane en 1995. Ces exactions ont eu lieu en 1992-1998 sur
le chantier du gazoduc Yadana, construit par Total et une compagnie
américaine pour relier un gisement maritime birman à la Thaïlande.
Total accepte aussi de consacrer 5,2 millions d'euros à
l'indemnisation d'autres personnes qui pourraient justifier d'un
emploi comme travailleur forcé et à des « actions humanitaires
collectives pour l'habitat, la santé et l'éducation ».

En 2002, Total avait fait appel à Bernard Kouchner pour la
cautionner. Dans un rapport payé 25 000 euros, Kouchner avait
affirmé que la compagnie pétrolière, contrairement à ce que certains
esprits « mal informés » ont pu supputer, avait en réalité lutté
contre le travail forcé en Birmanie Cette volte-face du pétrolier ne
surprendra pas ceux qui ont lu ce que j'écrivais il y a presque deux
ans. Au contraire, ils trouveront que bien des informations sont
toujours occultées par la presse et que le rôle de Kouchner est
singulièrement édulcoré au moment même où les colonnes dégoulinent
de ses dernières déclarations : « Je suis prêt pour les
présidentielles de 2007.

Pardon de me citer ci-dessous, mais il importe de rafraîchir les
mémoires et de compléter le dossier.

Kouchner et les tyrans sanguinaires.

7 janvier 2004. Maxime Vivas, écrivain.

Bernard Kouchner, défend le droit des peuples, traque l'oppression,
partout et sans se tromper. Ami des pauvres, il vit chichement avec
son épouse, Christine Ockrent. Le tarif de celle-ci pour animer une
demi-journée de réunion est seulement de 18 000 €. Lui (Le Monde du
6 janvier), déclare se contenter de 12 500 € pour une conférence.

Militant de la guerre en Irak et du PS, Kouchner était, le 29
septembre 2003, à la soirée anticubaine organisée par l'officine «
Reporters sans frontières » au théâtre des Champs-Elysées.

Quelques mois plus tôt, empochant 25 000 € versés par Total, il
avait pondu un rapport affirmant que ce groupe pétrolier ne pouvait
aucunement être mis en cause pour son comportement en Birmanie.

Or, la terrible vérité est la suivante si l'on en croit la presse,
des témoins directs, d'autres compagnies pétrolières, divers groupes
multinationaux, la Fédération Internationale des Droits de l'Homme,
l'Organisation Internationale du travail, l'Union Européenne, l'ONU
et la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale
française. Cette dernière a publié un rapport d'information (N° 1859
du 13 octobre 1999) sur « Le rôle des compagnies pétrolières dans la
politique internationale et son impact social et environnemental ».

La junte birmane, parvenue au pouvoir après un coup d'Etat qui a
renversé en 1988 le gouvernement démocratiquement élu, est
couramment décrite comme une narco-dictature, La Birmanie est un
lieu de non-droit propice à toutes les violences, tortures,
arrestations arbitraires, viols, fabrication et commercialisation de
drogue, rackets, blanchiment d'argent (Lire F. Christophe « Total
entre marée noire et blanchiment » éd. Golias).

En 1990, les généraux se risquent à organiser une consultation
électorale. Hélas ! pour eux, elle consacre la victoire de la Ligue
Nationale pour la Démocratie (LND), dirigée par Mme Aung San Suu
Kyi. Aux 82% des voix obtenues par l'opposition, la junte militaire
répond par un nouveau coup d'Etat, suivi d'une féroce répression
avec emprisonnement de milliers de démocrates et assassinats de
chefs de l'opposition.

L'opposition birmane demande à la communauté internationale de ne
pas aider les généraux putschistes à se maintenir au pouvoir.
Comment ? En coupant les pompes à finances. Il faut en effet savoir
que l'armée birmane absorbe 40 % du budget du pays. Elle compte 400
000 hommes et ne cesse de se moderniser. Pourquoi une armée si
importante, alors que la Birmanie ne se connaît pas d'ennemi
extérieur ? Pour mater l'ennemi intérieur, son propre peuple.

Le projet gazier « Yadana », du nom du lieu où se trouve le
gisement, rapportera aux militaires plusieurs centaines de millions
de dollars par an. Mais ils n'ont pas les moyens financiers et
techniques permettant de le mener à bien. La junte cherche un
partenaire capable d'épauler la compagnie d'Etat : la Myanmar Oil &
Gas Entreprise (la MOGE). Total signe un contrat avec la junte en
1992. Mais l'exploitation du gisement nécessite d'autres capitaux.
C'est ainsi, que les militaires vont contacter la compagnie
américaine UNOCAL (l'Union Oil of CALifornie corporation). C'est la
même compagnie qu'on retrouvera en Afghanistan pour y construire un
gazoduc. Ce projet nécessitait un pays pacifié et « tenu » par un
pouvoir fort. De là, l'aide accordée à l'époque par les USA aux
Talibans pour la conquête du pouvoir. Bon, les compagnies
pétrolières ont la puissance financière et technique suffisante pour
exploiter le gaz. Reste la question des débouchés. Par bonheur, un
pays voisin, la Thaïlande, recherche une source d'énergie pour
alimenter une centrale électrique dans la région de Kanchanaburi. Un
accord va être passé entre Total, UNOCAL, MOGE et la compagnie
thaïlandaise PTT-EP (PeTroleum authority of Thaïland Exploration
Production public). Le consortium a désormais pour tâche prioritaire
de construire un gazoduc qui traversera la Birmanie d'est en ouest
sur soixante kilomètres. Gros travaux. Et gros problème.

En effet, le tracé du gazoduc traverse une zone de guérillas. Sur
leur territoire, deux ethnies, les Mons et les Karens sont en
rébellion depuis des décennies contre le pouvoir de Rangoon. Le
consortium pétrolier exige une « sécurisation » de la zone. Des
observateurs affirment que les pétroliers auraient apporté un
soutien logistique aux militaires pour le transport des troupes par
hélicoptères.

Il semblerait en tout cas qu'un des sous-traitants, la compagnie
Héli-Union qui accomplissait ces missions pour Total sur les plates
formes pétrolières, a rendu ce service aux militaires birmans. Elle
a effectué des vols de transport pour l'armée birmane et pas
forcément dans la zone du gazoduc. L'armée birmane n'étant pas
solvable, Total aurait réglé les notes d'Héli-Union.

Toujours est-il que le nombre de bataillons en territoire Mon et
Karen, à proximité immédiate du gazoduc, est passé de trois à
quinze. Le gouvernement en exil dénonce alors une flagrante
immixtion politico-militaire du consortium dans les affaires
intérieures birmanes.

Mais il y plus grave encore. Tandis que le consortium et les
militaires oeuvrent de concert, l'Organisation Internationale du
Travail (L'O.I.T) enquête sur place. Les découvertes s'avèrent assez
graves pour que la Birmanie soit exclue de l'O.I.T. De quoi s'agit-
il ? De violations constantes aux droits de l'homme, du recours au «
travail forcé ». L'O.I.T. écrit que cet abus est « massif et
systématique ». D'autres organisations de défense des droits de
l'homme soutiennent que Total et UNOCAL ont bénéficié du travail
forcé des villageois raflés dans leurs villages par l'armée. Est-ce
à dire que le consortium a directement utilisé des esclaves ? Il
semble tout au moins établi que le portage des armes, la
construction et l'entretien des baraquements militaires ont été
dévolus aux villageois. Or, à quoi servait cette infrastructure ? Au
consortium pétrolier. Mieux, John Imle, qui n'est rien moins que le
président UNOCAL, affirme que le partage des tâches, pour être
tacite, n'en était pas moins réel. Des témoins affirment que des
porteurs utilisés par l'armée étaient payés par Total.

Mieux, une mission parlementaire française est envoyée sur place
pour enquêter. Extraits de son rapport : « Il apparaît factice de
séparer la construction du Gazoduc, qui nécessitait l'embauche d'une
main-d'œuvre qualifiée et des moyens techniques considérables, des
mesures prises par le régime birman pour assurer sa sécurité. Or, ce
sont ces mesures de sécurité qui ont généré du travail forcé et des
déplacements de population dans la zone. […] Total et UNOCAL n'ont
pas volontairement utilisé du travail forcé pour la construction du
gazoduc, mais en ont indirectement bénéficié, en raison de la
militarisation de la zone ».

En conséquence, la mission parlementaire recommande (en vain) que
Total « fige » ses activités en Birmanie. Quant à UNOCAL, elle fait
l'objet d'un recours en justice aux Etats-Unis. L'avocat des
plaignants remarque que les villageois ont été obligés de travailler
et ont été payés par les étrangers. Cela démontre que l'armée
birmane était impliquée dans le projet de gazoduc et qu'elle était
présente dans les opérations de nettoyage préalable à la
construction des infrastructures nécessaires au chantier (routes,
héliports).

Les exactions militaires dans une douzaine de villages à l'occasion
de ce chantier ont également été dénoncées par la Fédération
Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) et par plusieurs
organisations non gouvernementales (ONG) qui font état de
déplacements de populations manu militari et même d'exécutions
sommaires. Le scandale est tel que le gouvernement belge a alors
décidé de ne pas renouveler un contrat de six cents millions de
francs français avec la compagnie Total pour cause de « collusion »
avec le régime de Rangoon.

Dans une déclaration au quotidien Le Monde en juillet 1996, Aung San
Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, place Total au premier rang des
soutiens dont bénéficie le régime de Rangoon.

Enfin, l'Union Européenne, l'ONU et même les Etats-Unis, ont dû
prendre des résolutions à l'encontre de la junte. Plusieurs
multinationales, craignant d'être éclaboussées (ce qui nuit au
bisness), quittent la Birmanie en invoquant le « manque de
démocratie ». Citons : Texaco, Atlantic Richfield, Arco, Pepsi Cola,
Levi's, Interbrew, Carlsberg, Heineken, Reebok, C & A, Hewlett
Packard, Eastman Kodak. D'autres, comme Unilever ont cité la
Birmanie comme étant un pays où ils ne feraient pas commerce. Il en
va de même de Shell et Exxon. Total reste sur place. Et que dit
l'ONU ? Une déclaration de son Rapporteur spécial en avril 1999,
reprend les mêmes accusations avec des éléments aggravants :

« La situation des droits de l'Homme à l'Est de la « Birmanie » est
extrêmement préoccupante. La stratégie d'affrontement poursuivie par
les militaires à l'encontre des minorités conduira inexorablement à
une véritable catastrophe humanitaire. Un demi million de personnes
ont été déplacées et plus de 100 000 personnes se sont réfugiées en
Thaïlande. »

Tous les faits rapportés plus haut sont connus et dénoncés depuis
des années dans le monde entier. Kouchner, lui, enquête en Birmanie
en 2002 aux frais de Total et il nous rassure : aucun
esclavagisme. « Je suis sûr à 95 % que les gens de Total ne sont pas
capables de faire ça ». Des enfants esclaves ? Que nenni car « les
tuyaux des pipe-lines sont trop lourds pour être portés par des
enfants » (sic).

Mais voici que Total reconnaît avoir dû protester contre les
méthodes de l'armée birmane, que lors d'un débat dans une FNAC à
Paris, le pétrolier confesse tardivement avoir indemnisé 400
birmans, forcés au travail par l'armée sur le gazoduc.

Voici qu'un témoin affirme avoir vu l'armée obliger des villageois à
déminer le terrain avec leurs pieds et sauter sur des mines.(1)
Kouchner ne sait rien de tout cela.

Impitoyable pourfendeur de Cuba où jamais l'armée ne s'est tournée
contre son peuple, ni ne pratique la torture, le viol, le racket, où
les paysans ne sont pas utilisés comme chair à mines, où les enfants
sont à l'école et pas sur des chantiers, où les richesses ne sont
pas confisquées par une minorité ou bradée à une autre puissance, où
les opposants ne sont pas assassinés aux coins des rues, où
l'espérance de vie est la plus longue de tous les pays pauvres,
Kouchner, tout seul contre le reste du monde, absout Total au pays
des tyrans sanguinaires.

Voici que la Fédération Internationale des Droits de l'Homme
regrette son comportement dans cette affaire au moment où le groupe
(un des plus riches du monde) « doit enfin rendre des comptes à la
justice ».

Peu lui chaut ! L'homme brigue l'Elysée et il n'est pas impossible,
si ses compromissions honteuses ne sont pas dénoncées partout, qu'il
devienne un jour, pour notre plus grande honte, notre président (au
terme d'une campagne électorale dont on se demande bien qui la
financera). MV. 07/01/2005.


---------------------------------------------------------------------
-----------


(1) Le chef de la sécurité du gazoduc, un ancien capitaine de la
Légion étrangère, Jean-Claude Knappe, avait révélé au Figaro en
décembre 2003 la pratique du « déminage humain » : « L'armée birmane
forçait les villageois à marcher dans le corridor du gazoduc truffé
de mines antipersonnel ». Par ailleurs, ayant lu mon article,
Francis Christophe auteur de l'excellent et courageux « Total entre
marée noire et blanchiment » aux éditions Golias) m'a téléphoné et
m'a expliqué la raison de cette pratique barbare : l'Armée birmane
rafle les animaux et les vend. Pour elle, un animal vaut donc plus
qu'un paysan. (Cette note de bas de page est ajoutée ce jour à mon
texte initial. MV).

Maxime vVvas
le 1er/12/2005 à 15h17

Source :
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=47441
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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