Remember Thiaroye
"1er décembre 1945 - Un jour d'infamie
Des tirailleurs sénégalais sont libérés des camps de prisonniers de
guerre allemands et démobilisés. Débarqués le 21 novembre à Dakar,
ils sont rassemblés au camp de Thiaroye à quelques kilomètres de la
capitale. Mais ils attendent de recevoir les arriérés de leur solde
et de pouvoir échanger leurs marks. En France, malgré leurs
réclamations, on le leur avait refusé sous divers prétextes, et on
leur avait promis que tout se ferait au Sénégal. Mais ici rien non
plus ne se faisait, on leur proposait l'échange de leur argent à la
moitié de sa valeur, ils recevaient un nouvel ordre de départ...
C'en était trop. Les tirailleurs protestèrent, manifestèrent sans
doute. Ils séquestrèrent un général qui leur donna satisfaction pour
être relâché... La nuit suivante, le 1er décembre 1944, l'armée
française intervenait en bombardant et mitraillant le camp. Les
tirailleurs n'avaient pas d'armes. Combien de morts ? 25, 38, 60 ou
plus ? Quelques-uns de ceux qui n'avaient pas été tués passèrent en
jugement et furent emprisonnés jusqu'à ce qu'une grâce
présidentielle leur soit accordée en avril 1947, lors du voyage de
Vincent Auriol en AOF. En France on ignore tout."
Source :
http://www.tadrart.com/tessalit/lamiyabon/thiaroye.html
Voir le film d'animation "L'Ami y'a bon" de Rachid BOUCHAREB:
http://www.tadrart.com/tessalit/lamiyabon/film.html
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Remember Thiaroye
01/12/2005
Le 1er décembre 1944, à Thiaroye dans la banlieue de Dakar au
Sénégal, des centaines de soldats africains sortant d'une résistance
héroïque pour la libération de la France, sont massacrés au camp
Faidherbe par l'armée française, pour avoir revendiqué de façon
pacifique contre le refus des autorités françaises de leur payer
leur solde et leurs compensations financières prévues de longues
dates. Remember Thiaroye.
Il y a certainement d'autres Thiaroye, et L'Autre Mémoire du Crime
Contre l'Humanité* dont parle l'avocat congolais Jean-Martin Mbemba,
est une évocation de ce déni de justice permanent devant les
carnages perpétrés sur ces Africains, Tirailleurs sénégalais,
africains, qui ont pourtant donné à la France sa liberté, et que
celle-ci leur a échangé contre le supplice du sang suivi de celui du
silence.
Des Tirailleurs sénégalais viennent d'être libérés des camps de
prisonniers de guerre allemands et démobilisés. Ils arrivent au
Sénégal le 21 novembre 1944, rassemblés au camp de Thiaroye où ils
attendent que la France honore ses engagements relatifs à des
arriérés de solde repoussés depuis quelques temps et promis pour
l'arrivée à Dakar. De plus, les soldats africains dont les hauts
faits de résistance sont attestés contrairement à d'aucuns [et des
plus éminents…], exigent de pouvoir changer leurs Marks -monnaie
allemande- telle que la promesse leur en a été faite.
L'administration propose d'échanger les Marks à la moitié de leur
valeur et les éconduit, ce que les Africains n'admettent pas. Ils
protestent sans effusion de sang, réclament leur solde et leurs
rémunérations convenues.
Pour toute réponse de la république à ces soldats à peine revenus de
mettre leurs vies en péril pour l'intégrité de la France, au matin
du 1er décembre 1944, des éléments de la marine donnent l'assaut
avec chars et mitrailleuses au camp où les soldats sont rassemblés.
Après avoir encerclé les baraques, les tireurs arrosent les
résistants africains jusqu'à ce que plus rien ne bouge. Horrible
massacre à ce jour impuni, même pas un regret officiel et une
démarche digne de la part des autorités françaises. Seules 202
tombes anonymes témoignent de la boucherie humaine, mais il est
difficile d'établir le nombre réel de victimes… Bon à savoir les
survivants de l'assaut seront traînés devant les tribunaux et même
emprisonnés.
Ce massacre perpétré par la France contre des soldats qui s'étaient
battus pour elle a été la politique française la mieux menée et la
plus régulière en Afrique, de surcroît elle s'est faite pratiquement
dyslexique, au-delà des slogans. La période de l'après guerre de
1939-45 a ouvert les pages tristement célèbres des massacres
coloniaux où un pays qui enfin respirait l'air de la liberté
retrouvée, s'investissait corps et âme pour priver d'autres peuples
de ces biens précieux que sont la liberté et l'indépendance. Il faut
suivre !
Comble de comble, les combattants africains, ceux qui résistaient à
l'oppression coloniale française étaient souvent ceux-là qui avaient
croisé le fer pour l'honneur la France ou…lors des campagnes
extérieures, en Indochine par exemple. L'ingratitude sans prix de la
république n'était pas de nature à réveiller quelques scrupules, au
contraire, le Cameroun et Madagascar ont été les théâtres d'une
indicible sauvagerie républicaine. Entre 1944 et les années 60-70,
une continuité d'équerre. Les Nègres ne sont bons que comme outils,
inaptes à l'autodétermination, moins encore à l'indépendance. Qui
exploiterait donc toutes ces richesses dont un Hugo concevait
qu'elles tendaient les bras à l'homme blanc?
Les anciens combattants africains ayant opté pour la défense de la
France en sont aujourd'hui encore, 60 ans plus tard à attendre les
rééquilibrages de leurs pensions sur celles de leurs camarades
blancs…Ils risquent d'attendre longtemps si leur espérance de vie le
leur permet. Par ailleurs, les hauts cadres, présidents africains de
la première heure, tous ceux qui s'étaient opposés à l'indépendance
comme un Senghor déclarant tout de go que parler d'indépendance
c'était raisonner la tête en bas et les pieds en l'air, ont été
élégamment récompensés, mourant dans l'anonymat, l'oubli et
l'indifférence des oranges longuement pressées. Exotique.
A bon entendeur salut !
Lire Jean-Martin Mbemba, L'Autre Mémoire du Crime Contre
l'Humanité, PP.74-75, Présence Africaine, 1990
Sembène Ousmane, Le Camp de Thiaroye, Film, 1988
Akam Akamayong
Source : Afrikara
http://minilien.com/?sU5404CAln