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 Ombres des Lumières : Hegel (1)

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Delugio
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Delugio


Nombre de messages : 107
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09062005
MessageOmbres des Lumières : Hegel (1)

Citation de Hegel, La raison dans l'histoire, traduction Papaioannou, éd. 10/18, p.245-269 (1)


"L'Afrique. L'Afrique est d'une façon générale le pays replié sur lui-même et qui persiste dans ce caractère principal de concentration sur soi. Elle se compose de trois parties que nous devons rigoureusement distinguer. La diversité de sa constitution géographique est si remarquable que son caractère spirituel lui-même, dans sa diversité, reste lié aux déterminations physiques. L'Afrique est, pour ainsi dire, composée de trois continents qui sont totalement séparés l'un de l'autre et n'ont aucune communication réciproque. L'un se trouve au sud du désert du Sahara : c'est l'Afrique proprement dite, le haut pays qui nous est totalement inconnu, avec d'étroites bandes côtières au bord de la mer. L'autre, situé au nord du désert est l'Afrique pour ainsi dire européenne un pays de côtes. Le troisième est le bassin du Nil, la seule vallée d'Afrique, qui se rattache à l'Asie. [...]

[...] L'Afrique proprement dite est la partie de ce continent qui en fournit la caractéristique première. Ce continent n'est pas intéressant du point de vue de sa propre histoire, mais par le fait que nous voyons l'homme dans un état de barbarie et de sauvagerie qui l'empêche encore de faire partie intégrante de la civilisation. L'Afrique, aussi loin que remonte l'histoire, est restée fermée, sans lien avec le reste du monde ; c'est le pays de l'or, replié sur lui-même, le pays de l'enfance qui, au-delà du jour de l'histoire consciente, est enveloppé dans la couleur noire de la nuit. S'il en est ainsi fermé, cela tient non seulement à sa nature tropicale, mais essentiellement à sa constitution géographique. Encore aujourd'hui elle demeure inconnue et sans aucun rapport avec l'Europe. L'occupation des côtes n'a pas incité les Européens à avancer vers l'intérieur. Le pays forme un triangle : à l'ouest, c'est la côte atlantique où le golfe de Guinée forme à un profond angle rentrant ; à l'est, du cap de la Bonne Espérance jusque au cap Gardafui, c'est la côte du grand océan ; au nord c'est le désert du Niger. La partie la plus septentrionale a un autre caractère à cause de sa relation avec les Européens [...] La zone côtière de l'Afrique a été, depuis des siècles, occupée par les Européens mais ces derniers n'ont pénétré à l'intérieur que depuis une quinzaine d'années. Dans les contreforts du cap de Bonne Espérance, les missionnaires ont récemment franchi les montagnes. A Mozambique, sur la côte orientale, à l'ouest sur le Congo et sur le Loango, et aussi sur le Sénégal qui coule à travers des déserts de sable et des montagnes, et en Gambie, les Européens se sont fixés sur la bande côtière. Mais s'il y a désormais trois siècles ou trois siècles et demi qu'ils la connaissent et qu'ils y ont affermi leur domination sur quelques endroits, pendant cette période, il ne se sont aventurés que rarement, en quelques points et pour peu de temps sur ces montagnes, et ils ne s'y sont pas établis. La zone côtière est en partie sablonneuse et peu habitable ; mais plus loin, vers l'intérieur, elle est fertile. Si l'on avance encore vers l'intérieur, on rencontre une bande marécageuse à la végétation luxuriante, qui abrite toutes sortes d'animaux féroces qui dégage une atmosphère pestilentielle, presque empoisonnée. C'est ce qui y, comme à Ceylan, a rendu presque impossible toute pénétration. Les Anglais et les portugais ont souvent envoyé à cet effet des troupes en nombre suffisant, mais dans cette région la plupart des hommes mouraient et les autres étaient toujours mis en déroute[...] Étant donné cette configuration naturelle, les Européens n'ont pu acquérir que peu de connaissances sur l'intérieur de l'Afrique. En revanche, des peuples en sont parfois sortis, qui se sont montrés si barbares et sauvages que toute possibilité de nouer des relations avec eux était exclue. Ces incursions ont lieu de temps en temps, elles constituent les traditions les plus anciennes de cette partie du monde. On rapporte qu’aux XV-XVIe siècles, d'horribles hordes, venant de l'intérieur, se sont abattues, en plusieurs endroits très éloignés les uns des autres, sur les habitants plus paisibles des pentes de et des régions côtières. Plusieurs nations qu'on rencontre sur la côte ouest semblent être des vestiges de ces invasions. Des hordes de nègres ont pénétré aussi en Abyssinie. Quand leur rage prit fin, elles se sont installées dans la région côtière ou elles se ne sont apaisées ; aujourd'hui elles se montrent douces et industrieuses et rien, à première vue, ne semble indiquer une quelconque barbarie. Cette tempête a-t-elle été provoquée par mouvement intérieur et lequel ? On ne sait. Ce que l'on a su toutefois de ces hordes c'est le contraste de leur attitude, qui manifestait, dans ces guerres et ces expéditions l'inhumanité la plus irréfléchie et la brutalité la plus la répugnante ; mais, leur rage ayant pris fin, elles se montraient, dans le temps calme de la paix, douces et bonnes pour les Européens avec lesquels elles avaient fait connaissance. Il en est ainsi des Fullahs, des Mandingues, qui habitent des terrasses montagneuses du Sénégal et de la Gambie.
Dans cette partie principale de l'Afrique, il ne peut y avoir d'histoire proprement dite. Ce qui se produit, c'est une suite d'accidents, de faits surprenant. Il n'existe pas ici un but, un État qui pourrait constituer un objectif. Il n'y a pas une subjectivité, mais seulement une masse de sujets qui se détruisent. Jusqu'ici on n'a guère prêté attention au caractère particulier de ce mode de conscience de soi dans lequel se manifeste l'Esprit. De nombreuses relations nous sont parvenues des régions les plus diverses, qui semblent pourtant incroyables à la plupart. Elles s'attardent en effet à rapporter des détails épouvantables plutôt qu'à tracer un tableau précis ou à dégager des principes, ce que précisément nous voulons essayer de faire ici. La littérature qui concerne ce sujet relève d'un genre assez mal défini, et celui qui veut s'occuper des détails doit recourir à ceux qui se trouvent dans des ouvrages bien connus. La meilleure description d'ensemble de l'Afrique se trouve dans la "Géographie" de Ritter.
Nous allons essayer maintenant de mettre en évidence l'esprit universel, la forme générale du caractère africain, à partir de ce qui est manifesté dans ses aspects particuliers. Ce caractère est difficile à comprendre, car il diffère complètement de notre monde culturel ; il a en soit quelque chose d'entièrement étranger à notre conscience. Il nous faut oublier toutes les catégories qui sont à la base de notre vie spirituelle, et cesser de subsumer les choses sous ces formes. La difficulté consiste dans le fait que nos représentations sont toujours sournoisement présentées.
D'une façon générale, nous devons dire que, dans l'Afrique intérieure, la conscience n'est pas encore arrivée à l'intuition de quelque chose de solidement objectif, d'une objectivité. Par l'objectivité solide il faut entendre Dieu, l'éternel, le juste, la nature, les choses naturelles. Dans la mesure où il est en rapport avec une semblable entité bien consistante, l'esprit sait qu'il dépend d'elle, mais, en même temps, dans la mesure où il s'élève vers elle, il sait aussi qu'elle est une valeur. Les africains, en revanche, ne sont pas encore parvenus à cette reconnaissance de l'universel. Leur nature est le repliement en soi. Ce que nous appelons religion, État, réalité existant en soi et pour soi, valable absolument, tout cela n'existe pas encore pour eux. Les abondantes relations des missionnaires mettent ce fait hors de doute. L'unique voie qui rapproche dans une certaine mesure le nègre de la culture semble être l'islam ; les Mahométans d'ailleurs connaissent, mieux que les Européens, le moyen de pénétrer dans l'intérieur du pays.
Ce qui caractérise en effet les nègres, c'est que leur conscience n'est pas parvenue à la contemplation d'une quelconque objectivité solide, comme par exemple Dieu, la loi, à laquelle puisse adhérer la volonté de l'homme, et par laquelle il puisse parvenir à l'intuition de sa propre essence. Dans son unité indifférenciée et concentrée, l'Africain n'en est pas encore arrivé à la distinction entre lui, individu singulier, et son universalité essentielle ; d'où il suit que la connaissance d'un être absolu, qui serait autre que le moi et supérieur à lui, manque absolument. L'homme, en Afrique, c'est l'homme dans son immédiateté. L'homme en tant qu'homme s'oppose à la nature et c'est ainsi qu'il devient homme. Mais, en tant qu'il se distingue seulement de la nature, il n'en est qu'au premier stade, et est dominé par les passions. C'est un homme à l'état brut. Pour tout le temps pendant lequel il nous est donné d'observer l'homme africain, nous le voyons dans l'état de sauvagerie et de barbarie, et aujourd'hui encore il est resté tel. Le nègre représente l'homme naturel dans toute sa barbarie et son absence de discipline. Pour le comprendre, nous devons abandonner toutes nos façons de voir européennes. Nous ne devons penser ni à un Dieu spirituel ni à une loi morale ; nous devons faire abstraction de tout esprit de respect et de moralité, si nous voulons saisir sa nature. Tout cela, en effet, manque à l'homme qui en est au stade de l'immédiat : on ne peut rien trouver dans son caractère qui s'accorde à l'humain. C'est précisément pour cette raison que nous ne pouvons vraiment nous identifier, par le sentiment, à sa nature, de la même façon que nous nous pouvons nous identifier à celle d'un chien, ou à celle d'un Grec qui s'agenouillait devant l'image de Zeus. Ce n'est que par la pensée que nous pouvons parvenir à cette compréhension de sa nature ; nous ne pouvons en effet sentir que ce qui est semblable à nos sentiments.
Dans l'ensemble, nous trouvons ainsi, en Afrique, ce qu'on a appelé l'état d'innocence, l'unité de l'homme avec Dieu et avec la nature. C'est en effet l'état d'inconscience de soi. Mais l'esprit ne doit pas s'arrêter à ce point, à ce premier état. Ce premier état naturel est un état animal. Le "paradeisos" est un parc habité par des animaux, dans lequel l'homme vivait lui aussi dans état animal et était innocent, ce que précisément l'homme ne doit pas être. L'homme n'est vraiment homme que lorsqu'il connaît le bien et, par suite, son opposé, que lorsqu'il est divisé à l'intérieur lui-même. Il ne peut en effet connaître le bien que lorsqu'il connaît le mal. C'est pourquoi l'état paradisiaque n'est pas un état parfait. Cet état premier de perfection dont parlent les mythes de tous les peuples signifie que son fondement est la détermination abstraite de l'homme. Quant à savoir s'il existait dans la réalité effective, c'est une autre question.[...]
Nous allons parcourir les moments principaux de l'esprit africain, et nous devrons en éclairer certains aspects particuliers qui jettent de la lumière sur son essence. Mais ce qui nous occupera en propre sera seulement la présentation générale du sujet. Tournons-nous donc, avant toute chose, vers la religion de l'Africain. Selon nos idées, le fait proprement religieux c'est que l'homme reconnaisse un être suprême, qui est en soi et pour soi, totalement objectif, absolue essence déterminante, pouvoir supérieur par rapport auquel l'homme est quelque chose de plus faible et de plus bas. Cet être peut être représenté comme esprit, comme force naturelle qui gouverne la nature, bien que cela ne soit pas sa forme véritable. Il peut aussi avoir dominé la vision imaginative, si bien que les hommes ont adoré la lune, le soleil, les fleuves. Avec leur imagination ils ont donné une âme à ces formes, mais elles ont été pour eux, quoi qu'il en soit, des réalités douées d'une potentialité tout à fait autonome. La religion commence avec la conscience de l'existence de quelque chose qui soit supérieur à l'homme. Cette forme d'expérience n'existe pas chez les nègres. Le caractère de l'Africain manifeste seulement l'antithèse initiale entre l'homme et la nature. Voici comment il se représente la situation : il y a lui et la nature, et ils sont opposés l'un à l'autre, mais c'est lui qui domine l'élément naturel. Voilà la situation fondamentale, dont nous trouvons chez Hérodote déjà le plus ancien témoignage. Nous pouvons ce en effet résumer le principe religieux de ces hommes par les mots d'Hérodote : "en Afrique, tous les hommes sont des magiciens". Cela veut dire que l'Africain, comme être spirituel, s'arroge un pouvoir sur la nature, et c'est ce que signifie un tel pouvoir magique. Les relations des missionnaires s'accordent aussi sur ce point. Or, dans la magie, il n'y a pas l'intuition d'un dieu, d'une croyance morale, mais bien au contraire l'homme y est représenté comme la puissance suprême, comme celui qui, avec les forces de la nature, n'a d'autre rapport que celui du commandement. On ne parle donc pas d'une adoration spirituelle de Dieu, ni d'une souveraineté du droit. Dieu tonne et n'est pas reconnu. Pour l'esprit de l'homme, Dieu doit être davantage qu'une chose tonnante, mais chez les nègres il n'en est pas ainsi. Les Africains ne voient que la nature opposée à eux : ils en dépendent, et les forces naturelles sont terribles pour eux. Le fleuve peut les engloutir, le tremblement de terre peut détruire leurs demeures. L'abondance des moissons et des fruits dépend du temps. Ils ont tantôt trop de pluie, tantôt pas assez, ils ont besoin de la tempête, de la saison des pluies, de sa cessation. La pluie aussi bien que la sécheresse ne doivent pas durer trop longtemps. Mais ces forces naturelles, et aussi le soleil, la lune, les arbres, les animaux, sont bien pour eux des forces, mais des forces qui n'ont pas derrière elles une loi éternelle, une providence et par conséquent ne constituent pas une force naturelle solide et universelle. L'Africain se rend compte qu'elles le dominent, mais pour lui ce sont des forces dont l'homme, d'une manière ou d'une autre, se rend maître. Il domine ces puissances naturelles. Il ne faut pas penser ici à une adoration de Dieu ni à la reconnaissance d'un esprit universel opposé à celui de l'individu. L'homme ne connaît que lui-même, et lui-même comme opposé à la nature : c'est à cela que se réduit la rationalité chez ces peuples. Ils reconnaissent la force de la nature et cherchent à la dominer. C'est ainsi qu'ils croient que l'homme ne meurt jamais naturellement, mais que c'est la volonté d'un ennemi qui le tue par un pouvoir magique ; pour empêcher cela, comme contre toute force naturelle, ils se servent à leur tour de la magie.
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