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 Rebonds par Léon BERTRAND

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AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Rebonds par Léon BERTRAND Empty
17112005
MessageRebonds par Léon BERTRAND

http://www.liberation.com/page.php?Article=338970#

Rebonds

Les violences en banlieue ne doivent pas être traitées comme de simples
problèmes d'ordre public.
La République, l'affaire de tous


Par Léon BERTRAND
jeudi 17 novembre 2005

Léon BERTRAND
ministre
délégué
au Tourisme.





«Allô la France, ici la banlieue», ces quelques mots sont pour moi un appel qui
exprime clairement le désarroi humain que traverse, dans la violence, notre
société, et qui est plus ou moins mal perçu par beaucoup de Français.

Il y a de toute évidence un fossé que personne ne peut plus nier et qui engendre
un malaise pour le plus grand nombre et une grande détresse pour les autres.
Bien sûr, dans le camp de ceux qui vivent quotidiennement cette angoisse,
nourrie par la misère sociale, je sais que beaucoup incitent à cette violence et
en profitent, en fait, pour protéger ou étendre leur pré carré, zone de
non-droit, afin de faire prospérer en toute impunité leurs ignobles trafics.
Mais je sais aussi que beaucoup d'autres, et pour des raisons différentes dont
ils n'ont pas la maîtrise, se laissent aussi aller, malgré eux, à des actes de
violence peu ordinaires dont ils sont d'ailleurs les premières victimes. Ceux-là
ont perdu depuis longtemps toute illusion et tout espoir que suscitaient les
principes ambitieux de la République. Moi, je comprends leur douleur, même si je
me refuse à excuser leur violence. Moi, je comprends que ces jeunes dépouillés
de tous repères cherchent et trouvent une espèce de «décodeur» pour faire passer
et exprimer un cri d'alarme vers une société qui est de moins en moins
«formatée» pour les entendre.

Moi, je dis «moi» parce que mon expérience personnelle m'autorise à dire que je
devine, que je connais les sentiments qui peuvent animer ceux pour qui la
reconnaissance, le respect, la dignité ne sont pas que de simples mots, parce
que bien souvent ces valeurs restent les seules richesses de ceux qui sont le
plus démunis. Moi, mais qui suis-je donc pour prétendre donner un point de vue à
mon avis légitimement acceptable pour tous ? Né sur les bords du Maroni, en
Guyane, département français d'Amazonie situé à 7 000 kilomètres de Paris,
petit-fils d'un bagnard d'origine vendéenne ayant épousé une femme noire à sa
libération, fils d'un père créole et d'une mère amérindienne du Surinam, je suis
Léon Bertrand, au nom typiquement français mais au physique typiquement
exotique. Fruit du métissage, aboutissement continu d'un mouvement naturel qui a
pris sa source dans ces régions lointaines où la couleur de la peau n'est plus
une barrière sociale, je veux faire deux remarques : la première est qu'il est
indéniable que la République, dans ses fondements, porte en elle les moyens
permettant à chacun, même au plus faible, d'exprimer ses talents, ses rêves, et
de s'épanouir dans la société française. C'est ainsi que je me suis construit au
fil des années, façonné par cette idée de la France ­ cette France que je
découvrais au loin dès mon plus jeune âge au travers des récits de Lucien
Bertrand, mon grand-père, cette France que je retrouvais avec mes petits
camarades «de la brousse» sur les bancs de l'école, dans nos livres d'histoire
et de géographie lorsque nous apprenions «nos ancêtres, les Gaulois». Cette
France enfin qui nous était familière parce qu'elle était chez nous tous les
jours par le «journal parlé», voix lointaine transportée par ce vieux poste de
radio en bois verni qui occupait une place royale dans la salle à manger. Cette
France, la «République française», a toujours été un guide, dans ma tête, un fil
conducteur qui a sans cesse canalisé ma personnalité, qui m'a permis de puiser
en moi-même des ressources insoupçonnées pour affronter avec foi les combats
difficiles que je croyais parfois perdus d'avance. C'est elle qui plus tard,
lorsque j'ai été pris par le virus de la politique, préférant choisir le pupitre
de l'orateur plutôt que la guitare du chanteur, m'a poussé à prendre des
responsabilités au service des autres. D'abord dans ma commune, puis pour mon
département, enfin pour la France grâce à la confiance et à la constance dans
l'effort qu'elle m'a toujours inculquée et qui ont d'ailleurs permis au
président de la République, Jacques Chirac, de me désigner au gouvernement. Oui
mais voilà, me direz-vous, mon «rêve français», que je compare là au fameux
«rêve américain», peut paraître inaccessible pour beaucoup car les choses ont
bien changé.

Et c'est là que j'en viens à ma deuxième remarque. Je perçois la détresse de
ceux qui se confrontent, jour après jour, à une réalité humaine et matérielle
qui s'impose à eux comme une fatalité sociale, comme la négation de leur
existence : c'est ce que l'on nomme communément la discrimination. Cette
discrimination n'est pas un mythe de contradicteur démagogique, c'est une
réalité, et je vais l'illustrer par une anecdote : qui pourrait penser qu'un
ministre puisse être victime de discrimination ? Personne ! Et pourtant,
plusieurs fois, lorsque j'ai reçu à mon cabinet des personnes qui ne me
connaissaient pas physiquement, la marque de respect républicain «Monsieur le
ministre» allait de façon réflexe à mon conseiller, qui lui était blanc, et non
à moi. Mais ce qui pour moi reste très exceptionnel et très mineur dans ses
effets en tant que personnage public, est, en revanche, le lot quotidien de tous
ceux qui appartiennent à ce que l'on qualifie de «minorité visible». La société
française a changé, elle est aujourd'hui pluriethnique et multiculturelle alors
que les schémas de pensée n'ont pas évolué à la même vitesse. Il est
inadmissible de se voir demander de présenter un titre de séjour lorsque l'on a
une carte d'identité nationale depuis toujours dans sa poche. Les originaires
d'outre-mer connaissent bien cette réalité qu'ils reçoivent comme une
humiliation insupportable.

Et c'est pour cela que les événements que nous vivons maintenant ne doivent pas
être traités comme de simples problèmes d'ordre public. Je rappelais d'ailleurs
récemment à l'occasion d'une interview que dans son action Nicolas Sarkozy ne
détenait qu'une partie de la réponse, car cette dernière doit être politique et
globale. Les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin
ont apporté et apportent déjà des réponses avec les lois de cohésion sociale, la
mise en place de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et
pour l'égalité), l'apprentissage des plus jeunes, etc.

Mais au risque d'être provocateur, profitant de ma place atypique dans ce
gouvernement et n'engageant que moi, j'ai envie de dire que la réponse politique
doit se situer au-delà des règles de gouvernance ordinaires, en ouvrant,
pourquoi pas, un débat national sur les évolutions de notre société, pour
renouer les fils du dialogue social. Une réponse politique au-delà de la stricte
orthodoxie budgétaire pour retrouver des marges de manoeuvre qui portent la vie
et l'espérance de toute la jeunesse de notre pays. Une réponse pour que l'utopie
à la française «Liberté - Egalité - Fraternité» reste un rêve possible pour tous
les enfants de la République. Ayons l'audace de le vouloir tous ensemble. Quand
je dis tous ensemble, je pense au gouvernement et à tous les responsables
publics et privés qui disposent des leviers nécessaires à une évolution sociale
et économique favorable au plus grand nombre, mais je pense surtout à chacun
d'entre nous.

Dans cette utopie républicaine «Liberté - Egalité - Fraternité», chacun d'entre
nous détient la clef. Et si l'on commençait par le plus abordable, le plus
rapide dans son application : la fraternité. C'est possible, il faut le vouloir,
c'est un comportement qui ne dépend que de chacun d'entre nous mais qui pourrait
déclencher ce vrai dialogue entre générations, pour nous rendre plus proches les
uns des autres et ouvrir plus facilement vers l'égalité et la liberté. C'est
vrai que les émeutes, même si elles ont diminué d'ampleur, se poursuivent
toujours quinze jours après alors que les réponses apportées par le gouvernement
auraient dû, naturellement, apaiser les troubles. Là encore, c'est le signe
peut-être du manque de confiance d'une jeunesse vis-à-vis des dirigeants qui
n'ont pas toujours su lui préparer une place. Mais la jeunesse n'est pas une
maladie, c'est un atout, c'est l'avenir à condition de savoir l'accompagner.
C'est plus que jamais maintenant que l'utopie française doit donner un sens à la
diversité de son peuple.
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