MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE

Vues Du Monde : ce Forum MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE est lieu d'échange, d'apprentissage et d'ouverture sur le monde.IL EXISTE MILLE MANIÈRES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VÉRITÉ.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Derniers sujets
Marque-page social
Marque-page social reddit      

Conservez et partagez l'adresse de MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE sur votre site de social bookmarking
QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

 

 Un plan au secours de l'Afrique

Aller en bas 
AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Un plan au secours de l'Afrique Empty
04112005
MessageUn plan au secours de l'Afrique

Libération, no. 7367
REBONDS, lundi 17 janvier 2005, p. 36

Economiques
Un plan au secours de l'Afrique

MARTIN Philippe

Le tsunami du 26 décembre a déclenché une compétition assez étonnante entre les pays donateurs dont les promesses d'aide dépassent maintenant 3 milliards de dollars. La petite phrase du Norvégien Jan Egeland, coordonnateur de l'aide d'urgence à l'ONU sur la «pingrerie» des pays riches a sans doute stimulé cette concurrence non dénuée d'arrière-pensées mais somme toute positive. Un risque clairement identifié est que cette aide d'urgence ne vienne réduire celle qu'on destine au continent africain. Le désastre humain y est pourtant plus dramatique, même s'il est moins spectaculaire. Pour ne prendre qu'un exemple, cette année entre 1 et 3 millions d'êtres humains, dont une très grande majorité d'enfants, vont mourir de la malaria. 90 % d'entre eux seront africains. Un article récent de Jeffrey Sachs, de l'université de Columbia, fait le point sur le désastre africain et ce qui peut être fait pour y remédier. Il s'agit d'un rapport important non seulement parce qu'il servira de base aux discussions du Projet du millénaire des Nations unies pour réduire la pauvreté dans le monde, mais aussi parce qu'il remet en cause un certain nombre de préjugés sur l'aide au développement. Le point de départ de ce rapport est que le diagnostic usuel, qui réduit la crise africaine à une crise de gouvernance est trompeur. Certes, du Zimbabwe au Congo, les exemples de mauvaise gouvernance sont légion. Mais en Afrique, les pays mieux gérés ne sont pas moins pauvres. La mauvaise gouvernance en Afrique est tout autant une conséquence qu'une cause de la pauvreté, car la bonne gouvernance requiert elle-même des ressources. En fait, le niveau de gouvernance n'est pas moins élevé que celui d'autres pays de la planète dont le niveau de développement économique est aussi bas. Le problème le plus grave est que l'Afrique se trouve dans une «trappe de pauvreté» dont elle ne peut sortir sans aide extérieure. Le mécanisme de cette trappe est à la fois simple et dramatique : l'extrême pauvreté des Africains produit un taux d'épargne très faible, qui rend impossible l'investissement en capital physique ou humain et donc la croissance économique. Les investissements étrangers ne se sont pas substitués à l'épargne locale défaillante, parce que l'état des infrastructures et la faiblesse du niveau du capital humain, eux-mêmes dus au faible niveau de revenu, les ont découragés.

En Afrique, la pauvreté génère donc les conditions mêmes de sa reproduction. Certes l'Asie, il y a peu aussi pauvre que l'Afrique, est sortie de cette trappe épargnant et investissant à des taux record qui ont été la source de sa croissance. L'étude de Jeffrey Sachs identifie trois handicaps spécifiques à l'Afrique subsaharienne, absents en Asie. Le premier est qu'elle a un accès difficile au marché extérieur ou à son propre marché. Une grande partie des Africains vit loin des côtes pour des raisons historiques, le commerce des esclaves les ayant fait fuir vers l'intérieur.

Le deuxième handicap est la faible productivité de son agriculture. Celle-ci n'a pas bénéficié de la Révolution verte, qui a transformé l'agriculture en Asie mais qui était mal adaptée aux semences africaines. Enfin, l'Afrique subsaharienne est victime d'un problème de santé sans égal. Le taux de prévalence du HIV dépasse 7 %, alors qu'il est inférieur à 1 % dans le reste de monde. La malaria y est aussi beaucoup plus grave et répandue qu'en Asie. Les sommes qui seraient nécessaires pour contrôler cette maladie dépassent les possibilités de l'Afrique. Au-delà de la tragédie humaine, la maladie diminue fortement la productivité, ce qui aggrave encore la pauvreté. Identifier ces mécanismes spécifiques à l'Afrique ne veut pas dire que l'on cède au déterminisme géographique. Cela permet en revanche d'expliquer pourquoi une aide au développement insuffisante ne peut pas sortir l'Afrique de sa trappe de pauvreté. Pour entrer dans le cercle vertueux où la croissance appelle la croissance, l'Afrique a besoin d'une aide extérieure massive. Pour cela, Jeffrey Sachs recommande qu'elle se focalise sur plusieurs priorités dont la productivité agricole, la santé, l'éducation primaire et secondaire, le financement du développement urbain et l'intégration régionale. Pour atteindre ces objectifs, il estime que l'aide à l'Afrique subsaharienne devrait être plus que doublée. Les pays industrialisés se sont engagés en 2002 à porter leur aide au développement à 0,7 % de leur revenu contre 0,2 % actuellement. Une telle augmentation serait suffisante pour financer ce plan Marshall pour l'Afrique. Ce sera aussi un thème central de la présidence anglaise du G8 cette année. Les Français et les Anglais ne sont pas d'accord sur les moyens de financer un tel plan, mais devraient saisir cette occasion pour souligner la convergence européenne sur ce type de sujet et trouver un compromis. Nombreux seront ceux qui pointeront les risques d'échec de ce plan, en particulier parce que l'aide pourrait encourager la corruption et aggraver ainsi le problème africain de la gouvernance. Cela nécessitera d'exclure certains pays de son champ. Mais le danger le plus grand est de ne prendre aucun risque.

Philippe Martin est professeur à Paris-I et chercheur au Ceras-CNRS
Revenir en haut Aller en bas
https://vuesdumonde.forumactif.com/
Partager cet article sur : reddit

Un plan au secours de l'Afrique :: Commentaires

Aucun commentaire.
 

Un plan au secours de l'Afrique

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE :: ECONOMIE/ECONOMY :: ECONOMIE AFRICAINE/AFRICAN ECONOMY-
Sauter vers: