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 Rapports de race et de classe dans la société guadeloupéenne

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Rapports de race et de classe dans la société guadeloupéenne Empty
17022009
MessageRapports de race et de classe dans la société guadeloupéenne

Elie Domota




Mercredi 28 janvier 2009, lors des négociations entre le collectif
Lyannaj Kont Pwofitasyon, les élus , les représentants des socio
professionnels et l’encadrement de l’Etat, le préfet quitte les
négociations. L’ambiance est lourde. Monsieur Willy Angele, président
du MEDEF Guadeloupe, affirme qu’il est prêt à travailler sur un projet
de territoire s’il le faut. Il exprime, à travers son expérience de Mai
1967, son aversion pour les débordements violents et ne veut pas voir
son pays se déchirer comme le firent les Tutsis et les Hutus.



Février 2009


Extrait de la déclaration de Elie Domota au LKP




Je tiens à réagir au propos concernant les Hutus et Tutsis. Je
salue Monsieur Arconte, directeur du Travail qui est resté dans cette
réunion et dont je ne sais pas s’il est Hutu ou Tutsi. Et je tiens tout
simplement à affirmer, Monsieur Angel (patron du MEDEF Guadeloupe), que
nous ne pouvons nier que vous, Madame Koury (présidente de la Chambre
de Commerce et d’Industrie de Pointe à Pitre) et Monsieur Payen (membre
du Comité Economique et Social) soyez des Guadeloupéens, ce n’est pas
notre propos.

Ce que nous affirmons, c’ est que la société guadeloupéenne s’est
construite sur des rapports de race et de classe depuis 400 ans.
Aujourd’hui, dans la pyramide, le pouvoir correspond à une couleur, on
vient de le constater (les représentants de l’Etat ont quitté les
négociations). En Guadeloupe actuellement, au sommet de la pyramide, on
retrouve les Blancs et les Européens, au bas de l’échelle se situent
les Nègres et les Indiens, c’est un constat. On nous parle de paix
sociale ! La paix sociale ne peut exister dans un pays quand la
majorité de ses enfants est exclue du travail, est exclue du savoir,
est exclue des responsabilités (…)

Aujourd’hui, en analysant les 50 plus grandes entreprises en
Guadeloupe, leurs cadres ne sont pas des Guadeloupéens d’origine
africaine ou indienne, c’est la vérité ! En observant les
administrations, les services de l’Etat, les chefs de services et les
cadres ne sont pas majoritairement des Guadeloupéens d’origine
africaine ou indienne ! Dire le contraire, c’est mentir, (…)!

Quels sont les services que les Guadeloupéens d’origine africaine
et indienne gèrent en Guadeloupe ? Ce sont les services qui relèvent de
la gestion de la misère. La CMU (la Couverture Maladie Universelle),
monsieur Yacou, le RMI (le Revenu Minimum d’Insertion) monsieur Lubeth,
le pôle emploi ANPE-ASSEDIC monsieur Dumurier, la CAF et l’API
(l’Allocation Parent Isolé) monsieur Saint-Clément. Les Guadeloupéens
d’origine africaine et indienne gèrent la misère des Guadeloupéens !
Dans tous les autres services de l’Etat qui exercent un pouvoir, tant
dans leur direction que dans leur staff d’encadrement, on ne trouve pas
de Guadeloupéens d’origine africaine ou indienne !


Bien évidemment, on nous parle de formation, c’est faux archi faux !

Nous connaissons des diplômés « à la tonne », mais ils ne
travaillent pas en Guadeloupe. Dernièrement, j’ai reçu une jeune femme
diplômée en ressources humaines qui postulait sur un poste à Air France
; on lui a proposé un poste d’hôtesse de l’air. Et sur ce poste a été
recrutée une personne venant de France avec moins de diplômes qu’elle
!Nous l’interprétons ainsi, c’est une question de couleur de peau,
c’est la réalité telle que nous la percevons.

En France, 6% des offres marchandes dans le secteur privé sont
gérées par l’intérim et les cabinets de consultants. En Guadeloupe 50%
de ces offres sont gérées par ce secteur ! Et qui dirigent ces cabinets
d’intérim et de consultants ? Qui y travaillent ? Ce ne sont pas
majoritairement des guadeloupéens d’origine africaine et indienne.

Aujourd’hui en Guadeloupe, on embauche du personnel sous le sigle
BBR ! Un bleu blanc rouge ! J’ai travaillé en France, il m’a été
demandé d’embaucher un BBR, un « 01 codification informatique », 01
signifiant « nationalité française » ! Ou un « vrai 01 » signifiant un
Français blanc ! Voilà ce qui se passe sur la discrimination raciale à
l’embauche.
Cela explique pourquoi de jeunes diplômés guadeloupéens et
martiniquais ont déjà mis en ligne plusieurs blogs dont
http://antildiscrim.skyrock.com/ où ils expriment ce qui leur arrive,
la victimisation dans le système !


C’est la vérité, la Guadeloupe a été construite sur des rapports de classe et de race qui perdurent depuis 400 ans.

Le système de la plantation a été maintenu, prenons des exemples,
Monsieur Angele. Prenons des entreprises comme Carrefour, Monsieur
Bricolage, est ce que la photographie de leur encadrement correspond à
la réalité ethnique de la Guadeloupe, à la réalité sociale ? NON et NON
! C’est une évidence !


Face à cette situation, nous affirmons, pour répondre à votre
remarque sur les Tutsis et Hutus, que nous ne sommes pas du tout dans
ce schéma. Nous ne contestons pas que vous soyez un Guadeloupéen tout
comme monsieur Payen, sinon on se mettra à contester le caractère
guadeloupéen de n’importe qui ! Nous l’affirmons de nouveau, la paix
sociale ne peut exister dans un pays quand la majorité d’un peuple est
exclue !
Et aujourd’hui en Guadeloupe, 99,99% des chômeurs sont des Guadeloupéens d’origine africaine et indienne.


Prenons encore des exemples. A Jarry, il y a des commerces qui ont
ouvert récemment comme Décathlon, Kiabi ou Casino. Je travaille à
l’ANPE, qui était chargée de réaliser le recrutement de Décathlon. Nous
avons travaillé à la sélection, aux offres d’emploi comme il le
fallait. Par la suite, un cabinet de consultants payé par le groupe
Hayot a « nettoyé » le travail et ensuite, le personnel est venu de
Paris ! Je suis persuadé qu’en visitant ce magasin n’importe qui a été
interpellé ( nous n’interdisons à personne de travailler ), par le fait
qu’il est surprenant d’embaucher un personnel venant de Paris pour être
caissière à Pointe A pitre ! Lorsque nous posons ce problème, on nous
taxe de racisme ! Nous résidons dans un pays de 1600 km2 avec 460 000
habitants dont … 60 000 chômeurs. Nous avons avec la Guyane le plus
important taux de chômage !

Nous avons vu récemment un courrier de monsieur Vion (hôtelier)
affirmant : « Qu’on soit de la Creuse, de la Guadeloupe, de la Corrèze
ou de la Normandie, on est français ». Ce n’est pas aussi simple,
Monsieur Vion ! Comment voulez-vous que la paix sociale existe en
Guadeloupe si les Guadeloupéens ne peuvent pas y travailler !
J’ai eu l’occasion de vous rencontrer, madame Jeanny Marc (maire
de Deshaies, députée de la 3è circonscription) sur ces questions,
particulièrement sur l’hôtel Fort Royal.

Un jour est arrivée à l’ANPE une offre d’emploi pour l’embauche de
40 personnes avec comme tâches de couper de l’herbe, laver la
vaisselle, nettoyer les chambres, faire les lits, porter les bagages,
et avec comme contrainte « anglais lu, parlé et écrit obligatoire ! »
Cela signifie que si nos enfants formés au lycée hôtelier, avec un
niveau bac+2 ou bac+3, parlent anglais couramment, c’est cela leur
destinée, laver la vaisselle dans un hôtel à Deshaies ?
Nous avons de nombreux jeunes diplômés en Guadeloupe qui sont
obligés de procéder à l’ensachage de clous dans des entreprises à Jarry
ou réalisent des sandwichs dans des fast-foods ! C’est cela qui leur
arrive car ils refusent de partir et de quitter leur pays, espérant à
terme trouver un job !

D’autres par contre, prennent l’avion et partent. Une fois arrivés,
par exemple en Allemagne ou ailleurs, c’est fini, ils ne reviendront
qu’en vacances, (…), ils fonderont une famille, leurs enfants seront
allemands, australiens ou autre. Et c’est ainsi que la Guadeloupe perd
ses forces vives !

Le processus que nous venons de décrire concernant l’hôtel Fort
Royal est très subtil, vous le savez bien, Monsieur Arconte : si une
offre d’emploi a été déposée dans le service public de l’emploi et si
cette offre n’a pas été satisfaite dans un délai de 30 jours car on n’a
trouvé personne en Guadeloupe, dans ce cas la législation permet
d’opérer « l’introduction de main d’oeuvre étrangère » ! C’est ainsi
que, tout naturellement, 45 Suédois ont pris les postes dans un hôtel
appartenant à la collectivité régionale !
Cela nous permet d’affirmer haut et fort qu’il faut une priorité
d’embauche aux Guadeloupéens en Guadeloupe ! Il faut que ce qui se
passe au sommet corresponde à la situation ethnique et sociologique du
pays ! Cela est la règle dans tous les pays.

Pourquoi aujourd’hui en France, à partir de ce qui s’est déroulé
au Etats-Unis, Christine Kelly a été nommée au CSA ? On a avec
empressement nommé une préfète d’origine Camerounaise sans même
s’apercevoir que madame Pierrot, Guadeloupéenne de Trois-Rivières,
occupe depuis longtemps ce type de poste !

Ces questions, nous les posons sans haine de façon justement à ne
pas arriver à la haine ! Car si un embrasement des banlieues a eu lieu
il y a deux ans, c’était justement parce que ces jeunes, se sentant
exclus, affirmaient : « Nous sommes français ! » De ce fait une série
de mesures furent appliquées, train pour l’emploi, etc.
Ici nous sommes toujours dans le même système, un système
construit sur des rapports de classe et de race depuis 400 ans ! Nous
ne reviendrons pas sur les chiffres. Nous sommes les premiers
concernant les jeunes filles mères, nous sommes les premiers avec les
Guyanais pour le SIDA, nous sommes les premiers dans nombre d’aspects
négatifs. Par contre dans le domaine sportif, lorsqu’il s’agit du
capitanat de l’équipe de France de foot ou pour réaliser des
performances en athlétisme, nous sommes demandés !

Au point pour nous d’intégrer les domaines où nous sommes
cantonnés. Lilian Thuram est un grand sportif mais tous nos enfants,
seront-ils des Lilian Thuram ? Seront ils des Teddy Riner ? Non ! Cela
signifie que tous nos enfants ont droit à la réussite! Quand j’étais
petit, je lisais Blek, Yataca, Zambla et Akim comme tous les jeunes de
mon âge. En grandissant, un adulte m’a interpellé me déclarant : «
Domota, quelque chose ne va pas : le héros tout seul, le plus fort dans
la forêt, commande à tous les Nègres, tous les serpents, tous les
gorilles, toutes les bêtes, le Blanc seul commande tout le monde ! »
Alors évidemment on se réfère au héros !


Les héros des Guadeloupéens aujourd’hui, qui sont ils ? Ce sont
Thierry Henry et Lilian Thuram. L’épanouissement, la réussite par le
sport sont des notions fondamentales mais admettons que nos enfants ne
peuvent avoir comme seuls modèles Thierry Henry et Lilian Thuram ! Il
faut que nos enfants aient comme modèle Nicolo ou d’autres personnes
s’illustrant dans d’autres domaines. Il faut que nos enfants osent
affirmer : « Je voudrais être un jour monsieur Météo ! ». Depuis 25 ans
c’est toujours le même, actuellement M. R. Mazurie ! Nous devons viser
l’excellence mais pour la Guadeloupe !

Nos enfants, au cours de leur développement, ne voient personne
qui leur ressemble lorsqu’ils regardent la télévision. Dans les
activités professionnelles, celui qui symbolise la réussite ne nous
ressemble pas. Par contre, celui qui est dans la rue nous ressemble. On
finira par intégrer, si nous sommes croyants, que c’est une malédiction
!


Rappelons nous de la phrase, lorsque Cham fut banni : « Tu seras
l’esclave de tes frères ». N’est-ce pas, Monsieur Lurel, vous parliez
de Dieu précédemment. Ainsi Cham était l’esclave de Japhet et de Sem.
Or Sem était de la lignée des Sémites, les Juifs et les Arabes. Et
Japhet de celle des Blancs. Depuis la nuit des temps, il était écrit
que les Nègres seraient les esclaves des Juifs, des Blancs et des
Arabes. Nous finirons par intégrer cette prétendue malédiction !
Ou bien nos enfants finiront par se dire : « A quoi bon aller à
l’école, continuer à faire des études d’agriculture, de toute façon
nous sommes au pied de la croix, restons dans la rue, prenons les armes
». Voilà le modèle de société vers lequel nous nous et que nous devons
condamner et combattre. Nous devons nous mettre ensemble pour en
changer le cours et pour ne pas nous diriger vers une impasse. Car
nous, dans cette assemblée, nous pouvons penser que nous avons réussi
notre parcours social : J’ai 42 ans et 3 enfants, je suis directeur
adjoint à l’ANPE. J’ai réussi quoi aujourd’hui : un parcours personnel.
Mais que laissons-nous à nos enfants ? Un pays meurtri.


Nous avons eu la démonstration aujourd’hui que nous devons prendre
notre destin en main car la politique publique de l’Etat français ne
répond pas à nos exigences. Monsieur Lurel, rassurez-vous, nous ne
sommes pas dans une démarche politicienne. Chaque fois que vous vous
exprimez, vous êtes en train de régler les comptes avec d’autres mais
cela ne peut s’adresser à nous. Notre démarche vise à régler les
exigences sociales prioritaires du peuple guadeloupéen en souffrance
aujourd’hui.


Ajoutons ceci, concernant les Hutus et les Tutsis et le respect de
la démocratie. Le gouvernement Pétain était légitime (s’adressant à
monsieur Angele), le Code Noir était légitime (Rectification de
monsieur Angele : « Pas légitime, légal »). Pardon il était légal. Donc
vous êtes pour la légalité. C’est pour cela que j’affirme que tout a
une limite et que c’est donc le fait qui fait le droit. Si nos ancêtres
n’avaient pas estimé que le Code Noir, bien que légal, n’était pas
légitime, nous en serions toujours en esclavage ! Je voulais simplement
apporter cette nuance : ce n’est pas parce qu’ un concept est légal
qu’il est pour autant correct.



Nous avons entendu les propositions de monsieur Lurel, celles de
monsieur Gilot et celles de madame Jeanny Marc. Nous souhaitons
travailler sur vos propositions et nous vous saurions gré de nous les
faire parvenir par écrit, de façon que nous puissions les étudier nous
aussi.



Publié par Lyannaj kont pwofitasyon le vendredi 6 février 2009


Source : Montraykreyol
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2009-02-17%2010:31:05&log=invites

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